Les enseignements coordonnés contre le bachotage - Le Moniteur des Pharmacies n° 2577 du 09/04/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2577 du 09/04/2005
 

RÉVISION DES EXAMENS

Carrières

Comment les étudiants se préparent-ils aux examens ? Pour le savoir, l'université de Grenoble en a sondé une centaine. Résultat : ils ont souvent tendance à « sprinter » quand se profile l'échéance. Les enseignements coordonnés pourrait changer la donne.

Comme le lièvre de La Fontaine, bon nombre des étudiants privilégient le sprint final en matière de révision plutôt que le travail continu tout au long de l'année. C'est en tout cas ce que révèle une enquête d'évaluation des enseignements réalisée par l'université Joseph-Fourier, à Grenoble, auprès de l'ensemble de ses étudiants l'année dernière, toutes sections confondues. En fac de pharmacie, 220 questionnaires ont été distribués lors de la session de juin 2004 et 137 étudiants y ont répondu.

Côté méthode de travail et stratégie de révision, la tendance est plutôt au bachotage juste avant les examens. Ainsi, près de 40 % des potards déclarent travailler irrégulièrement, 38 % au moment des examens alors que seulement 20 % affirment revoir leurs cours chaque soir. En moyenne, leurs heures de travail personnel tournent entre cinq et dix par semaine.

Elsa fait partie des étudiants considérés comme studieux, pourtant elle avoue volontiers ne pas avoir le temps matériel de revoir ses cours quotidiennement : « Je suis présente à tous les enseignement car si j'en rate un seul, je n'arrive pas à le comprendre, explique-t-elle. Les profs donnent souvent des indications importantes que l'on ne retrouve pas dans les polycopiés ou sur les notes récupérées auprès de quelqu'un d'autre. Mais je n'ai pas le temps le soir de les revoir après 4 heures de cours le matin, les TP, les exercices dirigés... En revanche, je m'astreins à revoir un cours dans son intégralité lorsqu'il est terminé, soit par matière, soit par chapitre. »

Si Elsa évoque un manque de temps, l'argument le plus fréquemment donné pour expliquer ce manque de travail régulier tient plus à la motivation, selon l'enquête grenobloise. « Franchement, je n'ai pas envie de passer mes soirées à bosser, assure Florent, qui avoue également ne pas être très assidu en amphi. Il y a des matières que je n'aime pas et je n'arrive pas à apprendre par coeur bêtement. Alors je préfère bloquer mes révisions sur 15 jours, juste avant les examens. Evidemment, ça m'oblige à délaisser certaines matières... »

Bachotage un mois avant les examens.

Le cas de Florent ne reflète sans doute pas la majorité, selon Paul Metz, président de l'Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). Le plus généralement, les révisions débutent un mois environ avant la période d'examens. Parallèlement, près de 80 % des étudiants se disent insatisfaits de la répartition du contrôle des connaissances dans l'année, et la moitié estime que le contrôle des connaissances tel qu'il existe actuellement ne valorise pas leur travail personnel. Une explication sans doute à leur faible motivation.

Les changements attendus sont dès lors perceptibles dans l'accueil réservé à la récente mise en place d'enseignements coordonnés. Plus des trois quarts des étudiants, toujours selon l'enquête grenobloise, affirment travailler plus régulièrement pendant les semaines d'enseignements coordonnés.

Enseignements coordonnés, une nouvelle façon de réviser.

« Depuis leur mise en place l'année dernière, les méthodes de travail ont tendance à évoluer, précise Paul Metz. D'une part, les étudiants vont beaucoup plus souvent en cours et, d'autre part, les examens de ces enseignements ayant le plus souvent lieu une ou deux semaines après les cours et non en même temps que les autres épreuves, les étudiants sont obligés de revoir leur méthode de travail, les périodes de révision étant revues à la hausse. »

Un changement est-il donc en vue ? L'enquête 2005 de la faculté de Grenoble et celle lancée dans l'ensemble des facultés par l'ANEPF (les résultats sont attendus pour fin avril, début mai) devraient préciser l'impact exact de cette réorganisation...

Quant aux méthodes de travail, les futurs pharmaciens font plutôt preuve d'indépendance. Rares sont ceux qui choisissent le travail collectif (11 %) ou en binôme (9 %) alors que 80 % préfèrent réviser seul. « A plusieurs on est moins productif, estime Nathalie. Et on est plus tenté de lever le nez de ses cours pour papoter ! »

Pour Elsa, au contraire, la présence au sein d'un groupe est plutôt stimulante, mais là non plus il ne s'agit pas de travailler ensemble à proprement parler. « On se réunit souvent à plusieurs car c'est plus stimulant. Lorsque l'on n'a pas compris quelque chose on peut demander à un autre étudiant, mais la méthode de travail reste la même, chacun révise seul devant ses copies. »

Les annales, valeur sûre.

A côté, mais pas ensemble, tel pourrait donc être la devise des étudiants en pharmacie. Peut-être un moyen de partager les documents nécessaires à la révision, comme les annales par exemple, largement plébiscitées. « J'ai les quatre dernières années en stock et, dès leur sortie annuelle, je me rue dessus, c'est un excellent moyen de se conditionner à l'examen », plaide Manon.

Comme elle, plus de 60 % des étudiants l'utilisent pour leurs révisions dont 34 % sont même des « accros » et affirment s'en servir tout le temps. Mais le document le plus usité reste cependant la bonne vieille ronéo : près de 80 % des étudiants y ont recours alors que « seulement » 66 % d'entre eux utilisent leurs notes de cours. Et 11 % reprennent aussi les notes de leurs prédécesseurs.

Travailler en équipe autour d'une problématique

Diane Ribuot, enseignante responsable de l'enquête d'évaluation en pharmacie à la faculté de Grenoble, n'est pas étonnée par les réponses des étudiants : « Cela fait déjà bon nombre d'années que nous constatons une baisse de motivation et donc une désaffection des étudiants pour le travail personnel. Comme il leur est de plus en plus difficile de faire eux-mêmes la synthèse de l'enseignement qu'ils reçoivent, l'enseignement coordonné remporte évidemment tous les suffrages. C'est en quelque sorte le "prêt-à-apprendre", comme le prêt-à-porter dans l'industrie textile. Bien sûr, c'est beaucoup plus professionnalisant et plus cohérent, mais, parallèlement, nous leur mâchons le travail. Personnellement, je serais pour la mise en place d'un plus grand nombre d'auto-apprentissage en équipe, l'apprentissage par problème les pousserait plus à la réflexion. »

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