Ils ont signé avec Santéclair - Le Moniteur des Pharmacies n° 2554 du 23/10/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2554 du 23/10/2004
 

CONTRATS OFFICINE/ASSUREUR

Actualité

L'événement

Santéclair a convaincu 500 pharmaciens de mettre en place des paniers de soins à prix modérés. Syndicats et groupements se disent plus que jamais opposés à ce qu'ils considèrent comme une volonté de mainmise des assurances privées.

Comme tous ses confrères, Eudes Lefèvre, titulaire à Besançon, a reçu un mailing de Santéclair en décembre dernier qui l'a convaincu. « Le concept était original. Ce qui m'a plu est qu'on donnait accès à des produits de qualité à des personnes qui ne les achètent pas forcément en officine, comme les produits buccodentaires. Les paniers de soins proposés par Santéclair comprennent également des autotensiomètres, des substituts nicotiniques... Cela participe à l'effort de prévention. ». « On voit de plus en plus de produits qui ne sont pas pris en charge correctement par l'assurance maladie, explique Thaou Boyer, titulaire dans l'Aveyron, autre signataire de l'accord. Au sein de l'officine, nous sommes en contact avec beaucoup d'étudiants. Ils n'ont pas de remboursement pour les contraceptifs. Les gens ont des besoins. Mon souhait est que pharmaciens et assureurs puissent y répondre. »Comme eux, 500 pharmaciens ont adhéré au contrat. « Nous avons jugé ce nombre suffisant pour lancer l'offre auprès de nos assurés, explique Marianne Binst, directrice générale de Santéclair. Nous commençons à avoir un maillage géographique suffisant, notamment en Bretagne, et nous ne comptons pas seulement, comme on nous l'avait assuré, des pharmacies de centres commerciaux. »

300 000 assurés contactés.

Le 15 septembre dernier, une première vague de courriers a donc été envoyée. 300 000 des 5 millions de clients que comptent les assureurs et l'institut de prévoyance affiliés* ont été informés de l'existence du réseau de pharmaciens qui vient compléter celui de 1 040 opticiens, lancé en 1999, celui des 2 700 chirurgiens-dentistes (2000) et celui des centres de myopie (2002).

Optique, dentiste ou pharmacie, les trois réseaux de professionnels de santé fonctionnent sur le même modèle : les professionnels adhérent à un contrat qui fixe des prix limités sur des produits ou prestations définis par les assureurs. Pour l'officine, rappelons-le, Santéclair propose une trentaine de paniers de soins dont il fixe le prix global, le pharmacien restant libre de le moduler comme il le souhaite entre les différents produits. Le principe est bien de proposer des prix inférieurs au marché : ils sont entre 7 et 18 % moins élevés que la moyenne des prix relevés par IMS Health, comme nous le précisions en novembre 2003. « Pour être avantageux, il faut se situer au-dessous du prix moyen du marché, assure Marianne Binst. Il est important que le client se rende compte qu'il y a des différences de prix d'une pharmacie à l'autre. » Ni Eudes Lefèvre ni Thaou Boyer n'ont eu à baisser leurs prix. « A Santéclair d'agréer ou non les miens, mais je pratique depuis longtemps une politique dynamique en termes de prix », explique Thaou Boyer, dont l'officine réalise un chiffre d'affaires de 3,7 millions d'euros. « Mes prix étaient déjà en dessous de ceux proposés par Santéclair, précise à son tour Eudes Lefèvre, qui emploie vingt-cinq salariés. Mais une petite pharmacie risque de ne pas pouvoir suivre les prix proposés. »

Le contrat a été adressé à toute la profession, comme le demandait l'ordre des pharmaciens. Mais comme le précise le document interne de Santéclair, que Le Moniteur (n° 2508) avait déjà évoqué, le réseau vise certaines pharmacies, « celles à fort potentiel, bénéficiant d'un bon positionnement géographique et/ou pratiquant une politique de prix concurrentiels [...], des titulaires qui font déjà des effort sur les prix ».

2 000 pharmacies cibles.

Santéclair affirme ne pas avoir fixé d'objectif en termes de nombre d'adhérents. « Quand nous les avons rencontrés l'an dernier, les responsables souhaitaient pourtant atteindre les 2 000 pharmaciens, précise Gilles Brault-Scaillet, président du Collectif des groupements. Les atteindront-ils ? Pas si sûr, si l'on se réfère à nouveau à leur document interne qui précise : "par expérience, en optique et en chirurgie dentaire, le professionnel intéressé signe rapidement et il y a peu de candidatures spontanées par la suite". »

Un réseau de 500 adhérents ? Pierre Leportier, de la FSPF, ne voit pas où est l'intérêt de l'offre pour les signataires : « Cinq cents adhérents, cela signifie une pharmacie sur quarante. Or quand on sait qu'en France on compte en moyenne une pharmacie tous les six kilomètres, cela représente une pharmacie tous les deux cent cinquante kilomètres. Les gens se déplaceront-ils ? On a fait miroiter l'idée que signer le contrat permettrait d'augmenter son flux de clientèle. Je pense que les pharmaciens ne verront pas un assuré de plus. En revanche, le contrat les oblige à respecter des engagements, notamment celui de baisser les prix sur des produits non remboursables. Et ce type de contrat a vocation à les faire baisser régulièrement. Des clauses de révision sont d'ailleurs prévues. » Santéclair a effectivement mis en place une commission de suivi qui se réunira tous les six mois. La liste des paniers de soins et les tarifs sont susceptibles d'être modifiés en fonction de l'évolution du marché et des modifications législatives.

Opposé au contrat, le Collectif des groupements y voit cependant une piste de réflexion. « Il y a un intérêt manifeste à ce que les complémentaires prennent en charge des produits mal ou non remboursés dans le cadre de paniers de soins, estime Gilles Brault-Scaillet. Mais, même si le contrat a été modifié et amélioré, il reste malgré tout en sens unique. Le pharmacien va se trouver avec un payeur type Sécu et avec des prix contrôlés à la baisse. Ces assureurs représentent au mieux 5 % de la population. C'est surtout un coup de pub pour Santéclair. On peut néanmoins réfléchir sur ce concept. Le Collectif défend la prescription dans le cadre du petit risque. Mais il faut éviter que tel ou tel assureur nous fixe ses prix. En tout état de cause, nous avons donné clairement des indications aux dix groupements membres du Collectif pour qu'ils ne souscrivent pas. »

* Santéclair, société de services, représente AGF, MAAF/MMA, l'institut de prévoyance Ipeca, Omnirep (société d'assurances collectives des personnes), Quatrem (organismes paritaires chargés de la protection des commerciaux), Ageo (courtier en assurances) et Aon (courtier).

Les paniers de soins Santéclair

Rien de nouveau par rapport à ce que nous évoquions en novembre dernier : le contrat n'a pas connu de modifications. Il repose sur un système de panier de soins par thématiques. Trousse à pharmacie, dysfonctions érectiles, contraceptifs de 3e génération, hygiène buccodentaire... En tout, 31 paniers qui contiennent au total une centaine de produits. Ce sont soit des médicaments onéreux, innovants, prescrits (comme le Viagra, le Xenical), soit des médicaments très demandés par le consommateur (antipoux, sérums physiologiques) soit des produits qui « ont un vrai sens de santé publique » (tests d'autosurveillance, patchs nicotiniques), comme le détaille un document interne de Santéclair. Contrairement à la première version, présentée en 2002, Santéclair ne fixe plus le prix de chaque produit et n'impose plus de marques.

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