« Prêt à signer la convention élargie » - Le Moniteur des Pharmacies n° 2559 du 27/11/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2559 du 27/11/2004
 

PIERRE LEPORTIER, NOUVEAU PRÉSIDENT DE LA FÉDÉRATION

Actualité

L'événement

Pierre Leportier a été élu mardi à la tête de la FSPF, après neuf années de présidence de Bernard Capdeville. Cette élection survient à un moment où la profession semble à un tournant. Les dossiers chauds sont déjà d'actualité et des choix cruciaux se profilent. Interview.

« Le Moniteur » : En quoi votre présidence différera-t-elle de celle de Bernard Capdeville ?

Pierre Leportier : Bien qu'ouvert à trois nouveaux membres, le bureau reste constitué des mêmes personnes pour l'essentiel. Il n'y aura donc pas de différence de vues quant au traitement des dossiers. Sur la forme, Bernard Capdeville est un orateur brillant qui avait l'habitude de porter la parole de la Fédération sur ses épaules en termes de communication. Je me vois plus comme l'animateur d'un groupe, en chef d'équipe garant de la politique de la Fédération, mais laissant aux responsables des dossiers une liberté de gestion. Chacun aura une grande autonomie en ce qui concerne la communication vis-à-vis de l'extérieur, mais aussi lorsqu'il s'agira de porter politiquement un dossier relevant de sa commission.

Le générique sera le premier dossier chaud de votre début de mandat. Que faut-il faire face au Comité économique des produits de santé, extrêmement ferme sur l'application de TFR ?

Comment le ministre peut-il avoir un discours volontaire sur le générique et mener une politique de TFR qui finira par démotiver génériqueurs et pharmaciens ? Si les pouvoirs publics veulent que les pharmaciens puissent continuer à substituer, ils doivent maintenir des mécanismes de rémunération incitatifs.

Votre marge de manoeuvre ne se réduit-elle pas, pour l'instant, à la simple capacité des officinaux à faire vite grimper les chiffres ?

C'est un fait. Nous avons écrit à tous les confrères, syndiqués ou non, pour leur rappeler la nécessité de substituer plus que jamais. C'était notre rôle et nous l'avons joué activement.

Les pouvoirs publics renvoient les syndicats à leurs responsabilités pour trouver d'ici fin 2004 une solution afin de juguler les marges arrière. Que proposez-vous, alors que des baisses de prix sont déjà en vue, peut-être à cette fin ?

La discussion sur les marges arrière n'est guère plus différente pour notre secteur que pour l'ensemble de la distribution : pour les GMS, la coopération commerciale représenterait l'équivalent de 30 % de remises qui ne peuvent être répercutées sur les prix publics. Dans la pharmacie, le prix (administré) ne peut pas non plus être touché. La coopération commerciale ne bénéficie donc pas à l'Assurance maladie, qui représente ici le « patient-consommateur ». Voilà pourquoi nous reproposons la solution consistant à faire profiter l'Assurance maladie d'une partie de cette coopération commerciale par un mécanisme de reversement. Ce qui renforcerait le rôle social du pharmacien dans la mesure où il participerait ainsi à l'effort d'économies. Si les pharmaciens sont raisonnables, ils comprendront qu'il s'agit là d'un contrat gagnant-gagnant.

Un deuxième gros chantier de votre début de mandat sera la convention élargie. Où en êtes-vous ?

Sur la forme, le div de 80 pages déjà rédigé couvre tout ce qui était prévu dans la convention : qualité, coordination et permanence des soins, implication dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes, dans la dispense d'avance des frais, la formation continue. En termes de qualité de soins, c'est la mise en place d'un système expert (informatique), basé sur l'utilisation du dossier pharmacothérapeutique et l'accompagnement pharmaceutique du patient. Pratiquement, les objectifs des pharmaciens seront déclinés à la manière des accords de bon usage des soins dans les conventions médicales. Ce seront donc plutôt des « accords de bon usage des médicaments ». Ils prendront la forme d'avenants conventionnels avec une logique d'engagement des pharmaciens avec l'Assurance maladie. Engagements collectifs, mais également engagements individuels. Des contrats d'objectif seront passés avec les pharmaciens. Il n'y aura pas de sanction à la clé, mais si les objectifs ne sont pas tenus des entretiens confraternels avec l'Assurance maladie (entre le pharmacien-conseil et le titulaire) permettront d'aplanir les difficultés. Le premier accord de bon usage des médicaments, figurant déjà dans le div de la convention, concerne les associations formellement contre-indiquées. Bien entendu, si on demande un travail supplémentaire aux pharmaciens dans ce cadre, ils devront logiquement être rémunérés, ce qui se fera par un forfait.

