Un monopole fissile - Le Moniteur des Pharmacies n° 2568 du 05/02/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2568 du 05/02/2005
 

DISTRIBUTION D'IODE VIA L'OFFICINE

Actualité

L'événement

Une nouvelle campagne de distribution de comprimés d'iode stable aura lieu en 2005. Les syndicats, l'Ordre et l'EDF ont signé une convention détaillant les rôles de chacun. L'opération débute autour de quatre centrales. Mais si les officinaux ne réalisent pas l'objectif de taux de couverture fixé dans cette convention, la distribution pourrait sortir du monopole.

Les pharmacies situées dans un rayon de dix kilomètres autour des centrales nucléaires de Nogent-sur-Seine (Seine-et-Marne), Golfech (Tarn-et-Garonne), Belleville-sur-Loire (Cher) et Fessenheim (Haut-Rhin) ont trois mois pour atteindre un taux de délivrance de comprimés d'iode aux foyers, entreprises et collectivités de ces zones dites PPI (« plan particulier d'intervention ») supérieur ou égal à 80 %. Par convention signée le 5 janvier dernier entre les syndicats (FSPF, UNPF, APR), l'Ordre et l'EDF, les officines détiennent depuis le 1er février et pour trois mois le monopole de la distribution des comprimés d'iode. Si l'objectif fixé par les pouvoirs publics est atteint, la convention s'étendra à l'ensemble du territoire. « Dans le cas contraire, cette distribution risque d'échapper aux pharmaciens, prévient André Kuypers, président de la commission des affaires rurales et vétérinaires de la FSPF, chargé de ce dossier. Avant la signature de cette convention, EDF et la Direction générale de la santé souhaitaient que les boîtes d'iode soient envoyées directement à chaque habitant par la poste. C'est inacceptable ! L'iode est un médicament disposant d'une AMM. Les comprimés doivent être impérativement distribués par un pharmacien. »

En finir avec le porte-à-porte.

Les officinaux sont donc en période probatoire avant le lancement de la nouvelle campagne nationale de distribution de comprimés d'iode, l'ensemble des boîtes distribuées lors de la campagne de 1999-2000 arrivant à péremption courant 2005. Lors de la campagne 2000, les pharmaciens ne s'étaient pas suffisamment mobilisés et le taux moyen de couverture avait été très disparate selon les sites (entre 50 et 70 %). Or, pour la Sécurité civile et les pouvoirs publics, une opération réussie équivaut un taux de couverture de 80 % en moyenne. Dans une circulaire du 14 novembre 2001, le ministère de la Santé demandait donc aux préfets d'effectuer un complément de distribution en mettant en oeuvre... le portage à domicile des comprimés d'iode par les associations de secouristes bénévoles, la Croix-Rouge ou les pompiers.

Cette mise à l'écart du réseau pharmaceutique fait bondir les représentants syndicaux. « La distribution en porte-à-porte est inconcevable », estime Gilles Bonnefond, titulaire à Montélimar (Drôme), non loin de la centrale de Cruas-Meysse. Pour ce secrétaire général de l'USPO, syndicat qui n'a pas participé à la négociation de la convention, « si l'impact de la précédente campagne n'est pas satisfaisant, c'est surtout parce que les bons de retrait sont distribués aux habitants dans les boîtes aux lettres sous pli anonyme, souvent confondus avec de la publicité ».

Des bons de retrait nominatifs.

La distribution 2005 est donc l'occasion pour les officinaux de reprendre la main. « La convention que nous avons signée fait du pharmacien l'interlocuteur unique des habitants et définit précisément le rôle d'EDF en termes de promotion », remarque André Kuypers. Cette fois, les bons de retrait seront envoyés par courrier nominatif contenant une lettre officielle signée par les pouvoirs publics et l'ordre des pharmaciens expliquant le déroulement de l'opération. EDF organisera des campagnes de communication locale et mettra à disposition des pharmaciens une affiche pour leurs vitrines et un numéro Vert pour répondre à leurs questions. Des sessions d'informations seront également mises sur pied avec les UTIP pour mettre à jour les connaissances sur l'iode, sa posologie et les conseils associés. Les grossistes-répartiteurs, approvisionnés pas la Pharmacie centrale des armées, livreront les boîtes de 10 comprimés à chaque pharmacie des zones concernées.

L'intervention du pharmacien (incitation au retrait, délivrance, conseils, récupération des boîtes périmées...) sera rémunérée sous forme d'honoraires de 1 euro pour chaque bon de retrait qu'il aura honoré et renvoyé à un prestataire choisi par EDF, chargé de suivre la distribution et de calculer le taux de distribution.

Les collectivités et les entreprises étant invitées à retirer leurs comprimés d'iode dans les officines, un seul bon de retrait pourra donc signifier la distribution de plusieurs boîtes. Or, jusqu'à présent, chaque boîte était payée au pharmacien 1,82 euro TTC pour sa prestation. Un manque à gagner qui fait hurler Gilles Bonnefond. « Lors d'une campagne, nous distribuons de 600 à 900 boîtes, cela demande une mobilisation importante pour toute l'équipe. C'est un vrai travail de dispensation. Avec cette convention, notre rémunération est au minimum divisé par deux ! » « On ne s'est pas battu pour la rémunération, reconnaît André Kuypers. La distribution d'iode est avant tout un acte de prévention et de santé publique. »

Dans trois mois, les syndicats officinaux, l'Ordre, EDF et les pouvoirs publics se réuniront pour tirer le bilan de l'opération détaillée dans cette convention. La distribution d'iode sortira-t-elle du monopole ?

A retenir

La distribution gratuite d'iode concerne environ 250 pharmacies, situées dans un rayon de dix kilomètres autour des 19 centrales françaises.

trois mois, c'est le délai donné aux pharmaciens pour que 80 % de la population concernée soit approvisionnée, faute de quoi un acheminement postal serait envisagé.

1 Euro(s) par intervention, c'est le montant des honoraires accordés aux pharmaciens (incitation au retrait, délivrance, conseils...).

Iode stable contre iode radioactif

- L'iode est un corps simple de la famille des halogènes. L'iode radioactif émis sous forme gazeuse est le plus nocif des éléments radioactifs susceptibles d'être rejetés en cas d'accident. Lorsqu'il est inhalé, il se fixe sur la thyroïde, provoquant son irradiation.

Pour éviter ou limiter la fixation de l'iode, il suffit de faire absorber, préventivement ou dans l'heure qui suit le rejet, de l'iode non radioactif (ou iode stable) sous forme de comprimé. L'iode stable se fixera sur la thyroïde et la saturera, évitant de ce fait une fixation ultérieure de l'élément radioactif.

- Si dans un rayon de dix kilomètres autour des centrales, les comprimés d'iode sont distribués gratuitement à tous les habitants, qu'en est-il des populations situées à l'extérieur de ces zones ? Une circulaire du 14 novembre 2001 demande aux préfets d'établir un plan de gestion prévoyant la constitution de stocks de première proximité dans les départements où sont installées les centrales et dans les départements frontaliers, soit 71 départements.

Les stocks sont installés selon les cas chez les grossistes-répartiteurs, dans les établissements de soins et/ou les pharmacies à usage intérieur.

- Dans les autres départements, des réserves sont constituées chez les grossistes-répartiteurs. La distribution d'iode à lieu sur décision du préfet. Si une personne habitant hors de la zone des dix kilomètres veut se procurer de l'iode, le pharmacien peut lui proposer de lui vendre une boîte qu'il aura achetée à son grossiste.

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