ASIE DU SUD : Afflux de médicaments inappropriés

De l'argent mais pas de dons en nature. Le message des principales ONG humanitaires n'est visiblement pas passé. Pour la délégation de PSF-CI présente au sud de l'Indonésie, à Banda Aceh, le constat est amer : « Des tonnes de médicaments sont arrivées de tous les pays, avec des noms commerciaux et des notices totalement incompréhensibles par le personnel médical sur place. Les envois n'ont pas respecté les principes fondateurs de l'OMS qui prônent les médicaments génériques essentiels. »

PSF-CI a dû partir sur le terrain plus tôt que prévu pour tenter de faire le tri des dons. « Après l'aide de première urgence, les ONG n'ont pas eu le temps d'évaluer les besoins en médicaments. Les envois ont afflué trop vite, au risque d'induire un trafic et un mauvais usage », constate Ghislaine Soulier, de PSF-CI, qui s'inquiète également pour les dépenses qu'induira la destruction annoncée des produits inadaptés (en Bosnie, le même phénomène avait engendré un coût de 34 millions d'euros). La mission de PSF-CI (8 expatriés) compte rester en Indonésie 9 mois, en collaboration avec l'OMS.

De son côté, PHI (Pharmacie humanitaire internationale) se félicite de la générosité des pharmaciens et annonce 100 000 euros de dons. Le 7 février, une première délégation devrait partir en évaluation pour un mois sur la côte nord-ouest du Sri Lanka. « Dans ce condiv d'anarchie totale qui préside à l'organisation des soins, nous arrivons avec quatre cantines de médicaments essentiels de base pour être directement opérationnels », informe Marie-Agnès Cros, directrice générale de PHI. Pour rationaliser le travail sur place et assurer le stockage et la distribution d'une nouvelle donation de 20 tonnes de médicaments, l'association Tulipe (Leem) a recruté un logisticien et un pharmacien sri-lankais.

Un pharmacien s'engage.

Il faut aussi souligner l'initiative exemplaire de Philippe Lacombe, titulaire à Pluvigner (Morbihan). Le 24 février, il s'envolera pour le Sri Lanka, à Galle, pour apporter, entre autres, des extracteurs d'oxygène et des kits de soins jetables. Et près de 20 000 euros, somme récoltée par l'association Aidons Sri Lanka qu'il a fondée avec son voisin et ami restaurateur de nationalité sri-lankaise. « Avec la participation de tout le village, nous avons organisé un repas le 30 janvier dont la recette a été versée au bénéfice de notre association. Cet élan de générosité devrait à terme aboutir à la construction d'une école. Nous aimerions établir une sorte de jumelage. Du côté pharmaceutique, je compte, en toute modestie, évaluer les besoins sur place pour éventuellement être relayé par Pharmacie et aide humanitaire », explique Philippe Lacombe.