La soupe aux sous - Le Moniteur des Pharmacies n° 2589 du 02/07/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2589 du 02/07/2005
 

COMPLÉMENTS ALIMENTAIRES

Cahier spécial

Marchés 2004

Le complément alimentaire poursuit son ascension. Outre la minceur, des segments plus médicalisés comme l'ophtalmologie et la rhumatologie se forgent désormais une place de choix.

Le chiffre d'affaires des compléments alimentaires a été multiplié en pharmacie par 2,5 en 2004. Pas étonnant si vous êtes 42 % à vouloir investir sur le marché et 37 % à avoir augmenté vos stocks.

En quatre ans, le CA des compléments alimentaires a été multiplié par 2,5 en pharmacie (441 MEuro(s)), soit 58 % du marché global. Autant dire que les laboratoires se pressent sur ce marché (près de 300 !): 400 nouveaux produits sont sortis en 2004, selon IMS, les meilleurs résultats revenant à Minceur 24, OM3 et Ymea Jour/Nuit. Six laboratoires réalisent à eux seuls la moitié du CA : Arkopharma est en tête avec 22 % de parts de marché, devant OEnobiol et Physcience (tous deux à 6 %), Chefaro-Ardeval et Merck Médication familiale (tous deux à 5 %) et Forté Pharma (4 %).

Segment vedette, la minceur pèse 28 % du CA, progressant de 22,1 %. « Les femmes sont prêtes à dépenser des sommes folles pour perdre du poids », explique Véronique Meunier, responsable marketing OEnobiol, qui vient de lancer OEnobiol Déstockant, premières capsules visant spécifiquement la peau d'orange. L'offre se montre si vaste qu'elle est aujourd'hui très segmentée : modérateurs d'appétit, ventre plat, draineurs... Les brûleurs se taillent cependant la part du lion et ont progressé de 50 % en 2004 (source fabricants). Leur ambassadeur n'est autre qu'X-elle-S, numéro 2 des compléments minceur, devancé par 4.3.2.1 Minceur. Avec 1 200 000 boîtes vendues l'année dernière, ce cocktail de plantes doit son succès à sa forme galénique. Depuis, la concurrence s'est immiscée sur ce créneau. Citons Minceur 3D de Physcience, Detox (Chefaro-Ardeval) et Minceur Express d'OEnobiol.

La tendance est à la chronobiologie. L'objectif étant de se référer aux rythmes quotidiens de l'organisme pour optimiser la fonte des graisses. Le concept a profité à Minceur 24 qui propose une formule différente le matin et le soir. Forté Pharma, qui revendique plus de un million de boîtes vendues en 2004, a conjugué son produit phare au masculin (X-il-S ). Les fabricants jouent l'effet starter pour motiver les achats des femmes (Pack Starter de Physcience, Flash Minceur de Biotechnie, Starter Minceur d'Arkopharma...).

Deuxième poids lourd du marché, le segment des toniques totalise plus de 76 MEuro(s)de CA et progresse de 11,4 %. « L'offre se scinde en trois : les multivitamines (près de la moitié des ventes), les stimulants à base de ginseng, de café vert ou de maté, et les fortifiants contenant de la gelée royale ou des probiotiques, qui disposent d'un potentiel important en se positionnant dans le renforcement des défenses naturelles », commente Jacques Chevallet, directeur marketing Arkopharma. Les premiers rangs du classement sont toutefois occupés par des complexes de vitamines (Isoxan Forme et Gérimax), bénéficiant d'une aura médicale. « Nous prônons le juste équilibre pour aller bien. La gamme Isoxan est prescrite en cas de fatigue ou lors de la pratique sportive », explique Corinne Sandret, chef de groupe Ménarini. Même positionnement chez Urgo qui mise sur le pharmacien pour promouvoir sa gamme Urgovital (570 000 boîtes vendues la première année de son lancement). A noter l'arrivée des « bouteilles toniques » Vitalité 4G, 4.3.2.1 Energy et 3 Chênes Tonique, qui se positionnent comme « coup de fouet ».

