Pas le temps de se protéger - Le Moniteur des Pharmacies n° 2566 du 22/01/2005 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2566 du 22/01/2005
 

INSÉCURITÉ À L'OFFICINE

Actualité

L'événement

Même si la délinquance et le nombre des agressions déclarées ont reculé en 2004, l'insécurité reste - et restera toujours - un sujet d'inquiétude. Mais, paradoxalement, les formations sur la prévention du risque, la gestion des conflits et des publics difficiles ne font pas recette auprès des officinaux.

Type d'agressions *

Tout en prenant de nouvelles formes, l'insécurité dans les pharmacies semble connaître une légère accalmie. C'est ce qui ressort des statistiques 2004 de l'Ordre qui a reçu l'an dernier 254 déclarations d'agression, contre 268 en 2003 et 475 en 2002. Mais il est vraisemblable qu'il existe encore une sous-déclaration des agressions. Cette donnée étant une constante, le bilan chiffré reste malgré tout un bon indicateur de tendance, au moment où le ministère de l'Intérieur vient d'annoncer une baisse de 3,76 % de la criminalité en 2004 sur notre territoire.

Quel premier enseignement peut-on tirer du dépouillement des fiches reçues en 2004 ? D'abord, que les agressions surviennent préférentiellement en fin de semaine (16,5 % le vendredi et 19,7 % le samedi) et ont lieu essentiellement entre 16 et 20 heures (24,4 %), puis entre minuit et 4 heures du matin (16,9 %) et entre 4 et 8 heures (12,2 %). On note par ailleurs, sur l'année 2004, deux pics mensuels d'agression en février et avril. Au moment de l'agression, la pharmacie était ouverte dans 44 % des cas et de garde dans 13,4 % des cas.

La caisse, premier motif d'agression.

Mais qu'entend-on ici par agression ? La majorité des agressions sur personne sont des actes de violence verbale (43,8 % des suffrages parmi les répondants, comme en 2003) ou se limitent à une menace (34,3 % contre 30 % en 2003), alors qu'une agression physique est rapportée seulement par 7,5 % des répondants (contre 13,8 % en 2003). Huit de ces agressions ont motivé un arrêt de travail (12 en 2003), mais aucune n'a justifié une hospitalisation (2 en 2003). Quant aux vols à main armée, leur nombre reste stable (29 déclarations contre 31 en 2003) mais leur proportion passe de 12,3 % à 14,4 %.

Nombre d'agressions en fonction de l'heure

S'agissant des agressions sur locaux, on constate une recrudescence des cambriolages ou tentatives d'effraction en 2004 (112 déclarations en 2004 contre 99 en 2003), contrairement aux actes de vandalisme qui sont étales (34 en 2004, 31 en 2003). Pour trois quarts des pharmaciens répondants, les dégâts constatés ont été mineurs et l'on déplore seulement 22 cas de destruction partielle et 4 cas de destruction importante.

Le premier motif de l'agression reste la caisse (35,8 %) devant la recherche de stupéfiants (23,6 %). Mais le conflit né d'un refus de vente pour non-conformité de droits et celui faisant suite à tous autres refus de vente (hors stupéfiants) sont respectivement à la source de 6,3 % et 7,1 % des faits. Si le bon vieux rideau de fer a toujours son utilité, la lutte contre les effractions passe de plus en plus par des moyens modernes de surveillance des lieux. Pour protéger leurs biens professionnels, les pharmaciens ont recours le plus souvent au contrat de télésurveillance reliée à une société de service (46,5 %), à la vidéosurveillance (21,7 %) ou aux services d'un vigile (0,8 %). Peu d'officinaux (2 %) ont fait le choix d'une liaison directe avec la police et seulement 4,3 % disent avoir signé un contrat local de sécurité. Reste que 24,4 % n'ont pris aucune disposition particulière.

Des formations gratuites mais peu d'inscrits.

La baisse de la délinquance en 2004 serait-elle une explication à la faible participation des officinaux aux formations à la gestion des crises et conflits à l'officine, malgré les encouragements réitérés des instances syndicales et ordinales ? Difficile de l'affirmer. Reste que l'Action sociale pharmaceutique dresse un bilan mitigé de la convention pilote signée au début de l'année 2004 avec la CRAMIF et les syndicats de pharmaciens.

Une formation sur deux jours, par groupe d'une dizaine de participants, sur la « prévention du risque violence, agressions et agressivité en officine », prise en charge par l'OPCA-PL et le FIF-PL, a été proposée aux pharmaciens d'Ile-de-France. Sur les quatre sessions programmées, deux ont dû être annulées faute d'inscrits ! « La demande de formation des pharmaciens reste forte mais ils sont difficiles à mobiliser », constate Emilie Dupret, de Préventis, centre d'intervention pour la santé au travail, chargé de réaliser cette formation. Malgré ces résultats en demi-teinte, elle est reconduite en 2005 sur l'Ile-de-France et de nouvelles demandes de prise en charge sont en cours pour en organiser en province, notamment à Lyon, Lille et Bordeaux dans un premier temps.

Depuis 2002, la mission « Prévention et communication » de la préfecture de police de Paris, cellule spécialement mise en place dans le cadre des contrats locaux de sécurité et de prévention de la délinquance, organise également des réunions d'information semestrielles pour les commerces à risque. « Au début, une trentaine de pharmaciens y étaient présents, se souvient Catherine Crouzilhac, titulaire dans le XVIe arrondissement et référent pour l'organisation de la protection des pharmacies sur son secteur. Lors de la dernière réunion de décembre, nous étions à peine cinq ! Ceci est lié essentiellement à un manque de disponibilité. C'est vrai aussi que le nombre d'agressions sur l'arrondissement a baissé. Aujourd'hui, ce ne sont plus les braquages et les vols à main armée qui sont prépondérants mais bien les cambriolages. Avec la gratuité en pharmacie, il y a beaucoup moins de liquidités dans les caisses, alors que les effractions nocturnes permettent de revendre à la sauvette tout ce qui est petit et monnayable : Subutex, méthadone mais aussi les cosmétiques ! »

A noter : Des dates à retenir

Une nouvelle formation « Prévention du risque violence, agressions et agressivité à l'officine » se tiendra en Ile-de-France, les 17 mars et 14 avril 2005. Inscriptions : - 01 44 05 35 71

- 01 48 74 12 47

- 06 75 20 55 93

Les obligations en matière de surveillance

Rappelons que, selon le décret du 15 janvier 1997 relatif aux obligations de surveillance ou de gardiennage, toutes les pharmacies situées dans des communes dont la population municipale dépasse 25 000 habitants, ou dans une zone urbanisée contiguë d'une commune dont la population municipale dépasse 25 000 habitants, ou dans les grands ensembles et quartiers d'habitats dégradés, sont tenues d'assurer elles-mêmes leur sécurité pendant tout le temps où elle sont ouvertes au public, notamment en installant un système de télésurveillance ou en recourant au gardiennage. Les pharmaciens doivent, à la demande du préfet, faire connaître les dispositions prises pour assurer le gardiennage ou la surveillance de leurs locaux. Ceux qui contreviennent à ce décret s'exposent à une contravention de cinquième classe. Par ailleurs, le décret sur la vidéosurveillance du 17 octobre 1996, faisant suite à la loi du 21 janvier 1995 sur la sécurité, impose que toute installation d'un tel système doit faire, au préalable, l'objet d'un dossier de demande d'autorisation auprès de la préfecture ou, à Paris, à la préfecture de police.

Pourrez-vous respecter la minute de silence en mémoire de votre consœur de Guyane le samedi 20 avril ?


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