Ville rose et campagne morose - Le Moniteur des Pharmacies n° 2566 du 22/01/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2566 du 22/01/2005
 

L'EMPLOI EN HAUTE-GARONNE

Carrières

Dans une agglomération toulousaine très attractive, titulaires et adjoints trouvent leur bonheur. La situation est beaucoup plus tendue en campagne qui manque de personnel malgré des salaires plus élevés.

Début janvier 2005, on dénombrait à l'ANPE de Toulouse 64 demandes d'emploi pour deux offres, dont une en parapharmacie.

Tirée par un secteur aéronautique en pleine ascension, l'économie de l'agglomération toulousaine affiche une belle santé malgré la dramatique catastrophe d'AZF en 2001. Airbus, notamment avec l'A-380, le chantier de la deuxième ligne du métro et d'importants projets comme le futur Cancéropôle génèrent un dynamisme qui se traduit par une arrivée massive de nouveaux habitants. Pas moins de 12 000 personnes débarquent chaque année dans la métropole où les prix de l'immobilier ont explosé depuis cinq ans.

Tout pour Toulouse.

Mais la Haute-Garonne est un peu à l'image de Midi-Pyrénées. Il y a Toulouse (près de 400 000 habitants) et sa banlieue, qui regroupent près de 800 000 habitants, et le reste du département. C'est-à-dire des zones rurales où la désertification menace.

A Toulouse, la faculté forme 110 pharmaciens par an. Et ces nouveaux diplômés veulent rester travailler en ville. A l'ANPE, on dénombrait début janvier soixante-quatre demandes pour deux offres, dont une en parapharmacie. Les 180 officines de la ville ou celles des communes voisines n'ont donc pas beaucoup de mal à satisfaire les offres.

Philippe Vergnes, président du syndicat de pharmaciens du département, installé dans un quartier de la Ville rose, confirme cet état des lieux. « Nous trouvons des pharmaciens sans trop de problèmes, même si le coefficient a tendance à augmenter. Pour intégrer des jeunes, il faut leur proposer un plan de carrière. Mais avec un avenir aussi incertain et des marges en baisse, c'est un peu la quadrature du cercle. »

Si le recrutement d'adjoints est plutôt aisé à Toulouse, ce n'est pas le cas pour les préparateurs. La pénurie y est la même que dans l'ensemble du département, bien que 150 nouveaux diplômés sortent du CFA chaque année. Afin de mieux gérer l'offre et la demande, l'ANPE a passé, en mai 2004, une convention avec le syndicat. « Les préparateurs ont le choix et affichent leurs exigences. Mais il y a sur le marché des personnes de plus de 50 ans qui veulent reprendre une activité, explique-t-on à l'ANPE. Cela demande une mise à niveau et comme nous devons faire face à une forte pénurie de préparateurs, il est intéressant d'accompagner ces personnes. »

Du côté de l'intérim, on constate également le phénomène. « Beaucoup de préparateurs cherchent d'abord des remplacements, ce qui leur permet de choisir l'officine pour une embauche définitive, explique-t-on à l'Appel médical. Pour les pharmaciens, si les personnes sont un peu mobiles elles trouvent du travail dans l'agglomération. Nous enregistrons de plus en plus de demandes pour des courtes durées, une semaine ou même une journée. L'intérim devient une vision du métier et non plus un palliatif. Pour le titulaire, l'intérimaire est plus souple et plus efficace. »

Même constat chez Quick Médical. « Les officines n'hésitent plus à faire appel à l'intérim, dont l'image a beaucoup changé. Mais les intérimaires goûtent peu les charmes de la campagne. Un pharmacien à 40 kilomètres de Toulouse a cherché un assistant pendant un an, explique Valérie Lebeaupin. Parfois, on propose le logement et les frais de déplacement mais cela ne suffit pas toujours. »

Soutenir les pharmacies rurales.

Au-delà de l'agglomération, lorsque les usines high-tech et les pavillons qui s'étalent sur trente ou quarante kilomètres font également place aux champs de maïs et à l'élevage, commencent les vrais problèmes de recrutement. Aucune ville moyenne en Haute-Garonne, aucune zone d'activité susceptible d'attirer des jeunes. Une situation que l'on retrouve partout en Midi-Pyrénées, région grande comme la Belgique, très rurale et à l'habitat disséminé.

Michel Laspougeas, président du conseil de l'Ordre, installé dans le Gers, est inquiet : « Il n'y a jamais eu une telle différence entre la ville et la campagne où se développe une surenchère sur les salaires et les avantages en nature. Le système se désorganise dangereusement. L'été, je ne trouve aucun remplaçant, je dois faire appel à un ancien retraité. L'engagement de la collectivité pour les étudiants mériterait un effort des nouveaux diplômés. Il faut réfléchir à des solutions plus autoritaires, encourager les transferts et les regroupements et imaginer un système de soutien des pharmacies rurales, c'est urgent. »

Aux pieds des Pyrénées, Saint-Gaudens, sous-préfecture de 11 000 habitants, est loin de l'agitation toulousaine. « Ici, on arrive encore à trouver du personnel, explique Henri Geny, qui emploie onze personnes dans son officine, à condition de recruter des gens du pays qui ont décidé de rester vivre dans le Comminges. » A condition également d'offrir un coefficient 500 à 600, bien supérieur à celui de Toulouse qui avoisine plutôt les 450 en moyenne. « Il faut s'adapter aux demandes des mères de famille concernant les horaires, former le personnel et l'intéresser. J'ai mis en place pour cela un plan d'épargne salariale. Un bon moyen de concerner et de pérenniser une équipe. »

Plus loin vers la montagne, la situation se complique très vite. A Saint-Béat, village proche de la frontière, Robert Pujol, installé depuis trente ans, est amer. « Ça va exploser !, avertit ce pharmacien également enseignant à la faculté de Toulouse. Lorsque je demande à mes étudiants s'ils ont pensé à travailler en rural ils me rient au nez. C'est vrai qu'ils n'ont pas envie de faire comme moi une garde d'une semaine entière toutes les trois semaines et qui ne rapporte rien. D'autre part, nous devons payer cher un personnel très rare et offrir des avantages alors que les marges ne le permettent plus. Ici, on peut débuter au coefficient 600. J'ai des collègues qui ne peuvent pas partir en vacances, et, si je devais recruter demain, ce serait impossible. Beaucoup de confrères craquent à la cinquantaine et tentent de revendre. »

Que faire pour améliorer la situation ? « Revoir le système des gardes, répond Robert Pujol, à l'instar de Michel Laspougeas, réfléchir à des regroupements et soutenir financièrement ce type de pharmacies. Autant de points très importants que la réforme de la santé n'aborde pas. »

La haute-garonne en chiffres

- 1 046 532 habitants.

- 3 arrondissements, 53 cantons et 588 communes.

- Taux de chômage de 11 %.

- Une officine pour 2 500 habitants. A Toulouse une officine pour 3 000 habitants.

- 425 officines, dont 180 à Toulouse.

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