Un département qui retrouve le sourire - Le Moniteur des Pharmacies n° 2583 du 21/05/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2583 du 21/05/2005
 

L'EMPLOI DANS LA MANCHE

Carrières

Dans un département à la ruralité affirmée, la pénurie d'assistants et de préparateurs semble être révolue. A plusieurs exceptions près.

La Manche, région de bocage sans polarisation excessive autour d'une grande ville, au maillage agricole l'un des plus denses de France, développe une façade maritime de 330 km. Le département ne compte qu'un pôle industriel important, Cherbourg, et une multitude de villes moyennes dont la plus importante est Saint-Lô, la préfecture. Ce maillage se retrouve à l'identique au niveau officinal avec par exemple 36 pharmacies réparties au sein de la communauté urbaine de Cherbourg. Le département compte 170 officines et 996 salariés (source Assedic, effectifs au 31 décembre 2003). Si le nombre d'établissements n'a guère varié sur les dix dernières années (166 en 1982), en revanche les effectifs ont constamment progressé, passant de 820 à fin 1992 à 996 à fin 2003 (+ 176 unités).

« C'est moins mal ! »

Les pharmaciens manchois sont un peu amers : « Il est difficile de faire venir des gens compétents et motivés dans la Manche », explique Patrick Désert, officinal rurbain installé à Saint-Samson-de-Bonfossé, à 7 kilomètres de Saint-Lô. Manque d'attractivité, éloignement des grands centres, sous-industrialisation, absence de sites industriels majeurs sont autant de raisons pour expliquer un sentiment latent de pénurie en officine. « Et si, de plus, ils se déplacent en couple, nous n'avons pas de second emploi à leur offrir... , se désole encore Patrick Désert. Le tableau est sombre, certes, mais on arrive à garder notre personnel. Certaines officines sont attractives. Des disparités existent. On arrive à recruter autour des grandes villes, Cherbourg, Saint-Lô, Coutances, Avranches, Granville. Sur le bord de mer, au sud du département, ça va même très bien. » Avec toutefois un bémol : « En station balnéaire, on ne rencontre pas de difficulté à trouver un adjoint, mais ce sont fréquemment des adeptes du turnover qui font une expérience en cité balnéaire et s'en vont au bout de deux ans ».

L'ouverture de l'A84, l'Autoroute des estuaires, qui devrait désenclaver le sud du département (Avranches, Granville...), est pour beaucoup annonciateur de renouveau. « Mais dès que l'on entre dans les terres, ça devient beaucoup plus difficile », ajoute Patrick Désert. Heureusement que tous les officinaux n'ont pas à faire comme leur consoeur de Coutances qui vient de rendre visite à son futur remplaçant, un... Roubaisien !

Bernard Seillier, président du syndicat des pharmaciens, fait un constat identique et s'interroge sur les conséquences de la désertification en cours de certaines zones rurales. La mer serait-elle un élément favorable à la venue de jeunes adjoints ou remplaçants ? Lui en est revenu : « Je le croyais, mais je pense aujourd'hui que c'est presque un handicap car il faut y travailler les samedis et les mois de juillet et d'août ! » Reste que la situation est beaucoup plus saine aujourd'hui, hors problèmes ponctuels. « Il y a un mieux, c'est moins mal ! C'est vrai qu'on a eu des périodes plus tendues. »

Des distances trop longues.

La principale difficulté en termes d'employabilité de ce département tient à son éloignement de Caen, capitale régionale et en l'occurrence surtout ville universitaire.

Longtemps mis en cause pour expliquer la pénurie de personnel, le numerus clausus est passé de 65 au concours de mai 2002 à 85 à celui de mai 2005. Patrick Dallemagne, doyen de la faculté des sciences, rappelle qu'en 2000-2001 le manque de pharmaciens était estimé à 52 au niveau de la Basse-Normandie. Lui aussi met en avant les distances pour expliquer ce manque d'attrait : « A la faculté, nous avons en permanence des offres qui parviennent de ces zones reculées. »

Sur le terrain, la perception de la pénurie est très variée. « Globalement, il faut compter de trois à six mois pour trouver quelqu'un de compétent. En période de pic, il ne faut pas rêver, mieux vaut songer à décaler ses vacances ou avoir déjà du personnel sur place », résume Patrick Désert.

Joël Renouf, installé à Granville, n'a plus de souci : « Depuis un moment, j'ai un effectif stable, mais j'ai cru comprendre que ce n'était pas le cas de tous les pharmaciens à Granville et même sur le bord de mer. » Et Franck Blandamour, pharmacien à Mortain, non plus : « C'est peut-être un coup de chance ! Les gens sont relativement fidèles. Ici, on n'est pas en ville. Mais je n'aurais peut-être pas dit cela il y a deux ans, j'ai l'impression que cela va mieux. »

Le marché des préparateurs souffre des mêmes maux : « Jusqu'au printemps 2004 nous étions en pénurie, observe Bernard Seillier. Aujourd'hui le marché est à peu près équilibré. » 130 jeunes (50 en première année, 80 en seconde) fréquentent le cours de préparateurs en pharmacie dirigé par Marie-Pierre Bureau, officinale à Clécy. Le CIFAC, organisme de formation émanant de la chambre des métiers du Calvados, en accueille 125 en apprentissage dont 32 originaires de la Manche. Constat de Mme Bureau : « Les préparateurs veulent travailler sur Caen et en bord de mer. Sur l'agglomération de Cherbourg, les demandes sont insuffisantes pour répondre aux besoins nécessités par les horaires élargis d'ouverture. Mais le potentiel d'emploi n'est pas non plus inépuisable. Sur les 80 qui vont sortir cette année du cours, il y en a peut-être 20 qui n'ont pas de poste. Généralement, les formateurs souhaitent garder leurs élèves. Ceux qui manquent de préparateurs sont ceux qui ne les forment pas ! »

Si le marché de l'emploi en officine s'est globalement amélioré ces derniers temps dans la Manche, nombreux sont ceux qui restent circonspects pour l'avenir : vieillissement de la population, désertification accrue des campagnes, départs à la retraite des baby-boomers, difficultés d'installation..., les sujets de préoccupation ne manquent pas, comme à tous les professionnels de santé du département, confrontés peu ou prou aux mêmes problématiques.

L'impact de la rémunération

- Bernard Sellier, président du syndicat des pharmaciens, estime qu'en général les adjoints obtiennent un coefficient moyen autour de 500 : « Il y a du 400, mais plutôt dans les villes. Pour les coefficients 500, c'est plutôt à la campagne. Pour autant, certains officinaux n'hésiteraient pas à franchir la barre des 500 pour satisfaire leurs besoins. »

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