Autotensiomètres Peu d'efforts pour beaucoup d'effets - Le Moniteur des Pharmacies n° 2571 du 26/02/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2571 du 26/02/2005
 

MARCHÉ

Entreprise

En quelques années, l'automesure tensionnelle est passée de la confidentialité à la reconnaissance médicale. Aujourd'hui le marché des autotensiomètres explose en pharmacie. Il semble vouer à un bel avenir, pour peu que la profession joue la carte du sérieux et de la prévention.

L'effet ventes.

Les ventes d'autotensiomètres en pharmacie se portent bien. Les chiffres (source IMS Health) parlent d'eux-mêmes : 157 200 appareils ont été vendus en 2004, réalisant un chiffre d'affaires de 1 377 000 euros, avec une progression de + 24 % en volume et + 18 % en valeur. En dix ans, les rotations ont triplé, mais le marché connaît un réel tournant depuis deux ou trois ans.

« Les médecins - et en particulier les cardiologues - ont pris conscience de l'intérêt de l'automesure », analyse Marie Gallien, chef de produit chez Diagnostic Hartmann. Aujourd'hui, de nombreuses études démontrent la fiabilité de cette démarche, son impact sur l'amélioration de l'observance des traitements et sur le contrôle de l'hypertension. En 2004, le Comité français de lutte contre l'hypertension artérielle (CFLHTA) a placé l'automesure au coeur de ses priorités. « Nous désirons en faire un véritable outil médical et non un gadget utilisé par les patients », lance le Pr Xavier Girerd, président du CFLHTA. « Désormais, la prise en charge de l'hypertension se rapproche de la diabétologie, l'accent est porté sur la formation des soignants et l'éducation des patients », constate Didier Chicheportiche, directeur général d'Omron Santé France.

L'effet validation.

Dans ce condiv de santé publique, le rôle des officinaux s'avère bien défini. « A l'évidence, ils doivent vendre uniquement des appareils validés par l'Afssaps. Même si on peut reprocher à la liste publiée de ne pas tenir compte des nouveautés (le marketing allant plus vite que l'expertise), il n'y a aucune raison pour que le pharmacien agisse différemment des autorités de santé », insiste le Dr Nicolas Postel-Vinay, secrétaire adjoint du CFLHTA et responsable du site Internet Automesure.com. Cette liste, actualisée deux fois par an, comporte actuellement 49 appareils « certifiés » au vu d'un dossier complet (réglementaire, technique et clinique).

Mise en place fin 2001, la démarche qualitative de l'Afssaps est facultative pour les fabricants. A-t-elle une réelle influence sur le marché des tensiomètres ? Force est de constater que les trois marques leaders proposent des appareils validés. « La caution de l'Afssaps représente pour notre force de vente un argumentaire de poids », confie-t-on chez Hartmann, leader du marché avec 40 % des ventes. Avec les trois appareils de sa gamme Tensoval, le laboratoire mise sur la fiabilité et la simplicité d'utilisation. Sur la deuxième marche du podium, Omron (20 % des ventes) surfe sur la vague de l'innovation. La marque lance deux nouvelles références ce mois-ci (M6 au bras, et R6 au poignet). Thuasne se retrouve en troisième position (8 % des ventes) en commercialisant des appareils fabriqués par Microlife.

L'effet prévention.

La préférence des utilisateurs va aux tensiomètres de poignet (75 % des ventes), en dépit des recommandations des experts qui estiment cette modalité de prise de tension peu fiable (mauvaise position du bras par rapport au coeur). Mais les fabricants ont le dernier mot. « Nos appareils de nouvelle génération disposent d'un capteur de positionnement, ne déclenchant la mesure que si le bon placement est respecté », informe Didier Chicheportiche. Plus pratiques, les appareils de poignet doivent leur progression à la nouvelle tendance de « prévention santé ». « Les mentalités changent. On identifie de nouveaux consommateurs, jeunes et ne souffrant pas d'hypertension mais désirant "bien vieillir". Ce sont les mêmes personnes qui achètent des compléments alimentaires », confie Marie Gallien.

Parmi les 8 millions de personnes hypertendues en France, seules 24 % sous traitement possèdent un autotensiomètre. Autant dire que le chantier de l'automesure n'est pas encore terminé. Seul frein à la démocratisation du marché : le prix . Les tarifs varient de 60 à 150 euros en fonction des références et de la marge pratiquée.

L'effet éducation des patients. Pour Nicolas Postel-Vinay, l'avenir est au prêt d'appareils pour les personnes en précarité. « Il faudra que les médecins s'équipent, précise-t-il. Il n'est pas question d'envisager leur remboursement, pour des raisons évidentes de coût mais aussi de durée de vie encore inconnue des appareils. La flambée actuelle du marché représente à elle seule un argument contre la prise en charge. »

Le réseau officinal détiendrait près de 50 % des ventes, fortement concurrencé par les magasins spécialisés en matériel médical, et de plus en plus par la grande distribution. « La grande force de la pharmacie reste la proximité. Mais l'équipe doit pouvoir conseiller un appareil adapté, diffuser les bonnes techniques d'utilisation, interpréter les résultats et orienter vers un médecin si besoin », estime Didier Chicheportiche. « Il est logique que les pharmaciens participent à l'éducation des patients, à condition qu'ils soient formés. Une éducation qui comprend aussi le jugement des chiffres tensionnels, de façon à favoriser l'observance et le suivi médical », confirme Nicolas Postel-Vinay.

Proposer la mesure gratuite de l'hypertension lors d'une animation autour de la prévention cardiovasculaire, par exemple, peut représenter une excellente occasion de transformer une action de santé publique en opération profitable pour le citoyen et pour... le pharmacien.

à retenir

Autotensiomètre et prise en charge

L'automesure améliore la prise en charge des patients hypertendus.

Les experts recommandent l'achat d'appareils validés par l'Afssaps.

Un patient traité sur quatre possède un autotensiomètre et 4 millions d'appareils seraient en circulation en France.

L'officine réalise près de 50 % des ventes de tensiomètres. Les tensiomètres de poignet représentent 75 % des ventes.

réaction

Jean-Marc Leder

Titulaire

à Paris XXe

Nous prenons la tension avec un tensiomètre électronique (l'un des modèles que nous vendons). Les patients, que les médecins du quartier nous envoient souvent, peuvent alors prendre conscience de la simplicité de l'automesure. Je ne propose évidemment que des appareils validés par l'Afssaps. Longtemps considéré comme un frein à l'achat, le prix des appareils commence à être accepté. Les mentalités évoluent lentement en faveur de la prévention. Il faut que les patients comprennent que leur santé à un coût qui n'implique pas forcément la prise en charge systématique. A nous de faire passer le message et d'être proactifs en matière de santé publique si nous voulons garder notre crédibilité dans les années à venir.

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