Médicament générique : Un milliard sinon rien - Le Moniteur des Pharmacies n° 2575 du 26/03/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2575 du 26/03/2005
 

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Chassez le générique, il revient au galop. A la veille d'un nouveau comité de suivi (jeudi 24 mars), il fut à nouveau, avec les TFR, au centre de l'actualité politique de Pharmagora. Compte rendu.

Un milliard d'économies en 2007. Voilà qui résume la politique du générique telle que présentée par Philippe Douste-Blazy et explicitée par Noël Renaudin, président du Comité économique des produits de santé (CEPS) samedi dernier à Pharmagora. Bien sûr, le ministre a félicité les pharmaciens pour leurs efforts, précisant que les futurs TFR seront « peu nombreux, car vous vous êtes mobilisés ». Le président du CEPS rappelait quant à lui trois heures plus tard - alors que les syndicats reprochaient l'absence de suivi de règles cohérentes pour l'application des TFR - que la vague eût été de 20 molécules (au lieu de 11) si les règles initialement fixées par le ministère avaient été appliquées. Le ministre a précisé que le TFR « correspond à une solution de dernier recours » pour atteindre cet objectif de 1 MdEuro(s). Mais la modération des dépenses de santé, « c'est l'unique objectif de l'existence et du développement des génériques », a-t-il rappelé.

« Avec les dents » !

Noël Renaudin a donné sa définition d'un « discernement dans l'application du TFR ». A savoir, « essayer de le maintenir dans sa fonction d'aiguillon et retarder le plus possible sa fonction d'économies ». Tout en précisant que le milliard fixé, « il faudra aller le chercher avec les dents. Je ne pense pas que ce soit possible uniquement par la substitution », surtout si tous les pharmaciens ne s'y mettent pas. « Je sais que le TFR est démotivant, mais si le milliard ne peut pas être atteint autrement on l'utilisera. A bon entendeur, salut ! » Et même si c'est démotivant, « la substitution est avantageuse et le restera », assure Noël Renaudin.

A cet égard, il a été reprécisé que le montant des marges arrière dont bénéficie l'officine ne bougera pas... en euros. On veillera donc bien à ce qu'elles baissent en pourcentage. Elles atteignent un montant identique aux économies procurées par le générique à la Sécurité sociale, selon Philippe Douste-Blazy. « Je sais qu'elles ont constitué un aiguillon supplémentaire dans le développement du générique, a-t-il déclaré. Mais vous le savez, si elles atteignent un niveau trop élevé, cela deviendra un formidable ennemi pour votre profession. C'est pourquoi je compte proposer prochainement un mécanisme qui en redéfinira les contours. »

Cela aurait pu passer par des baisses de prix ou un plafonnement de la coopération commerciale. Eh bien ce sera les deux, a expliqué en substance le très pédagogue Noël Renaudin et « la baisse des prix sera contemporaine des TFR ». Histoire de répartir la perte entre tous les acteurs.

Seul le résultat compte.

Le contrat de bonnes pratiques prôné par la profession et les génériqueurs n'a été que timidement réévoqué lors du débat samedi. Côté profession, on a bien tenté d'argumenter pour la défense d'un marché du générique assagi mais le plus libre possible. Jean-Pierre Lamothe, président de la commission Economie de la FSPF, explique que « les pharmaciens ont toujours joué le jeu quand il s'agissait d'un contrat gagnant-gagnant (générique, SESAM-Vitale). Mais à condition d'avoir une certaine lisibilité ». Philippe Ranty, président du GEMME, prévient que « la seule solution pour arriver aux objectifs sera d'étendre le champ du Répertoire des génériques ». « L'objectif est ambitieux, mais il faudra y arriver coûte que coûte », note Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'USPO, exhortant à la substitution maximale. « Mais on n'y arrivera que si les médecins s'y mettent aussi. »

