La carotte et le bâton - Le Moniteur des Pharmacies n° 2559 du 27/11/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2559 du 27/11/2004
 

OFFICINE : GÉNÉRIQUES

Cahier spécial

L'annuel

Le générique est au centre du plan d'économies de santé mis en place par le gouvernement. Qui souffle tantôt le chaud (adoption de textes de nature à dynamiser le marché, reconnaissance du pharmacien...), tantôt le froid (menace de TFR, remise en cause des marges arrière...). Les pharmaciens ne savent plus sur quel pied danser.

L'année 2004 a accumulé les signes positifs en faveur du développement du générique. Dans un condiv où l'expiration des brevets de nombreuses spécialités (pour un potentiel d'environ 715 MEuro(s)) permettrait une économie en année pleine de 85 MEuro(s).

A juillet 2004, les génériques avaient généré pour la première fois, sur un an, un CA de 1 MdEuro(s) (PFHT), soit plus de 6 % du marché remboursable, en croissance de 31 % par rapport à juillet 2003. Ils ont gagné 0,7 point dans le marché remboursable et 5,3 points au sein du Répertoire. Toujours sur un an, à fin juillet, ils représentent 340 millions de boîtes vendues, soit plus de 12 % du remboursable, en progression de 23 % par rapport à juillet 2003.

« Nous sommes dans une dynamique comparable à celle des autres pays européens, commente Philippe Ranty, président du GEMME. Mais pour que le marché continue à progresser, il faut aussi augmenter la taille du Répertoire et arrêter les transferts de prescriptions qui en freinent la croissance. »

Malgré ces beaux résultats, l'impact du TFR est maintenant connu et la menace d'une nouvelle vague à court terme est réelle, même si Philippe Douste-Blazy assure ne pas vouloir en faire un usage systématique.

L'Etat lorgne sur les marges arrière

On le sait, une des clés du succès des génériques est la coopération commerciale entre génériqueurs et pharmaciens, qui fait maintenant l'objet d'une surveillance étroite des pouvoirs publics. « Lorsque le générique ne représente que 1 % ou 2 % du marché du médicament remboursable, il était normal de mettre du carburant dans le système pour le faire démarrer, explique Jean-Marc Yzerman (commission Economie de la FSPF). Mais l'Etat ne peut plus accepter de conserver les mêmes marges arrière alors que le marché du Répertoire, qui représente, en 2003, 3,6 MdEuro(s) contre 20 MdEuro(s) hors Répertoire, pèsera demain 9 MdEuro(s) par rapport à un marché hors Répertoire de 15 MdEuro(s). Les pharmaciens doivent se faire à l'idée qu'ils ne peuvent retirer les mêmes avantages qu'au temps où le marché était immature. » Or les marges arrière représenteraient aujourd'hui 0,4 point de taux de marge !

Pour les génériqueurs, la coopération commerciale devient plus difficilement soutenable. « Les marges arrière viennent rémunérer une prestation rendue par le pharmacien, il n'est donc pas logique qu'elles soient plus fortes quand les prix des génériques augmentent, estime Philippe Ranty. Il faut un système de régulation de l'offre et de la demande, sans sanction et avec reversement à la collectivité. »

Peut-on échapper aux objectifs individuels ?

Par ailleurs, le gouvernement a annoncé qu'il y aurait de nouvelles baisses de prix. D'après le président du GEMME, seront visés d'abord « les génériques de gros volumes, très implantés, avec un prix important et jugé trop chers au regard du prix européen ». Une façon aussi de récupérer une partie des marges arrière.

Les officinaux, qui substituent en moyenne à 70 %, peuvent trouver la pilule amère. « On ne pourra pas échapper à des objectifs individuels et à des sanctions, estime Patrice Devillers, président de l'USPO. Les marges arrière ne suffisent pas à déclencher le réflexe générique chez certains. Par contre, les diminuer ou les supprimer risque de provoquer un coup de frein chez ceux qui substituent. »

Au sein du répertoire, les génériques ont rejoint leurs princeps en valeur et les ont dépassés en volume

Les derniers « blockbusters » génériques commercialisés (oméprazole, paroxétine...) offrent de nouveaux modèles en termes de progression des génériques. En à peine quelques mois, le taux de pénétration des génériques de l'oméprazole a franchi la barre représentative des 60 %. L'arrivée dans le Répertoire d'autres « poids lourds » analogues ne peut donc qu'accélérer le potentiel générique de l'officine. L'inscription de l'oméprazole et de la paroxétine a eu pour effet d'augmenter de 15 % l'importance du Répertoire en valeur ! A fin août 2004, ce dernier représente plus de 16 % du marché des médicaments remboursables en CA et près de 24 % en volume. En chiffre d'affaires, les génériques représentent 8 % du marché remboursable et la moitié du Répertoire (donc un CA égal à celui des princeps) et, en unités, ils représentent respectivement 14 % et 58 %.

