Sida : Grande cause nationale 2005

En 2003, 6 000 nouveaux cas de VIH ont été diagnostiqués en France « 32 % de ces contaminations ont eu lieu il y a moins de six mois. C'est une dynamique affolante de l'épidémie », s'est ému Christian Saout, président de l'association AIDES, durant les Etats généraux des personnes touchées par le VIH/sida.

Ces chiffres, tirés des données du dispositif de déclaration obligatoire de séropositivité, ne reflètent pourtant pas l'ampleur de la réalité. Les sous-déclarations. sont de l'ordre de 35 %, estime même l'INVS, qui insiste sur l'importance de sensibiliser à nouveau les professionnels de santé.

L'épidémie en France « est le reflet de celle qui s'étend ailleurs hors de tout contrôle », a rappelé Philippe Douste-Blazy. Tous les indicateurs sont alarmants : reprise des contaminations chez les homosexuels masculins (22 % des nouveaux cas en France, 37 % des cas en Europe de l'Ouest), part croissante des femmes (43 % des nouveaux cas en France, 50 % des personnes infectées dans le monde) tout comme des migrants d'Afrique subsaharienne. Les moins de trente ans sont particulièrement menacés. Ils représentent 29 % des cas en Europe occidentale, 45 % en Europe centrale et 73 % en Europe orientale. Seule exception en France, l'infection a été réduite à 2 % chez les usagers de drogue. Ce n'est le cas ni à l'est de l'Europe, où la prévalence varie entre 10 % et 20 %, ni en Asie.

Progression des MST.

Autre inquiétude : le relâchement des comportements qui entraîne la remontée des maladies ou infections sexuellement transmissibles. Les formes primaires de la syphilis progressent comme les infections à gonocoques. Pire : une infection méconnue émerge, la lymphogranulomatose vénérienne rectale qui provoque ulcère et ganglions inguinaux.

Paradoxalement, ce sont les progrès accomplis en matière de traitements qui ont réduit le caractère dramatique de la contamination. Philippe Douste-Blazy s'en désole : « L'infection est de plus en plus considérée comme une maladie chronique. » C'est loin d'être le cas.

Selon l'enquête ANRS-Vespa, menée auprès de 2 932 patients, 67 % ressentent fréquemment des effets secondaires, 57 % souffrent de lipodystrophies, 31% ont des troubles sexuels.

Ces chiffres sont martelés dans une série de spots télévisés depuis le 30 novembre. A partir du 9 décembre, ils seront suivis de films ciblant les jeunes célibataires, les homosexuels et les personnes originaires d'Afrique subsaharienne. Pour financer les actions de prévention et de prise en charge, le budget dédié à la lutte contre le sida et les maladies sexuellement transmissibles, fixé à 64 MEuro(s), sera maintenu en 2005. Mais les réformes en cours, notamment la loi sur le handicap, inquiètent. « Combien coûtent nos vies ? », s'est indigné Act-Up, évoquant le démantèlement de l'aide médicale d'Etat ou le refus de revaloriser l'allocation adulte handicapé. Le ministre n'a pas répondu.