La Fédération s'est pourtant toujours opposée à l'idée d'une rémunération avec des honoraires...

Nous n'avons jamais été opposés à cette forme de rémunération. Mais il n'est pas question de remettre en cause le principe de la marge commerciale, qui comprend d'ailleurs déjà un forfait. Oui à des honoraires « en plus », pas « à la place de ». Déjà trois forfaits sont prévus dans la convention. D'une part, les pharmaciens pourront s'inscrire dans des contrats de santé publique passés entre les professionnels de santé et l'Assurance maladie sur le maintien à domicile. En tant qu'acteurs ou coordonnateurs du réseau, il est envisagé qu'ils soient rémunérés sur la base de l'avenant numéro 12 à la convention médicale*. D'autre part, l'astreinte des gardes (de jour comme de nuit) sera rémunérée à 50 Euro(s). Enfin, l'Assurance maladie s'est engagée à financer les formations qui l'intéressent et à apporter une compensation financière à l'absence des pharmaciens qui se forment sur ces thèmes. Les sorties de la réserve hospitalière pourraient être une première occasion de la mise en oeuvre de cet accord. Mais pour l'instant, la convention n'étant pas signée...

On avait annoncé la signature de cette convention pour juin. Où en est-on ? Il semble que l'Assurance maladie attende les résultats de l'enquête de représentativité des syndicats...

Tout devait être validé dans un système de séances plénières (avant une validation définitive par le conseil d'administration de la CNAM et au sein des syndicats représentatifs), mais l'assurance maladie a interrompu les discussions au printemps avant cette phase. Vous dites qu'il y a un blocage lié aux résultats de l'enquête de représentativité, mais je remarque que l'Assurance maladie ne s'était pas posé la question de la représentativité quand il s'agissait de négocier SESAM-Vitale ou pour les mises à jour Vitale. Nous sommes prêts à signer cette convention. Cela n'a pas été fait avant la réforme, le problème c'est que la priorité politique est maintenant donnée aux conventions médicales. Il va falloir attendre.

L'USPO a annoncé son intention de revoir la rédaction du div si elle est désignée comme instance représentative pour signer...

La multiplication des syndicats constitue une brouille en termes de négociation avec les pouvoirs publics ainsi qu'un motif de désyndicalisation, les pharmaciens étant las des dissensions syndicales. Quant à la convention, C'est facile dans la position de l'USPO de faire de la surenchère, sa responsabilité serait tout autre si elle était représentative.

A plus long terme, quels sont les autres dossiers d'importance qui se profilent ?

Nous devrons d'abord défendre la logique de réseau de proximité. Le pharmacien crée ainsi du lien social. Avec le vieillissement de la population, il aura nécessairement un rôle prépondérant à jouer notamment dans les réseaux de maintien à domicile. Autre dossier : le rôle de prévention du pharmacien. Nous voyons chaque jour dans nos officines environ 4 millions de Français. Nous pouvons être le relais des campagnes de prévention. Nous acceptons également de jouer le rôle de pharmacien référent. La loi nous donne désormais ce statut sur les produits de substitution aux opiacés. Nous pouvons aller plus loin. Il faudra également nous pencher sur la possibilité pour le pharmacien de renouveler les traitements des patients chroniques, compte tenu notamment de la désertification médicale, et trouver un statut juridique pour encadrer et sécuriser les délivrances en urgence liées aux prescriptions par téléphone.

Comment vous positionnez-vous par rapport au projet ordinal de « miniréseaux » de cinq officines ?