Si l'on regarde le marché évoluer sur 12 mois, les données sont légèrement différentes. Le CA du Répertoire ne pèse plus que 14 % du marché remboursable et celui des génériques 7 %. Mais six boites sur dix vendues sont des génériques en ce qui concerne les produits inscrits au Répertoire.

LE PHARMACIEN ARTISAN DE L'EXPLOSION DU GÉNÉRIQUE

Depuis janvier 2000, le marché des médicaments génériques a quadruplé, passant de 434 MEuro(s) à 1 756 MEuro(s) sur les douze derniers mois à juillet 2004. Cette dynamique est le fruit de l'implication massive, sans précédent, des officinaux dans la substitution. On voit nettement que l'accord de juin 2002 entre les médecins et la CNAM a eu un impact positif immédiat sur le marché en facilitant la substitution du pharmacien, même si, sur le terrain, l'engagement des médecins à prescrire 25 % de lignes sous DC est loin d'être une réalité. Leur part n'a jamais dépassé les 8,3 %.

les économies de remboursement pour la sécu dues aux génériques

- 2000 : 97 MEuro(s)

- 2001 : 133 MEuro(s)

- 2002 : 183 MEuro(s)

- 2003 : 255 M

« LE GÉNÉRIQUE EST ACCROCHÉ À DES BRANCHES QUI CASSENT »

On voit que si l'on observe l'évolution du marché du Répertoire à périmètre constant (on a choisi ici d'arrêter le Répertoire au 15.01.03), il dégringole. En effet le Répertoire vit de produits anciens appelés tôt ou tard à être détrônés dans les prescriptions par des médicaments plus récents. Du fait de ce turnover lié au cycle de vie des produits, le Répertoire ne peut que décroître si on ne l'élargit pas, même si en son sein les génériques maintiennent leur part de marché. De ce fait, malgré ses élargissements successifs, le Répertoire est stable et plafonne à 21 % des unités de l'ensemble du remboursable. « Le générique est accroché à des branches qui cassent », fait remarquer Bernard Barjot, directeur « synergies opérationnelles » chez AstraZeneca.

Les objectifs de substitution sont à portée de main de la profession

Elle atteint 49 % en valeur et 58 % en unités à fin juillet 2004. Il ne s'agit que de moyennes derrière lesquelles se cachent des disparités plus ou moins importantes selon les groupes génériques mais elles montrent que les objectifs de taux de substitution attendus par le gouvernement sont à portée de main de la profession. Les cassures au niveau de la courbe de croissance correspondent à la parution d'un nouveau Répertoire ou à ses extensions successives qui ont pour effet dans un premier temps de diluer la part de marché des génériques.

LE TFR N'EST PAS LA RÉPONSE ADAPTÉE

La première vague de groupes génériques sous TFR a été mise en oeuvre en septembre 2003. Elle concernait 29 molécules, soit 61 groupes génériques. L'évolution du marché depuis montre que les laboratoires de princeps peuvent l'utiliser pour influer sur le taux de substitution. Le non-alignement du prix des princeps sur les TFR a permis aux génériques d'accroître significativement leurs parts de marché en unités vendues (78 % à fin juillet 2004). Au contraire, l'alignement du prix des princeps sur le TFR fait perdre des parts de marché au générique (il tombe à 43 %). Autre constat : la part de marché des génériques non soumis au TFR dépasse celle des princeps (60 %).

« LE PREMIER SUBSTITUEUR N'EST PAS LE PHARMACIEN MAIS LE VISITEUR MÉDICAL »

Les destinées se croisent : descente aux enfers pour les princeps Mopral et Zoltum, ascension pour les génériques de l'oméprazole. Mais on s'aperçoit aussi que les concurrents du Mopral (Ogast, Pariet, Lanzor, Inipomp...) ou son petit frère Inexium, destiné à reprendre le flambeau chez AstraZeneca, s'enhardissent. La promotion des laboratoires de princeps et la pression exercée auprès du corps médical ont eu raison des médecins qui se détournent de ces deux spécialités tombées dans le domaine public au profit de médicaments encore protégés par des brevets, coupant ainsi l'herbe sous les pieds à la substitution du pharmacien. « Le premier substitueur n'est pas le pharmacien mais le visiteur médical », observe Jean-Marc Yzerman.

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