IATROGENÈSE : Une campagne pour éduquer personnes âgées et professionnels de santé - Le Moniteur des Pharmacies n° 2555 du 30/10/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2555 du 30/10/2004
 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

Un grand nombre d'effets indésirables pourraient être évités. L'éducation des patients, en particulier les personnes âgées, est indispensable.

Deux tiers des effets indésirables seraient évitables chez les personnes âgées. L'iatrogenèse est donc un fléau qui méritait que l'on parte en campagne, comme l'ont fait les instances professionnelles.

Les plus de 65 ans sont spécialement visés, les effets indésirables étant deux fois plus fréquents chez eux. Les raisons ? Davantage de pathologies cumulées, mauvaise observance (près d'un sujet âgé sur deux est inobservant) et fréquente insuffisance rénale chronique qui modifie le métabolisme des médicaments. L'effet iatrogène survient le plus souvent au décours d'un changement dans la vie du malade (déménagement, deuil, vague de chaleur...).

En pratique, l'idée maîtresse de cette campagne est d'ouvrir le dialogue avec la personne âgée pour qu'elle ose parler des problèmes qu'elle rencontre avec ses médicaments. Votre rôle ? Déculpabiliser celle qui ne sait pas à quoi servent les différents médicaments de son ordonnance ou qui ne s'y retrouve plus depuis qu'on lui donne des génériques. Rassurer en cas de changement de prescription ou d'arrêt de prescription. Enquêter sur les médicaments pris par ailleurs en automédication. Etre vigilant sur toutes les modifications de comportement qui pourraient signer un effet iatrogène : confusions, chutes, asthénie...

Lancée par le mouvement Santé en action, qui regroupe 18 adhérents dont les Ordres des pharmaciens et des médecins, la campagne s'articule autour d'une affiche pour amorcer le dialogue, d'un document à l'attention des professionnels de santé présentant cinq tableaux typiques liés à un effet iatrogène, et d'une brochure destinée aux patients. Tous ces documents seront distribués aux officinaux par l'intermédiaire des grossistes, dans les caisses de livraison.

Cette campagne de sensibilisation prend un poids supplémentaire au regard d'une étude menée par l'Association pédagogique nationale pour l'enseignement de la thérapeutique (APNET).

La moitié des effets indésirables évitables due à un mésusage.

Près de 16 % des patients admis* dans des services d'urgence et ayant pris au moins un médicament présentaient vraisemblablement un effet indésirable. L'âge était un facteur favorisant majeur ainsi que les polypathologies, la mauvaise observance... Ce travail, dirigé par le Pr Patrice Queneau, président de l'APNET, a été mené pendant deux fois une semaine en 2003 dans sept services d'accueil et d'urgence auprès de 1 663 patients. Les 263 patients qui ont présenté un effet indésirable probable, vraisemblable ou très vraisemblable, selon la terminologie utilisée en pharmacovigilance, étaient globalement plus âgés (63 ans en moyenne) et prenaient un plus grand nombre de médicaments (5,8) que les ceux sans effet indésirable médicamenteux.

Plus les patients absorbent de médicaments, plus le pourcentage d'effet indésirable s'accroît : 11 % avec un seul médicament et jusqu'à 32 % avec plus de dix. L'augmentation des accidents est particulièrement nette au-delà de quatre.

Les symptômes observés peuvent paraître anodins : malaises et vertiges dans 18 % des cas, puis troubles digestifs (14 %), neurologiques (11 %) ou endocriniens (9 %). Les médicaments incriminés sont aussi parmi les plus fréquemment prescrits : psychotropes, diurétiques, anticoagulants, médicaments cardiovasculaires, antalgiques et AINS.

Dans presque un cas sur deux l'effet indésirable était évitable car il résultait d'un mauvais usage du médicament, par le malade le plus souvent (53 %), voire par le médecin (47 %). Ce dernier péchait « essentiellement par imprudence, notamment chez les patients à risque », selon les divs. La moitié des malades faisait preuve vis-à-vis du traitement d'une mauvaise observance caractérisée, et un tiers arrêtait brutalement, de façon récente et inappropriée. Enfin, 10 % s'automédiquait de manière inadéquate par AINS, psychotropes ou antalgiques. « Certains effets indésirables médicamenteux ont pu être induits ou favorisés par une mauvaise compréhension du traitement par certains malades pouvant faire évoquer [...] une éducation thérapeutique insuffisante. »

Face au caractère évitable d'un grand nombre d'effets indésirables, l'APNET préconise des mesures préventives, dont la formation initiale et continue de tous les soignants afin d'acquérir une meilleure maîtrise de la prescription et un « réflexe iatrogène ». Un programme pédagogique destiné au patient devrait également être prévu avec une éducation thérapeutique initiale et entretenue des malades ainsi qu'une éducation à la santé de tous les citoyens.

* A l'exclusion des moins de 15 ans, des pathologies traumatiques ou obstétricales, des cas d'ivresse aiguë, des intoxications volontaires ou pour des raisons sociales.

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