Des thèses extrêmement libérales, basées sur plus de concurrence, nous sont régulièrement présentées comme la panacée. Or, en faisant disparaître des officines, probablement très rapidement, elles remettraient en cause le réseau de proximité et, par voie de conséquence, notre rôle dans tous les dossiers que je viens de citer qui tiennent en grande partie au maillage du territoire. Pourquoi casser le système, cette proximité que l'Etat a voulu ? Les participations croisées sont une menace immédiate. Quant au projet de SEL à cinq, mon inquiétude tient à leur revente. Quel pharmacien sera capable de racheter une entité si importante en termes de capital ? L'ouverture vers d'autres sources de financement paraît alors inévitable. Dans le secteur de la biologie, qui s'est jetée sur les SEL, plus de la moitié des laboratoires sont désormais ouverts à des capitaux extérieurs.

Sans revenir sur la polémique Cyclamed, maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

Dans ses propositions pour sécuriser Cyclamed, l'ordre des pharmaciens a sans doute été trop vite. Cyclamed dispose d'un conseil d'administration dans lequel l'Ordre est d'ailleurs présent, il suffisait d'attendre qu'il prenne sa décision. Séparer les boîtages des blisters, ce ne sont pas les Français qui le feront dans bien des cas, mais les pharmaciens. Personnellement, je me suis rapproché du Leem pour lui demander d'étudier une généralisation du scellement des boîtes. En plus, l'Ordre demande également aux pharmaciens de gérer les déchets piquants et coupants : ce n'est pas leur rôle. Ces déchets sont de la responsabilité de ceux qui sont dans leur filière de soins.

* Cet accord de bon usage des soins traite de la délivrance de soins palliatifs à domicile et prévoit un forfait mensuel de 80 Euro(s) pour le médecin coordonnateur, 40 Euro(s) pour le médecin participant et un forfait mensuel de soins de 90 Euro(s). Plus des majorations de visite, urgences...

A noter

- LES RÉSULTATS

Seul candidat à la succession de Bernard Capdeville, Pierre Leportier a été élu mardi président de la FSPF avec 865 voix sur 928 votants (63 votes blancs ou nuls).

Le bureau national a recueilli 840 votes positifs face à 36 contre (48 bulletins blancs ou nuls).

- LA PLUPART DES OPPOSANTS à l'actuel bureau, qui s'étaient manifestés lors des élections de 1995 et 1998, ont quitté la FSPF pour fonder l'Action pharmaceutique libérale d'union syndicale (APLUS) en 1999, puis l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) en 2001.

Plus 100 adhérents en un an

C'est ce qu'annonce la FSPF à l'issue du décompte effectué pour l'assemblée générale qui a élu le nouveau bureau mardi, pour un total avoisinant les 10 000 adhérents. Une inversion de tendance, donc, suite à l'hémorragie qui avait suivi la création de l'APLUS puis de l'USPO. Aucune adhésion directe n'étant possible de par les statuts de la Fédération, l'adhésion de pharmaciens situés dans des départements où la FSPF ne compte plus de syndicat n'est pas possible. Cette problématique liée aux statuts sera étudiée par l'assemblée générale, note-t-on.

Le nouveau bureau national

- Président : Pierre Leportier (27).

- Vice-présidents : Jean-Pierre Lamothe (75) et Philippe Liebermann (67).

- Secrétaire général : Jean-Etienne Martineau (87).

- Trésorier : Philippe Pignard (44).

- Commission Economie : président, Jean-Pierre Lamothe ; conseiller, Jean-Marc Yzerman (02).

- Commission Exercice professionnel : présidente, Danièle Paoli (30) ; conseillère, Jocelyne Wittevrongel (36).

- Commission Protection sociale : président, Alain Jayne (13).

- Commission Relations sociales et formation : président, Jean-Etienne Martineau.

- Commission Affaires rurales/vétérinaire : coprésidents, André Kuypers (45) et Albin Dumas (07) (secrétaire général de l'APR).

- Commission Europe : président, Philippe Liebermann.

- Commission Communication : Philippe Berthelot (08).

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