Les oméga-3 vedettes de l'année 2004

Les compléments « spécial ménopause » ont sans aucun doute profité de la polémique autour du THS. Ainsi, ils réalisent un bond de 27,1 % en valeur et font partie du top-3 des segments porteurs. Selon l'observatoire Physcience (400 Françaises interrogées du 1er au 16 mars 2005), 16 % des femmes ménopausées prennent des compléments alimentaires contre 14 % de consommatrices de THS. Le récent rapport de l'AFSSA sur les phyto-oestrogènes va-t-il changer la donne ? Les conclusions de ce dernier ne permettent pas d'affirmer un effet démontré des isoflavones de soja sur les bouffées de chaleur. Physcience (Sojyam), Arkopharma (toujours leader avec Phyto Soya), Théramex (Evestrel) en semblent en tout cas peu soucieux. Forté Pharma a même débuté la visite médicale sur Soya Femme 24. Mais on voit déjà apparaître des produits sans phyto-oestrogènes comme Manhaé (Nutri Santé) (« l'alternative naturelle non hormonale pour préserver la féminité ») a base d'antioxydants et d'oméga-3. On connaissait déjà les vertus de ces derniers en cardiologie, puis David Servan-Schreiber les a encensés dans la lutte antistress. Résultat, la classe « stress et sédatifs » se distingue par un saut de 62,9 % en valeur. Elle se hisse à la 4e place des segments en volume, devant toute l'offre « beauté de la peau ». Si de nombreux produits les mettent en avant sur leur packaging, OM3 demeure leader. « Le marketing a parfois plus d'influence que les preuves scientifiques », fait remarquer Bertrand Duvernoy, responsable marketing chez Merck Médication familiale. Même si les oméga-3 à visée cardiovasculaire tels Molval ou Cardiom3 totalisent 100 000 unités par an, la prévention des troubles lipidiques et cardiaques constitue une niche d'avenir pour les pharmaciens. « La vente de produits type Bakol (contenant des phytostérols) demande des conseils associés. Mais ils sont plus faciles à doser que les alicaments, et plus adaptés aux habitudes des Français », assure Colette Robert.

Les antioxydants orientés à la hausse

Fait marquant, l'ophtalmologie voit son CA (18,7 MEuro(s)) grimper de 68,2 % en 2004, grâce notamment à la reconnaissance scientifique des bénéfices des antioxydants, et en particulier de la lutéine. Voir les succès de Preservision (Bausch #amp; Lomb) et d'Ocuvite Lutéine (Chauvin). « Nous sommes dans le domaine du complément alimentaire médicalisé réservé à la pharmacie », estime Yves Brouquet, directeur marketing chez Chauvin. Autres produits plébiscités par les plus de 50 ans, les reminéralisants et protecteurs articulaires ont progressé de 41,8 % en valeur (970 000 unités en 2004). Un essor directement lié au lancement de Phytalgic, aujourd'hui numéro un de ce segment avec 27 % de parts de marché en volume.

La faible progression de la cosmétique orale intrigue : + 6,8 % en valeur et + 3, 4 % en volume. « Après la formidable ascension de ce segment, nous arrivons à un palier où l'offre peine à recruter les nouvelles consommatrices de compléments alimentaires, aujourd'hui attirées par la minceur », analyse Mehdi Khoubbane, chef de groupe Innéov. Pourtant les promesses des produits sont de plus en plus attractives : après Innéov Fermeté et OEnobiol Lifting en 2003, Chefaro-Ardeval compte sur son produit Lift'in.

Et si les femmes étaient en attente d'un concept novateur ? C'est la pari de la gamme Atmaé qui s'appuie sur la sylvothérapie (le bien-être par les plantes) pour la formulation de ses cinq produits. « Reste que les consommatrices potentielles sont perdues devant le rayon et l'offre pléthorique des produits », fait remarquer Sabine Granier, P-DG des laboratoires Ferrosan fabricants de la gamme Imedeen Prime Renewal pour la peau des femmes ménopausées . Beaucoup de participants mais peu de gagnants, telle pourrait être la devise du marché de la beauté et de la prévention du vieillissement par voie orale. Innéov, Jaldes, OEnobiol et Arkopharma se partagent 60 % des ventes, alors que Selenium ACE résiste aux modes et demeure la première référence du segment.

