Incontinence : attention au vocabulaire ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 2587 du 18/06/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2587 du 18/06/2005
 

Actualité

Enquête

Les pertes urinaires concernent 5 millions de Français, dont 75 % de femmes. La réponse de l'équipe officinale n'est pas toujours à la hdiv des attentes des patients.

Dévalorisation de l'image de soi, renvoi à la vieillesse..., l'incontinence urinaire est encore difficile à assumer. « Certaines femmes ne se confient même pas à leur conjoint. Les hommes sont encore plus renfermés. Paradoxalement, plus le problème est moindre, plus les difficultés à s'exprimer s'avèrent importantes », informe Alain Abbouche, responsable du marché de l'incontinence chez Hartmann. Finalement, nombre de femmes se débarrassent du problème en le considérant comme une fatalité.

La pharmacie, réflexe naturel.

Le tabou touche aussi les protections que l'on associe encore à des « couches » manquant de discrétion et altérant la féminité et le rapport à la sexualité. « Résultat, les femmes utilisent en premier recours des serviettes hygiéniques, peu efficaces sur les odeurs », regrette Alain Abbouche.

Selon une enquête Hartmann/TNS Sofres, 28 % des femmes entre 25 et 45 ans ont ou ont eu des pertes urinaires. La maternité est une période de la vie particulièrement propice au relâchement des muscles périnéaux. Ce sont 20 % des jeunes mamans qui sont concernées par l'incontinence. « L'effort de sensibilisation doit surtout s'adresser aux primipares, moins bien informées », assure Sylvie Dervaux, responsable de la marque Tena.

« En matière d'incontinence, la réponse des généralistes est frustrante et les patients s'orientent naturellement vers les pharmacies où ils estiment être le mieux conseillés pour le choix des protections », rapporte Alain Abbouche. « Les femmes au-delà de 70 ans n'ont pas connu la pilule et n'ont pas pris l'habitude d'un suivi gynécologique. Qui d'autre mieux que le pharmacien pourrait les sensibiliser ? », affirme Sylvie Dervaux. Les chiffres du marché confirment l'aura pharmaceutique auprès des seniors (les ventes de changes complets sont majoritaires à l'officine). En revanche, les serviettes pour les fuites légères sont aujourd'hui la chasse gardée de la GMS...

Au-delà de l'exposition des produits et de brochures, Alain Abbouche propose de placer des échantillons de serviettes en libre-service et même d'aller plus loin dans la démarche : « Au comptoir, il est possible de repérer les personnes susceptibles de souffrir d'incontinence (ordonnances, grossesse, ménopause...) et de leur remettre des supports d'information de manière diplomatique, en même temps que d'autres magazines. On donne ainsi l'information sans brusquer. »

Lorsque le patient ose enfin demander conseil, la confidentialité est de mise : espace réservé, sacs opaques... Quant au dialogue, il faut faire attention à la terminologie employée. Le mot « couche » doit être banni du vocabulaire. Il est préférable de lui préférer des termes comme « protections », « serviettes spécifiques » ou « sous-vêtements absorbants ». Il vaut mieux parler de « faiblesse urinaire » plutôt que de « perte urinaire ». Pour détecter le type d'incontinence, demander : « A quelle occasion les incidents surviennent-ils ? » Pour évaluer le volume du flux : « A quelle fréquence changez-vous de protection périodique ? » En ce qui concerne les fuites plus sévères, il est conseillé de rester technique en présentant les capacités d'absorption les plus importantes (6 à 7 litres) pour faire réagir le patient qui n'a pas atteint ce stade.

Contacts

- Dysfonction érectile

- L'ADIRS (0 825 00 00 10, contact@adirs.org) envoie des fiches d'information sur demande.

- AIHUS (Association interhospitalo-universitaire de sexologie) : annuaires des spécialistes en sexologie (http://www.aihus.org).

- Incontinence

- AAPI (tél. : 01 46 09 18 99, http://www.aapi.asso.fr). Brochures auprès de certaines mutuelles(MSA, Mutuelle du Trésor...).

- Tena (http://www.institut.tena.fr) propose des brochures thématiques sur simple demande.

- Laboratoire Hartmann : fiches avec coupon à découper que les patients utilisent pour demander un renseignement en toute discrétion.

- Contraception d'urgence

Cespharm (fax : 01 56 21 35 09) : brochures, cartes, contacts utiles.

- Préservatifs et MST

CRIPS (http://www.lecrips.net), centres régionaux d'information et de prévention du sida : brochures pour les adolescents.

Respecter la gêne des patients : Edith Cordier, secrétaire générale de l'Association d'aide aux personnes incontinentes (AAPI)

Les pharmaciens ne remplissent pas toujours bien leur rôle de conseil. Combien de fois ne sont-ils pas capables d'indiquer la bonne taille des protections ? Trop petites, les patients sont déçus et, trop volumineuses, elles ne sont vraiment pas discrètes. J'ai beaucoup de réclamations de la part des jeunes qui reprochent le manque de discrétion. Ils se retrouvent dans des situations extrêmement blessantes où la personne derrière le comptoir demande haut et fort si les fuites sont importantes. Je me souviens d'un jeune homme qui pleurait au téléphone tellement il a eu honte. Il faut absolument respecter la gêne des patients.

Echantilloner : Francis Mathé, titulaire à Cénac (Gironde)

J'estime que nous devons connaître parfaitement les produits pour incontinence. Si nous nous trompons, les patients les considèrent comme inefficaces. D'autant plus que certains ont moyennement confiance en nous ! La technicité a évolué plus vite que les mentalités. Comme quoi les messages sont difficiles à faire passer dans ce domaine. Nous ne faisons d'ailleurs jamais de vente lors du premier contact. Qu'il s'agisse d'une tierce personne ou pas, il faut prendre le temps de dialoguer. Après avoir évalué les besoins, nous échantillons au maximum et établissons des petites fiches. Quand les gens reviennent, le conseil est plus adapté. Mais nous n'assurons pas assez le suivi des patients à mon sens. Nous ne pensons pas à demander l'évolution de leur handicap ou de leur mobilité et nous ne nous préoccupons pas des saisons. Certaines références sont irritantes avec la chaleur.

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