DÉVELOPPEMENT DURABLE : Elément terre ! - Le Moniteur des Pharmacies n° 2583 du 21/05/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2583 du 21/05/2005
 

MARKETING

Entreprise

En mars, le gouvernement dotait la France d'un Conseil national du développement durable. Cette préoccupation pour l'« éthique », reprise par de nombreuses grandes entreprises, peut être riche de retombées économiques, même à l'officine. Explications.

L'expérience des grandes entreprises qui s'y sont engagées montre clairement l'intérêt du développement durable. « Trois raisons les y poussent, explique Alan Fustec, président de Goodwill, société de conseil aux entreprises. D'abord, l'opinion publique. Elle peut parfois condamner violemment une société jugée éthiquement incorrecte : rappelez-vous de Nike lorsqu'il fut connu que l'entreprise faisait travailler des salariés des pays du Sud-Est dans des conditions déplorables... La deuxième raison tient au succès économique des fonds éthiques. Ils ne représentent pas une part importante des marchés boursiers mais leur bonne santé pousse l'ensemble des investisseurs à s'inspirer de leur grille de lecture. Enfin, la loi française NRE (nouvelles réglementations économiques) obligera bientôt les entreprises cotées en Bourse à faire apparaître les caractéristiques de leur politique sociale et environnementale. »

La règle des 3 P.

Le développement durable gagne donc des points côté grandes entreprises, non sans un certain intérêt financier. Pour exemple, le cas de Nature #amp; Découvertes qui a choisi ce concept comme créneau et présente aujourd'hui un bilan à faire pâlir d'envie ses concurrents.

L'officine ne devrait pas être en reste. « Elle peut tirer avantageusement profit du concept de développement durable en appliquant la règle des "trois P" qui le régit : "planète, people, profit", souligne Lydia Boucher, consultante. "Planète", car le souci principal du développement durable est de protéger l'environnement. "People", c'est bien sûr d'abord la survie de l'espèce humaine qui est en jeu et son bien-être. Pour l'entreprise, ce souci se traduit par un engagement vis-à-vis de ses salariés mais aussi des clients et fournisseurs, pour développer des relations de qualité qui respectent les droits de chacun et assurent un échange gagnant-gagnant. »

A l'officine, la carte du développement durable est plus facile à mettre en oeuvre qu'il n'y paraît au premier abord, comme le montre l'expérience de Gilles Besson, titulaire à Louvigné-du-Désert (Ille-et-Vilaine) : « Le jour où nous avons décidé de demander systématiquement à nos clients, pour une demande de vitamine C, s'ils voulaient un produit de synthèse ou un produit naturel, nous avons multiplié par dix les ventes. Aujourd'hui, nos clients aspirent à utiliser autant que faire ce peut des produits naturels. Avec seulement 30 m2 d'espace clientèle, un quart est dédié à ces produits. 80 % des marques référencées dans ce rayon possèdent le label "Ecocert AB". Enfin, nous proposons régulièrement une vitrine sur les plantes et la phytothérapie pour laquelle nous communiquons aussi sur la provenance bio de nos produits. » Une politique qui plaît manifestement à la clientèle de cette petite officine, qui a su aussi rester dans les clous côté prix, même si les produits proposés sont plus chers. « Bien sûr, le prix de l'acérola est un peu plus cher que celui de sa concurrente de synthèse, mais en misant sur deux ou trois laboratoires lors de nos référencements pour l'ensemble des gammes nous obtenons des remises intéressantes qui nous permettent de rester raisonnables sur nos prix. »

Le développement durable peut donc être utilisé comme un argument pour se démarquer vis-à-vis de la concurrence, notamment pour les petites structures qui ont du mal à entrer sur le terrain de la guerre des prix. L'engagement qualitatif justifie des prix plus élevés et attire une clientèle fidèle.

Le bio, une valeur sûre. Les produits bio répondent par définition aux règles du développement durable. De plus, les sociétés qui les fabriquent mènent très souvent une réflexion globale sur ce thème. C'est le cas par exemple de Sanoflore, laboratoire qui fabrique et commercialise des huiles essentielles et cosmétiques bio pour les officines ou d'autres laboratoires, et qui mène parallèlement une politique de partenariat éthique avec les agriculteurs qui le fournissent en France et à l'étranger.

Sanoflore n'est pas le seul laboratoire à proposer des produits bio. L'offre s'élargit et l'officine peut désormais s'approvisionner en phytothérapie, aromathérapie, produits pour bébé et dermocosmétiques, en produits possédant le fameux label "Ecocert".

Si vous décidez de vous impliquer dans cette démarche, faites-le savoir. Proposez un rayon clairement identifié dans lequel seront placés les produits au label "Ecocert AB". A l'occasion, relayez les actions humanitaires avec pour thème central la protection de la santé, ou les campagnes d'information et de prévention concernant l'usage des médicaments. Participez aux actions locales de protection de l'environnement. Votre engagement peut se poursuivre jusqu'à la caisse en troquant, par exemple, les sacs plastique contre des sacs recyclables ou non polluants ou en proposant à vos clients d'emporter leurs petits achats tels quels (boîte de paracétamol ou d'aspirine par exemple). Sachez aussi communiquer sur votre implication dans le développement durable, la vitrine restant, en la matière, un vecteur de communication de premier choix.

Témoignage

- Frédéric Allègre, titulaire à Louhans (Saône-et-Loire) :

« Le développement durable fait partie intégrante de notre métier de professionnel de santé. Avec l'impact que nous avons sur le grand public, il nous revient de faire passer le message. Il y a quelques années, j'ai mis en place une campagne avec Pharmaciens sans frontières. Mes clients pouvaient acheter des sacs en tissu 2 euros intégralement versés à l'association. Nous avions, au moyen de la vitrine et d'affiches au comptoir, expliqué l'impact des sacs plastique sur notre environnement. Le total de leur poids représente celui de 1 000 Airbus A-320 ! Quand on connaît l'impact sur les gaz à effet de serre ou sur les mammifères marins, cela fait réfléchir. Notre message était clair : "Nous voulons une prise de conscience. Ce n'est pas une fatalité, ensemble nous pouvons réduire cet impact." » Les clients ont totalement adhéré à cette action. Aujourd'hui, le sac en tissu est passé dans les moeurs. Je réfléchis à une nouvelle action dans le domaine de la diététique. Il y aurait aussi un message fort à faire passer en matière de nutrition. »

A noter

- N'oubliez pas l'équipe

Le développement durable passe aussi par un management adapté. Un salarié, reconnu, bien dans sa peau et dans son poste a toutes les chances de contribuer à donner une image positive de l'officine à ses clients et de favoriser leur fidélisation. N'oubliez pas d'obtenir l'adhésion de l'équipe et d'unifier son discours vis-à-vis des clients.

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