Or le logiciel d'aide à la prescription en DC évoqué par Philippe Douste-Blazy dans nos colonnes ne sera pas prêt avant mi-2006, selon Philippe Ranty. Et puis les médecins jouent le jeu des... laboratoires rappelle Pascal Richez, chargé du dossier Economie à l'UNPF : « Les transferts de prescription n'ont jamais aussi bien marché que depuis que le générique s'emballe. » Comme souvent, la repartie de Noël Renaudin est catégorique : « Les transferts de prescription sont très peu liés aux TFR. Au contraire, il redevient intéressant de promouvoir les princeps lorsqu'il y a TFR. » Peu importe, puisque l'économie est là. Certes, mais à court terme, analyse Jean-Pierre Lamothe, alors qu'un marché du générique puissant peut en rapporter davantage à long terme. A un tel argument, toujours la même réponse du ministère : 1 milliard en 2007.

Compte tenu, d'une part de la manne économique que représentent les génériques, et d'autre part des diminutions de marge que constitueront les TFR et autres baisses de prix, toute la pharmacie a énormément à perdre si elle ne se mobilise pas plus. Ceux qui ne l'ont pas encore fait doivent maintenant « s'y coller », souligne Noël Renaudin, car l'officine ne pourra guère compter sur la mansuétude du CEPS. Sur celle du ministre alors ? Dans le cadre du générique et des TFR, c'est le CEPS qui décidera, a rappelé Philippe Douste-Blazy dans son discours. L'étau se resserre.

Florilège : Les annonces de Philippe Douste-Blazy

- Dossier médical personnel « Votre excellent niveau d'informatisation fera de vous des acteurs clés du développement du DMP [...]. Je souhaite que l'on explore la possibilité de la mise en place d'un volet partagé sur les traitements dans le DMP, spécifique aux pharmaciens. » Objectif : éviter les « 9 000 à 11 000 décès » dus à l'iatrogénie.

- Pénurie de diplômes Le ministère a augmenté le numerus clausus de 7 % (à 2 800) a rappelé Philippe Douste-Blazy, et « il augmentera encore progressivement dans la mesure des capacités d'enseignement des universités ». Mais « le prix d'une pharmacie, ce n'est pas donné. L'attractivité du métier pour un jeune, c'est aussi liée à ça ». La profession devra donc trouver une solution pour permettre aux jeunes de s'installer.

- Le cloisonnement ville-hôpital « C'est fini, c'est ringard, c'est du passé. » Le ministre promeut les réseaux « autour du malade et non pas en fonction des structures ». « J'encouragerai toutes les initiatives en ce sens, comme par exemple la possibilité pour les officinaux de réaliser des vacations dans les pharmacies hospitalières afin de se former par un exercice conjoint. »

- Cancer « Moins de 20 % des femmes se prêtent au dépistage du cancer du sein », déplore-t-il, exhortant les officinaux à les pousser à faire ces mammographies de contrôle.

- Cyclamed « Plusieurs pistes sont à l'étude mais de nombreux divs et dispositions demandent du temps, comme la mise en place d'une collecte par urne fermée ou la sécurisation des emballages, leur traçabilité. [...] C'est dans cet esprit que je souhaite faire évoluer ce dispositif afin de permettre aux officinaux de retrouver leur dignité et leur rôle d'acteur de santé publique. » Le ministre prévient les fraudeurs : « Je dis à ceux qui ont fauté que je ne les raterai pas. » Faut-il s'attendre à des exemples ?

- MAD Continuer d'accueillir toutes les personnes âgées dépendantes en cours séjour jusqu'à « 4 000 euros par jour alors que l'assurance maladie ne va pas bien, ce n'est plus possible [...]. Le MAD est une piste que vous avez intérêt à développer ».

- image Après avoir été au plus haut il y a 40 ans, le ministre estime que l'image du pharmacien a chuté il y a 20 ans, alors globalement assimilé à un commerçant. Heureusement, aujourd'hui, sa cote est à nouveau en hausse constante, se félicite-t-il.

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