Orléans résiste, la campagne s'attriste - Le Moniteur des Pharmacies n° 2559 du 27/11/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2559 du 27/11/2004
 

L'EMPLOI DANS LE LOIRET

Carrières

Le Loiret souffre d'une pénurie d'assistants et de remplaçants, en particulier dans les bourgs ruraux du nord et de l'est. L'industrie pharmaceutique, puissante dans la région, attire un nombre grandissant de jeunes diplômés.

La situation de l'emploi dans le Loiret n'est pas fondamentalement différente de celle de bon nombre de départements. Le déficit d'assistants y est chronique. Le département, qui compte 222 officines et 261 pharmaciens inscrits en section A, connaîtrait une pénurie comprise entre 10 et 20 assistants. Entre janvier et septembre 2004, l'ANPE a proposé 13 offres d'emplois de pharmaciens contre 16 demandes dont 3 venaient de pharmaciens inscrits au chômage.

Principale origine de ce déficit : le numerus clausus de la faculté de Tours, qui progresse pourtant régulièrement (73 en 2001, 80 en 2002, 87 en 2003). « C'est faible, estime le doyen Bernard Yvonnet, mais nous avons bon espoir d'arriver rapidement à 100, voire 120. » Cet objectif paraît d'autant plus réaliste que les effectifs de première année remontent progressivement : 262 étudiants en 2003 et 306 cette année.

« La formation est insuffisante, insiste Bernard Lepage, président du conseil régional de l'Ordre. Tant que nous n'atteindrons pas 100 diplômés par an, nous connaîtrons des difficultés. Jusqu'à présent, le déficit pouvait être atténué par "l'importation" de diplômés de la région parisienne ou de Limoges. Mais c'est fini ! »

Des remplaçants plus exigeants.

Le déficit s'explique également par l'attractivité de l'industrie pharmaceutique : le Centre est en effet la deuxième région française productrice de médicaments. « Auparavant, poursuit Bernard Lepage, 80 % des promotions se dirigeaient vers l'officine, on est retombé bien bas, entre 60 et 70 % selon les années. » Mais la situation de l'emploi n'est pas la même partout, selon que l'on se trouve à Orléans ou dans le reste du département. En dehors de l'agglomération orléanaise qui totalise près de 40 % de la population, le Loiret ne compte que quelques villes moyennes (comme Montargis ou Gien), de nombreux bourgs et des zones rurales jugées peu attractives.

La situation de l'emploi est plus simple à Orléans, plus compliquée ailleurs y compris dans des villes moyennes. « J'ai cherché une remplaçante pour un congé maternité, explique Didier Machicoane, président du syndicat des pharmaciens du Loiret et pharmacien à Gien. J'ai reçu deux réponses en quatre mois. »

Le problème est particulièrement crucial pour les remplaçants. A Cepoy, Anne Beauclair regrette : « Nous n'avons pas pu partir en vacances en août malgré une recherche très en amont. Nous avons dû décaler nos vacances en octobre. Nous aurons besoin d'un assistant en 2006 mais nous savons que nous aurons un mal fou à en trouver. »

Pour certains, la situation ne serait pourtant guère plus favorable à Orléans. Ainsi, selon Anne Villiers, pourtant située en plein centre : « Il est impossible de trouver un remplaçant même à Orléans. C'est une vraie galère, les jeunes diplômés ne veulent plus quitter les villes universitaires. »

Le niveau des salaires pourrait également expliquer cette désaffection. « Foutaise !, répond Bernard Lepage, si on regarde le niveau des salaires dans l'industrie ou le privé, ce n'est guère mieux. »

« Impossible de trouver un remplaçant à moins de 650-700, note Didier Machicoane, et en plus il faut l'aider à trouver un logement, ce qui représente la principale difficulté en campagne. » « C'est vrai, explique Karine Adam, de Quick Médical Service, les remplaçants sont plus exigeants et coûtent de plus en plus cher. »

A Corbeilles, Marie-José Terrillon arrive encore à trouver des pharmaciens assistants au niveau 600-650. En dessous de 600 ce n'est même pas la peine d'y penser...

« En dessous d'un coefficient 700, je ne travaille pas. »

Certains pharmaciens ont d'ailleurs choisi de n'exercer qu'en intérim. A Cerdon, Claude Mothiron assure un remplacement à la Pharmacie Comes : « Je suis proche de la retraite et immédiatement opérationnel. J'impose donc mes tarifs : en dessous de 700 je ne travaille pas. » Le président du syndicat insiste : « Si l'on veut trouver des assistants et les fixer, il y a urgence à revaloriser la profession et les salaires. »

Pour autant, l'évolution du marché du travail semble difficile à évaluer.

« Il est plus compliqué de trouver des préparateurs que des pharmaciens », analyse Karine Adam, qui a enregistré depuis le début de l'année 80 offres d'emplois d'assistants sur la région dont 70 % ont été satisfaites. A l'inverse, Christophe Chastanet, d'OCP Répartition (30 offres de pharmaciens pour 28 demandes en 2004), considère que la situation devient plus tendue.

Le marché du travail des préparateurs présente le même état critique. Le CFA d'Orléans diplôme chaque année près de 80 jeunes. « Avec une quarantaine d'offres d'emplois non pourvues, il n'y a, explique la directrice Marie-Andrée Méry, aucun problème d'emploi pour ceux qui le souhaitent. Nous pourrions former deux fois plus de jeunes, mais nous ne trouvons pas suffisamment de maîtres d'apprentissage. »

Par ailleurs, de nombreux jeunes bifurquent à l'issue de leur formation vers les laboratoires ou l'hôpital attirés par de meilleurs salaires. « Il faut faire un effort considérable sur les salaires, renchérit le président du syndicat. Mais l'apprentissage coûte cher avec des jeunes payés 80 à 90 % du SMIC sans charges sociales. »

« Je n'en prends plus, regrette Anne Villiers. Les jeunes viennent en pharmacie car ils gagnent bien leur vie durant leurs études et après ils s'en vont. J'ai donné pendant 27 ans, j'arrête. »

Le Loiret, déversoir de la région parisienne.

La situation de l'emploi en officine ne devrait pas évoluer à court terme, même si certains, comme le doyen ou le président du conseil régional de l'ordre des pharmaciens, affichent un optimisme prudent. « Tout passera par une revalorisation du métier et des salaires, insiste Didier Machicoane. Dans les dix ans, de nombreux pharmaciens vont partir en retraite. Il faut vite redevenir attractif. Et cela d'autant plus que le Loiret, déversoir des populations de la région parisienne, connaît une progression démographique soutenue. De 61 826 habitants en 1999, le département devrait en compter 750 000 en 2030. » Autant dire que les problèmes de recrutements vont devenir cruciaux.

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