Docteur Too Little - Le Moniteur des Pharmacies n° 2589 du 02/07/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2589 du 02/07/2005
 

MÉDICAMENT REMBOURSABLE

Cahier spécial

Marchés 2004

Malgré l'affaire du Vioxx, l'industrie a tout de même réussi à limiter la casse : 7,1 % de croissance au niveau mondial en 2004. Le marché français de ville a crû plus modestement, de 4,5 %. En 2004, plus de neuf médicaments prescrits sur dix (91,8 %) étaient remboursables.

Le nombre de lignes de prescriptions est extrêmement stable depuis deux ans. Entre 2003 et 2004, il a baissé de 1,3 % (1 737,2 millions contre 1 714,3).

Le nombre de lignes de prescription était de 1,714 milliard l'année dernière. Un chiffre extrêmement stable depuis deux ans. En CA, ce sont les classes des hypolipidémiants (1,8 MdEuro(s) à eux seuls), des inhibiteurs de la rénine-angiotensine (1,64 MdEuro(s)) et des antiulcéreux (1,59 MdEuro(s)) qui tiennent le haut de pavé - ce qui n'a rien d'étonnant étant donné le prix souvent élevé et la fréquence de prescription de ces classes médicamenteuses. Les deux premières progressent respectivement de 10,6 % et de 9,2 %, la troisième de 3,5 %.

Ajoutez la classe des antibiotiques (1,22 MdEuro(s), - 4,8 %) et des analgésiques (1,38 MdEuro(s), + 2,7 %), vous aurez un peu moins d'un tiers (30,1 %) du marché français en valeur. En nombres de boîtes vendues, les analgésiques distancent toujours les autres classes de plusieurs longueurs : 436 millions de boîtes en 2004 (+ 10 %). Viennent ensuite les psycholeptiques (170 millions de boîtes, + 2 %), les antibiotiques (127,8 millions de boîtes, - 12 %), les antivariqueux/antihémorroïdaires (96,8 millions de boîtes, - 5 %) et les antiulcéreux/antiflatulents (80,5 millions de boîtes, + 6 %).

Selon IMS Health, 25 nouveaux principes actifs innovants (dont sept en cancérologie !) ont été mis sur le marché en 2004, contre 22 en 2003 ; 14 d'entre eux ont été distribués en ville (correspondant à 16 spécialités) et 11 à l'hôpital. Quatre nouvelles classes thérapeutiques ont vu le jour, dont les antagonistes des récepteurs de la neurokine-1, un analogue antagoniste de l'hormone de croissance et les inhibiteurs de protéasome.

L'enquête annuelle de la DREES portant sur les dépenses de médicaments remboursables, réalisée à partir des données GERS, confirme que les ventes 2004 sont restées concentrées autour d'un nombre restreint de produits et de classes thérapeutiques : 24 classes sur 344 ont réalisé près de la moitié du CA global. Mieux, « les dix classes ayant la plus forte contribution à la croissance en 2004 sont à l'origine de l'augmentation de 4,2 points du total des ventes de médicaments ». On y trouve notamment les statines, les médicaments des pathologies gastro-oesophagiennes, de l'asthme, des maladies sanguines et infectieuses, ainsi que de certaines maladies osseuses.

Merci la réserve hospitalière

L'analyse est identique pour les produits : les 50 premiers « couvrent 26 % du marché pharmaceutique et sont à l'origine de 8,2 points de croissance ». Parmi eux, les « classiques » traitements de l'appareil cardiovasculaire, de l'appareil digestif, de l'appareil respiratoire et du système nerveux central, mais aussi les médicaments à statut particulier destinés à des pathologies graves, sortis récemment de la réserve hospitalière et passés en ville avec des prix élevés. En fait, les médicaments mis sur le marché depuis moins d'un an sont à l'origine de près d'un tiers de la croissance des ventes, et ceux mis sur le marché depuis moins de deux ans de 83 %, alors qu'en 2003 ils n'y contribuaient qu'à hdiv de 59 %.

Le marché pharmaceutique français reste en majorité constitué de médicaments remboursés à 65 % qui ont représenté en 2004 près d'une présentation sur deux. La contribution de ces médicaments tend toutefois à se réduire : en 2002, ils généraient 96 % de la croissance totale du marché et 84 % en 2003. Cette diminution est en partie due à la baisse des taux de remboursement intervenue entre 2001 et 2003 pour les médicaments dont le SMR a été jugé insuffisant.

