Des pistes pour dépister - Le Moniteur des Pharmacies n° 2582 du 14/05/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2582 du 14/05/2005
 

Actualité

Enquête

En toute connaissance de cause, vous avez décidé de vous joindre à une action de dépistage ou de monter vous-même une opération au sein de votre officine. Mode d'emploi pour mettre toutes les chances de votre côté.

Pour Christophe Beaurain, titulaire à Bully-les-Mines (Pas-de-Calais), l'idée d'organiser des dépistages dans son officine lui est venue des patients eux-mêmes. « C'est en discutant avec des membres de l'Association française des diabétiques, qui me faisaient remarquer que des dépistages avaient lieu régulièrement dans des lieux comme les mairies, que j'ai décidé de mettre en route une opération à l'officine. » La mécanique se met en place et, avec l'aide de l'AFD, d'une infirmière et de toute l'équipe, le succès est au rendez-vous. « L'équipe était là pour inviter les clients à réaliser un dosage. Pour ceux qui se montraient intéressés, elle faisait une démonstration du test et proposait au patient de le faire lui-même. » Christophe Beaurain a par la suite partagé l'expérience avec son groupement, Giropharm, dont il relaie désormais les opérations au sein de son officine. A l'image de ce titulaire, beaucoup d'officinaux optent pour un thème unique de dépistage, le diabète arrivant en tête du classement, loin devant l'asthme qui semble avoir du mal à s'imposer comme le souligne Frédéric Buttavand, titulaire Giphar à Mortagne-sur-Sèvre (Vendée).

Pourtant, avec la multiplication des autotests, une nouvelle démarche est en train de voir le jour. Ainsi, le groupement Pharma Référence et son enseigne Viadys, viennent de doter les pôles de dépistage de leurs points de vente d'une offre encore plus complète que celle qui était proposée initialement. Désormais, la borne de dépistage (ci-dessous) invite les patients non seulement à se renseigner sur leur poids, leur taille ou leur tension, mais aussi à s'interroger sur leur dépendance au tabac, à tester leur glycémie, leur souffle et enfin à déterminer leur taux de cholestérol. Il s'agit, en fait, de déterminer les facteurs prédisposant aux maladies cardiovasculaires, un thème qui, selon Séverine Desjardin, du laboratoire Matara, est plus porteur si l'objectif est d'amener au dépistage des personnes qui, a priori, ne se sentent pas concernées par le diabète, le cholestérol pris de façon isolée, mais qui sont sensibilisées au discours de prévention ambiant. La solution tient sans doute dans la création d'une offre de dépistage, disponible à la demande et animée ponctuellement au rythme des grandes campagnes nationales comme la Journée du diabète ou celle du souffle.

En dehors des grandes campagnes, Vivien Veyrat, adjoint, responsable d'un espace diabète au sein de son officine, invite les clients à solliciter un test par un petit message disposé sur le comptoir : « Nous mettons à votre disposition du matériel de dépistage à usage unique ». Attention, que ce soit par voix d'affichage ou de façon directe, la communication sur la campagne de dépistage doit se limiter à l'espace intérieur de l'officine ! Sachez qu'un affichage en vitrine peut être considéré comme litigieux, surtout lorsque vous agissez à titre individuel.

Communiquer est primordial.

En termes de logistique et de coût, si vous n'êtes pas membre d'un groupement (la majorité d'entre eux propose des opérations clés en main) vous pouvez obtenir une aide précieuse auprès des laboratoires spécialisés dans ce domaine (formation, matériel, kits de communication...). Cependant, vous ne devez pas perdre de vue le fait qu'une opération de ce type prend du temps. La prise en charge d'un client peut varier de 15 à 30 minutes.

Lætitia Antoine, en charge du dépistage à la Pharmacie Montorgueil (Paris), préconise une prise de rendez-vous pour les clients qui se montrent intéressés. « Je prévois environ vingt minutes pour chaque personne, précise-t-elle. Et si jamais je ne peux pas répondre à toutes les demandes, je signale la date de la prochaine animation pour ne pas décevoir le client. »

Il peut être tentant d'abréger le rendez-vous en fournissant au client un support écrit sur la pathologie liée à son dépistage. « On ne donne pas un document d'information de façon automatique, comme un cadeau en le glissant dans le sachet de médicaments. C'est avant tout un support qui doit favoriser le dialogue, insiste Josette Prim, responsable de la communication chez IFMO (Initiative française du marketing officinal), l'efficacité de la démarche passe aussi par là. »

La communication est un élément clé qu'il ne faut pas négliger, notamment envers les professionnels de santé qui vous entourent. Rien ne vaut une visite ou un contact téléphonique pour informer de votre démarche le biologiste ou le médecin généraliste de votre quartier. Elle n'en sera que mieux perçue, voire soutenue.

Dix conseils pour réussir vos tests

- Isoler le patient.

- Lui poser quelques questions pour préciser son profil.

- Dans le cas d'un dosage de glycémie, renseignez-vous sur le dernier repas de votre patient

- Avant de procéder au prélèvement d'une goutte de sang, proposez au patient de se laver les mains (au lavabo ou à l'aide d'une pipette à eau). Ne jamais utiliser d'alcool ou de désinfectant local.

- Avant de piquer le doigt, rassurez le patient et, en hiver, n'oubliez pas de réchauffer le doigt à piquer pour plus de confort.

- N'oubliez pas d'utiliser une paire de gants neufs pour chaque patient.

- Munissez-vous de pansements.

- Prévoyez un récipient pour recueillir les déchets médicaux.

- Pour chaque test accompli, enregistrez les résultats obtenus sur une fiche manuscrite ou informatique que vous donnerez au patient à la fin du rendez-vous, en l'invitant à la montrer à son médecin traitant lors de sa prochaine visite

- N'interprétez aucun résultat et contentez-vous de renvoyer le patient chez son médecin en cas de résultat litigieux.

Choisir un emplacement

Quel que soit le nombre de tests proposés, la pratique du dépistage impose la confidentialité et un minimum de confort. Là encore, plusieurs solutions s'offrent à vous.

Vous pouvez réaliser un coin dépistage au sein de la surface de vente, dans une zone de faible circulation (zone froide) à l'aide d'un comptoir assis isolé disposant d'une installation informatique et protégé du reste de l'officine par un paravent sur lequel vous pouvez disposer des documents ou des affiches en lien avec le dépistage en cours 1.. Si vous le souhaitez, vous pouvez même y adosser un linéaire consacré aux home tests 2..

Toutefois, pour plus de confidentialité et pour pallier le manque de place, vous pouvez associer ce pôle au local d'orthopédie 3.. Cette solution est d'autant plus intéressante qu'elle simplifie l'accessibilité du patient au point d'eau, étape nécessaire au lavage des mains avant tout prélèvement.

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