Les femmes préfèrent les pros

Pas de grande surprise sur le segment des soins du corps (9 à 11 millions d'unités selon les sources et 132 millions d'euros) qui occupe toujours la troisième place du marché de la dermocosmétique derrière les soins du visage et les capillaires.

Les hydratants-émollients restent en tête des ventes avec 6,5 millions d'unités, suivis par les amincissants (2,8 millions) puis les antivergetures (823 000). Les gels pour jambes lourdes (471 000), les raffermissants (317 000), les exfoliants (227 000) et les produits pour le buste (212 000) complètent l'offre. Plus de la moitié du marché en volume (57 %) et près de la moitié en valeur (49 %) reviennent aux hydratants, qu'ils soient familiaux (en grand conditionnement de 300 à 500 ml pour les laits corporels) ou destinés aux peaux atopiques, sujettes à l'ichtyose ou à la xérose, et donc majoritairement prescrits par les généralistes et les dermatologues. Le marché des amincissants, qui tend de plus en plus à se désaisonnaliser, représente, lui, 27 % de parts de marché en volume et 30 % en valeur.

Les leaders consolident leur position

La croissance globale du marché du corps (+ 7,6 % en valeur à fin décembre 2004, selon IMS Health) s'explique en grande partie par le boom des amincissants (+ 34 %). Le vaste marché des hydratants-émollients accuse lui une légère baisse en volume (- 0,4 % à - 4,5 % selon les sources) en pharmacie, au profit peut-être de la parapharmacie. Bénédicte Roux, directrice marketing chez Ducray/A-Derma, attribue cette tendance à l'effet saisonnier : « Plus la saison hivernale est longue et froide et plus le marché des hydratants-émollients croît. Cela n'a pas été le cas sur l'année 2004, mais ce sera le cas en 2005 : les chiffres sont déjà meilleurs. »

Bien entendu, ce marché bénéficie aussi, dans une moindre mesure, du pic postsolaire (en septembre), plus marqué également lorsque l'été est beau. Bénédicte Roux rappelle par ailleurs que ce segment a été assez considérablement freiné à la suite de la décision de remboursement de Dexeryl (Pierre Fabre) pour les peaux sèches et atopiques en 1999. « L'effet a été marqué : avant 1999, le marché des émollients était positif. Depuis il stagne. »

Les principaux acteurs de ce marché restent toujours Ducray et La Roche-Posay qui se partagent la première place avec environ 15 % de parts de marché en volume chacun, suivis d'Avène (10 %), Nigy (6,2 %), Bioderma (5,9 %) et Neutrogena (5,5 %).

La « cosmétique plaisir » ne connaît pas les saisons

En valeur, le marché (- 0,4 %) s'est avéré plus favorable à Ducray (+ 4 %) grâce au lancement d'Ictyane Baume, concurrent du Baume Lipikar de La Roche-Posay. Ce dernier a accusé une baisse de 6,9 % en volume contre - 3,1 % pour Ducray. Fabrice Dubois, son directeur marketing, explique cette contre-performance à la fois par l'effet météo déjà évoqué, par la mise sur le marché de grands conditionnements et peut-être aussi par la concurrence en GMS des grands lancements de L'Oréal, dont la gamme Dermo-Expertise. « Cette concurrence touche cependant davantage des marques plus grand public et plus cosmétiques comme Nuxe, Caudalie ou Biotherm. »

Certaines marques, comme Ducray ou La Roche-Posay, augmentent de manière importante leurs parts de marché en hiver avec un fort positionnement hydratation-nutrition, d'autres comme Nigy, avec Topicrem, connaissent un pic postestival, lié non seulement à des textures plus légères mais aussi à une communication sur l'axe postsolaire. L'effet météo touche moins les marques moins médicales dont le positionnement « cosmétique plaisir » contribue à la désaisonnalisation : Nuxe ou Caudalie réalisent de belles performances en volume (+14 %), même si leurs parts de marché restent peu élevées (1,5 % pour Nuxe, 0,4 % pour Caudalie). Le marché des soins du corps pour femmes reste en réalité très dermatologique en officine malgré la percée non négligeable des marques challengers qui apportent à l'officine une nouvelle niche de croissance fondée sur une cosmétique plus originale.