Compléments alimentaires : entre le pire et le meilleur - Le Moniteur des Pharmacies n° 2570 du 19/02/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2570 du 19/02/2005
 

Actualité

Enquête

Choisir un complément alimentaire à base d'oméga-3 n'est pas une mince affaire. Quel est le plus efficace, le plus sûr ? Quelques éléments sont à évaluer avant de prendre la bonne décision.

Les oméga-3 les plus chers ne sont pas forcément les meilleurs, mais si on veut un produit de qualité, il faut quand même y mettre le prix », précise Yves Brouquet, directeur marketing chez Chauvin Bausch #amp; Lomb. Le laboratoire qui commercialise plusieurs références contenant des oméga-3 utilisées dans les troubles de la vision s'est lancé dans un projet ambitieux : analyser la composition de compléments alimentaires revendiquant la présence d'oméga-3, vendus aussi bien en pharmacies, parapharmacies, magasins de diététique ou GMS. Une heureuse initiative vis-à-vis de ces produits qui pullulent dans les rayons : rien qu'en pharmacie, le marché total des oméga-3 a pesé environ 15 millions d'euros en 2004, dont les deux tiers pour les oméga-3 « émotionnels ». Isodis Natura (OM3), détenu par David Servan-Schreiber, représente environ 55 % de ce segment.

Cette étude qualitative est réalisée par le Groupe d'études en micronutrition oculaire, dépendant de l'INRA de Dijon. S'il est encore beaucoup trop tôt pour connaître les premiers résultats, il se murmure déjà que dans tous les circuits de distribution, le meilleur côtoie le pire. Beaucoup de produits étiquetés « oméga-3 » s'avéreraient être de simples éthylesters qui libèrent des acides gras polyinsaturés mais aussi de l'éthanol. On trouve également de l'huile brute, pas totalement vierge de pesticides ou de polluants. « La concentration mentionnée sur la boîte n'est pas non plus forcément respectée », constate Yves Brouquet.

Préférer les poissons bleus du Chili ou du Maroc.

« Presser » le poisson ne suffit décidément pas. Stéphane Lozachmeur, président de la société Polaris, qui fournit 85 % du marché diététique français en huile de poissons, énumère quelques points de repère pour faire le meilleur choix : « Quatre critères sont déterminants : la provenance des poissons, le processus de fabrication, l'absence de polluants et la stabilité du produit. Les poissons bleus (sardines, maquereaux, harengs) du Chili ou du Maroc sont préférables, car ces provenances géographiques sont éloignées des zones industrielles. Et les poissons sélectionnés ont une croissance rapide, ce qui garantit une moindre accumulation des métaux. Une fois extraites, les huiles de poissons doivent être enrichies en acides eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque, selon un procédé enzymatique naturel. Il augmente la concentration en actifs, ce qui permet d'absorber une moindre quantité d'huile, diminuant ainsi la taille des capsules ou la posologie quotidienne. Un autre objectif doit être de garantir pour chaque capsule d'oméga-3 l'absence totale de contaminants (mercure, plomb, etc.), pesticides, polychlorobiphényls et dioxines. Il existe un procédé, dénommé Epax, qui permet de débarrasser les huiles de poissons de tout polluant et d'obtenir des valeurs à la limite du détectable, bien en dessous des normes européennes. »

Interroger les partenaires commerciaux.

On peut regretter que l'étiquetage des compléments alimentaires n'affiche pas aujourd'hui cette transparence. Avant de référencer tel ou tel produit, n'hésitez plus à questionner vos partenaires commerciaux. Mais, au fait, faut-il avoir recours aux compléments alimentaires ? « En principe, l'alimentation suffit à couvrir les besoins, estime Marie-Hélène Bonfait, médecin nutritionniste, chargée d'enseignement à la faculté de pharmacie de Rennes-I (lire interview page 22). Si l'on est réfractaire aux produits de la mer, c'est à envisager. Mais l'exercice devient périlleux. Autant réviser son assiette s'avère simple, en théorie, autant choisir un complément alimentaire qui garantisse une efficacité et une innocuité thérapeutiques est plus complexe. Il faut vérifier la composition et le bon dosage en acides eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque et s'assurer de la stabilité du produit. Enfin, attention à la complémentation en automédication qui expose à un risque de surdosage. Au-delà de 9 grammes d'acides eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque par jour, des troubles de la coagulation peuvent survenir. »

Omacor, l'oméga-3 remboursable

En 1998, la précieuse vignette de Maxepa constitué d'oméga-3 polyinsaturés tombe et ses ventes chutent. Jusqu'à ce que la communauté scientifique réhabilite les oméga-3. Le 7 mars, Pierre Fabre prendra sa revanche. Le laboratoire a obtenu une AMM pour le traitement en prévention secondaire de l'infarctus du myocarde récent, en association avec le traitement de référence. Mais aussi l'agrément à 65 % pour le remboursement d'Omacor, dont les principes actifs sont les acides eicosapentaénoïque et docosahexaénoïque. Son niveau d'ASMR est de III (amélioration modeste en termes d'efficacité thérapeutique et/ou de réduction des effets indésirables.

« Les oméga-3 constituent une découverte scientifique »

Les oméga-3 sont avant tout des nutriments, rappelle le docteur Jean-Michel Lecerf. Mais leurs effets spécifiques en fonction des doses ou de leur nature chimique peuvent leur permettre de prétendre au statut de médicament et de quitter celui de complément alimentaire. Il existe suffisamment d'études aujourd'hui qui permettent de dire que les oméga-3 constituent une découverte scientifique. Même s'il reste encore beaucoup de choses à démontrer, les arguments sont très forts. Les oméga-3 sont ainsi impliqués dans de nombreux domaines tant curatifs que préventifs. Mais il ne faut surtout pas extrapoler les études. Si elles ouvrent aujourd'hui des perspectives, attention aux conclusions hâtives ! S'agissant de la dépression, les effets des oméga-3 sont indéniables. Ils ont permis à certains patients de réduire leur consommation habituelle d'antidépresseurs. Mais nous manquons encore d'éléments pour conclure que les oméga-3 sont devenus de véritables médicaments de la dépression, et encore moins qu'on ne sera pas dépressif parce qu'on mange du poisson. »

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !