Yves Trouillet en appelle aux médecins - Le Moniteur des Pharmacies n° 2557 du 13/11/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2557 du 13/11/2004
 

ASSOCIATION DE PHARMACIE RURALE

Actualité

L'événement

Yves Trouillet a été réélu à la tête de l'APR. Trois dossiers préoccupants, selon lui, guideront son troisième mandat. La liberté d'installation des médecins, qu'il souhaite en harmonie avec le réseau officinal, le numerus clausus et enfin les SEL. Explications.

Fidèle à ses engagements depuis sa création, l'Association de pharmacie rurale (APR) se veut plus que jamais l'avocat du réseau de proximité. Et il y a de quoi plaidoyer. En 2004, la loi de répartition démogéographique a encore été attaquée par un certain nombre d'amendements glissés dans le projet de loi sur le développement des territoires ruraux - mais heureusement rejetés -, visant notamment à diminuer à 1 500 habitants le quota de population par pharmacie en zone de montagne. Un autre amendement entendait autoriser la création de pharmacies secondaires dans les zones touristiques.

« Alors que l'on parle de regrouper les pharmacies, certains sont tentés d'en créer plus, ceci n'est pas logique et démontre qu'il faut rester vigilant sans jamais relâcher notre veille sanitaire et parlementaire », constate Yves Trouillet. Pour l'APR, la répartition des officines doit rester ancrée dans le cadre d'une loi de santé publique destinée à offrir à chaque malade un service de proximité de qualité. Elle ne doit pas devenir un moyen permettant aux pharmaciens de prospérer économiquement. Aussi bonne soit-elle, « cette loi ne suffit pas à elle seule pour garantir un réseau de proximité », estime Yves Trouillet. Selon lui, trois dangers la menacent. Tout d'abord, la liberté d'installation des prescripteurs, l'absence de médecins dans certaines zones risquant d'influencer fortement le devenir de certaines officines. « Aujourd'hui, elles ne se revendent plus et vont disparaître. Il faut donc motiver les médecins à réfléchir à une restructuration de leur réseau à l'identique de la loi de répartition des officines. Aussi souhaitons-nous que cette concordance des réseaux soit l'objet d'une concertation médecins/pharmaciens, à l'instar de ce qui s'est fait pour la permanence des soins et les gardes. »

Relever le quota de population à 3 000 habitants.

Le deuxième danger évoqué par Yves Trouillet concerne les études pharmaceutiques et le déficit de pharmaciens qui se destinent à un exercice rural. « La situation que nous connaissons aujourd'hui est comparable à celle des médecins. Notre numerus clausus ne permet plus le renouvellement naturel de notre profession et, faute de combattants, les pharmacies ne se rachèteront plus. » Yves Trouillet souhaite que « le ministre de la Santé fasse preuve de la même promptitude qu'avec les médecins pour relever le numerus clausus des pharmaciens », mais s'interroge aussi sur l'intérêt de maintenir le concours en première année : « La loi de répartition est déjà en soi un frein à l'installation, par conséquent, a-t-on vraiment besoin d'une sélection draconienne dans les facultés, alors que certains étudiants, peut être moins brillants que d'autres, aspirent à exercer en pharmacie rurale ? »

Le président de l'APR est convaincu que la communication de la profession destinée à donner envie aux jeunes de s'installer en milieu rural doit aller de pair avec le maintien d'un tissu médical proche des officines et le développement de l'exercice à plusieurs titulaires, via des regroupements sans préjudice pour le service de proximité. Pour faciliter ce type d'opération, il demande un relèvement du quota de population à 3 000 habitants de façon à rendre impossible une création dans la zone libérée, une fois que deux officines se seront regroupées.

Le troisième danger, à ses yeux, réside dans les SEL. Yves Trouillet persiste à dire qu'elles ne s'intéressent qu'au business et en aucune façon à la santé publique, qu'elles ne permettent pas d'intégrer les jeunes diplômés, ni de leur offrir une fiscalité avantageuse pour s'installer. Il n'est pas plus favorable au fait qu'une SEL puisse détenir jusqu'à cinq pharmacies car ce schéma ne garantit pas la cohésion et la proximité du réseau. « La tentation sera grande pour la SEL à la recherche de rentabilité de répondre à la désertification médicale par la fermeture d'une de ses officines. On peut imaginer qu'elle acquière ensuite une nouvelle officine dans un autre endroit. Résultat : le maillage des officines s'en trouvera altéré. »

Antiparasitaires externes : la dérogation touche à sa fin

Concernant la dispensation du médicament vétérinaire, un nouvel amendement a été déposé à la faveur du débat parlementaire sur la loi d'orientation et d'aménagement des territoires ruraux, mettant fin à la dérogation qui permet aux animaleries et grandes surfaces de vendre des antiparasitaires externes. Adopté en première lecture à une large majorité par les députés, cet amendement est en navette au Sénat avec, cette fois, un sérieux espoir d'être accepté. « S'il passe, les pharmaciens détiendront 80 % du marché des antiparasitaires externes, souligne Vincent Ramon, vice-président de l'APR, responsable du dossier vétérinaire. Par conséquent, à nous d'être à la hdiv ! »

Sur le secteur des animaux de rente, l'APR défend plusieurs propositions pour redonner au pharmacien, en tant que premier ayant droit, ses lettres de noblesse. Si elle est opposée à un quelconque statut de pharmacien prescripteur, l'APR continue en revanche à revendiquer des exonérations pour les substances vénéneuses, même si ce processus est long et laborieux.

L'attribution d'un « mandat sanitaire » précis au pharmacien, sanctionnée par un agrément qui lui donne droit de dispenser les médicaments inscrits sur la liste positive des médicaments du « plan sanitaire d'élevage », pourrait, selon Vincent Ramon, être plus rapide. Le « plan sanitaire d'élevage » individuel est, en effet, une notion reprise avec l'audit d'élevage du vétérinaire « qui permet de dissocier l'acte de prescription de l'acte de délivrance. L'ordonnance étant préétablie, l'éleveur aurait donc le choix de son fournisseur ».

A noter : Pierre Crouchet quitte l'APR

Après douze années d'activité, Pierre Crouchet, vice-président de l'APR, n'a pas souhaité renouveler, pour des raisons personnelles, son mandat au sein du bureau de l'APR. Il entend maintenant se consacrer un peu plus à sa famille et à des fonctions moins prenantes comme celles de président du club Pharmacies et partenaires pour la santé.

Les maisons de retraite, « un laboratoire vivant » pour expérimenter le dossier médical

- En janvier prochain, le groupe de travail sur le médicament dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes devrait rendre son rapport au ministre de la Santé. L'enjeu est de taille car il déterminera le rôle du pharmacien dans ces établissements. Pour Yves Trouillet, l'approvisionnement des maisons de retraite est d'importance car « les personnes âgées de ces établissements, en faisant partie des quotas de population, ont contribué à construire le maillage des pharmacies ».

Dans ces lieux, « le pharmacien est le mieux placé pour sécuriser la dispensation des médicaments, lutter contre le risque iatrogène, participer au suivi des personnes âgées ou réfléchir à ce qui peut être amélioré, par exemple baisser leur consommation en médicaments sans conséquence dommageable pour leur santé. Ceci pourrait être réalisé dans le cadre d'un travail d'équipe et de mise en commun des données du patient avec les infirmières et le médecin coordonnateur ». Yves Trouillet revendique également pour le pharmacien une mission de formation des aides soignantes.

Enfin, les maisons de retraite représentent selon lui un « laboratoire vivant » pour expérimenter le dossier médical personnel puisqu'il est acquis, comme l'a annoncé Xavier Bertrand, que les pharmaciens y auront accès.

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