Même leadership absolu sur les gélules capillaires et solaires. OEnobiol confirme en s'octroyant la place vedette sur chaque segment (près de 25 % de parts de marché sur les capillaires et 30 % sur les solaires en 2004). « La prévention du capital cheveux devient un réflexe qui commence à se désaisonnaliser », commente-t-on chez OEnobiol. Mais le marché du cheveu stagne (+ 0, 7 % en volume), en dépit de fortes allégations antichutes et du lancement d'Innéov Masse Capillaire. Côté « prêts à bronzer » en gélules, les solaires affichent des résultats négatifs : - 6 % en valeur et - 9 % en volume. « Le taux de pénétration sur ce type de produit comme sur tous les compléments alimentaires est encore faible (estimé à 14 % de la population) », rassure Véronique Meunier, qui invite les pharmaciens à jouer la carte du conseil associé avec les cosmétiques. A bon entendeur...

+ 21,2 %

En 2004, le marché des compléments alimentaires pesait 441 millions d'euros en pharmacie (+ 21,2 % par rapport à 2003), correspondant à 30,6 millions d'unités vendues (+ 12,8 %).

(Source IMS Health.)

LES MEILLEURES VENTES

Minceur

1 4.3.2.1 Minceur

2 X-elle-S

3 Minceur 24

Ménopause

1 Phyto Soya (180)

2 Sojyam (135)

3 Evestrel Jour/Nuit

Peau

1 Selenium ACE (90)

2 Eltéans

3 Innéov Fermeté

Toniques

1 Isoxan Forme

2 Gérimax Comprimés Adultes (30)

3 Phytofluide Gelée royale

Solaires

1 Phytobronz IHA (2 x 60)

2 OEnobiol Solaire Intensif Hydratant (60)

3 OEnobiol Solaire Intensif Hydratant (2 x 60)

Stress et sédatifs

1 OM3 (60)

2 Bioptimum Stress

3 Léro DNV

Cheveux et phanères

1 Forcapil (180)

2 Phytophanère Cheveux et Ongles

3 Vitalfan Antichute

TOP/FLOP

Le top : Les pharmaciens plébiscitent deux produits :

- Minceur 24 pour sa campagne grand public réussie et sa PLV attractive.

- Urgovital (et en particulier la référence Magnésium) pour sa gamme facile à conseiller (1 comprimé par jour est suffisant pour les apports journaliers recommandés) et la formation des équipes officinales.

LE POIDS DE LA CONCURRENCE

Le chiffre d'affaires des parapharmacies atteint 63,7 millions d'euros, soit 30,6 % de plus qu'en 2003. Cette belle évolution ne semble pas nuire au réseau officinal car le ratio parapharmacie/pharmacie demeure relativement stable (13 % versus 87 %). La progression des espaces santé/beauté s'explique, selon Véronique Meunier (OEnobiol), par la mise en avant des produits, leur référencement sélectif et la délivrance de conseils associés.

Avec 93 millions d'euros, les résultats de la GMS n'augmentent que de 2 % (source IRI/Secodip). Cette faible croissance est liée à la baisse des ventes de vitamines et de minéraux (- 11 %). Par ailleurs, la pharmacie reste le moteur des innovations.

Les magasins spécialisés (bio, diététiques) représentent 119 millions d'euros (+ 6 %) selon les estimations des fabricants. Ils disposent d'une clientèle fidèle, déjà sensibilisée aux risques induits par les déséquilibres alimentaires, et donc captive aux messages des compléments alimentaires.

La VPC et le commerce électronique séduisent de plus en plus. Ce réseau de vente à distance totaliserait 42 millions d'euros de chiffre d'affaires, en évolution de 8 %. Aux risques et périls des consommateurs, trop influencés par la publicité et les prix bas.

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