Sur le plan mondial, la croissance s'est érodée. Habituée à être à deux chiffres, elle n'aura donc été l'an dernier que de 7 %, hissant le CA du marché à près de 550 Md$. Aucun des grands marchés mondiaux n'est épargné : les Etats-Unis (46 % du marché mondial) ont enregistré leur plus faible croissance depuis dix ans, alors que les cinq premiers marchés européens (représentant 70 % des ventes) ont connu une progression ralentie à 5,5 %.

Quand le marché chinois explosera...

L'Allemagne (1er marché européen avec 29,4 MdEuro(s)) a été le principale frein à la croissance, la hausse de 1,6 % étant la conséquence directe de la réforme lourde et structurelle instaurée par le gouvernement de ce pays (avec les « TFR de classe »). Le principal levier de la croissance étant les volumes, la France devrait lui ravir la troisième place mondiale.

Il n'y a que dans les pays émergents que l'on trouve encore des croissances à deux chiffres. Les plus belles sont en Chine (+ 28,4 % en 2004), appelée à se hisser au 8e rang pharmaceutique mondial en 2009. Le Japon reste également attractif pour les multinationales étrangères qui étendent leur présence (34 % de parts de marché), profitant du fait que les firmes japonaises ne sont plus dominatrices sur leur marché domestique.

La croissance est de moins en moins portée par les « big pharma ». La contribution relative des laboratoires du top-20 à la croissance n'est plus que de 41 % en 2004 contre 56 % en 2000. Clé de voûte de la politique de maîtrise des dépenses de santé, les génériques (+ 11 %) mais aussi les médicaments issus des biotechnologies (+ 17 %) enregistrent aujourd'hui des croissances qui font pâlir d'envie nombre de grands laboratoires pharmaceutiques.

De moins en moins d'innovations, de plus en plus de génériques, des réformes de plus en plus lourdes et restrictives, avec en prime une perte de confiance des investisseurs et des consommateurs dans l'efficacité et la sécurité des médicaments, arrivée d'ici 2008 des biogénériques... L'avenir appartiendra aux laboratoires capables de mettre au point des blockbusters de niche et sera marqué par la fin des « me-too » avec de larges indications. Et l'oncologie devrait devenir la première classe thérapeutique du marché pharmaceutique en valeur en 2008.

+ 4,5 %

Le marché français du médicament remboursable a représenté en ville un CA de 26,2 milliards d'euros en 2004 (+ 4,5 % par rapport à 2003), correspondant à 2,88 milliards d'unités vendues (- 1,5 %). (Source IMS Health.)

Les biomédicaments français sont encore trop peu nombreux

Les biomédicaments, médicaments issus du vivant et produits par génie génétique, représentent une part croissante dans l'innovation thérapeutique. Selon une récente étude du Leem, 90 biomédicaments étaient à la disposition des patients français en 2004, allant de l'insuline recombinante dans les traitements du diabète aux anticorps monoclonaux ou aux récepteurs solubles dans les traitements de maladies articulaires graves, en passant par l'érythropoïétine, qui permet de traiter les anémies dans l'insuffisance rénale ou les cancers. 75 % de ces médicaments ont été mis sur le marché dans les dix dernières années, et, depuis le lancement en 1984 du premier biomédicament en France (une insuline recombinante), l'arrivée des nouveaux produits se poursuit à un rythme soutenu.

La France 4e producteur de biomédicaments

Les biomédicaments ont ainsi représenté une part croissante de l'innovation thérapeutique, représentant sur les quatre dernières années entre 30 et 40 % des nouvelles molécules. Près de 60 % de ces produits sont d'origine américaine (découverte et détention du brevet d'origine). Le Danemark et la Suisse suivent avec 10 % chacun. La France arrive au 4e rang.

Si l'on exclut insulines et vaccins, 84 % de ces traitements sont délivrés sur prescription hospitalière initiale ou systématique. Sur les dix biomédicaments qui réalisent les CA les plus importants en France, huit ont obtenu la reconnaissance d'une amélioration du service médical rendu majeure. Logique, 30 % des biomédicaments traitent des populations de malades très étroites, ou atteints de déficiences génétiques héréditaires. L'année 2005 devrait permettre de mettre à disposition des malades français 11 nouveaux médicaments produits par génie génétique, dont 4 sont issus d'entreprises françaises.

La France, premier producteur européen de médicaments, peut encore développer ses efforts en recherche et en production biotechnologique, notamment au travers de son pôle vaccins. La décision notamment de créer le premier site ouvert de production à façon de lots cliniques de biomédicaments va dans ce sens.

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