Docteur Cinéma - Le Moniteur des Pharmacies n° 2551 du 02/10/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2551 du 02/10/2004
 

PORTRAIT DE THIERRY LEFEBVRE

Carrières

Le parcours professionnel de Thierry Lefebvre est on ne peut plus atypique. D'abord attaché des Hôpitaux de Paris et conférencier au musée du Cinéma, il est aujourd'hui maître de conférences en sciences de l'information et de la communication. Gros plan sur un pharmacien cinéphile.

Il était une fois un pharmacien passionné des médias en général et de cinéma en particulier. Après avoir entamé une carrière hospitalière, Thierry Lefebvre est aujourd'hui maître de conférences en sciences de l'information et de la communication. Mais son activité ne s'arrête pas là. Travelling arrière.

Thierry Lefebvre est inscrit en pharmacie à l'université René-Descartes de Paris-V. Comme nombre d'étudiants, il travaille pendant ses études : remplacements en officine, inventaires, cours privés. Il y associe aussi d'autres expériences, plus étonnantes pour un futur pharmacien : il fut responsable technique et animateur dans une des premières radios libres parisiennes, Fréquence libre, ou encore pigiste au Matin de Paris. Ouvert et curieux, Thierry n'hésite pas à s'engouffrer dans ces voies parallèles tout en poursuivant son cursus à la fac.

Le cinéma et son histoire passionnent Thierry depuis l'adolescence et il fréquente assidûment la Cinémathèque française. Thierry y effectuera même son service civil pendant seize mois où il sera chargé de faire l'inventaire des collections de films. Puis il devient documentaliste à la bibliothèque, qui se situait à l'époque au palais de Chaillot.

De l'hôpital au cinéma.

En 1986, Thierry Lefebvre obtient son diplôme de docteur en pharmacie. Le sujet de sa thèse : « Le personnage du pharmacien au théâtre et au cinéma ». Ou comment concilier pharmacie et cinéphilie. La même année, il devient titulaire d'une licence d'études cinématographiques et d'audiovisuel. Mais il ne laisse pas tomber pour autant la pharmacie. Ne se voyant ni en officine, ni dans l'industrie, il choisit le secteur hospitalier pour démarrer sa vie professionnelle. « J'avais déjà effectué mes stages à l'hôpital. J'ai voulu continuer à travailler dans le service public. Après avoir fait fonction d'interne à l'hôpital Saint-Louis, je suis devenu attaché à l'hôpital Antoine-Béclère de Clamart », se souvient-il. Pharmacien responsable des produits de la réserve hospitalière et du suivi des cohortes « VIH+/sida » et « hépatites B/C », il suit à ce titre le développement de l'épidémie de sida entre 1987 (arrivée du Retrovir dans les hôpitaux) et 1997 (mise en place des trithérapies) et coopère avec le tissu associatif.

« J'ai commencé à m'intéresser à cette époque à l'anthropologie de la maladie, à travers notamment les écrits d'Hervé Guibert que j'ai rencontré à l'hôpital Antoine-Béclère où il était traité et où il décédera. » Thierry prend aussi des gardes en toxicologie, collaborant avec les urgences de nuit. « Une période extrêmement intéressante mais fatigante ! », confie-t-il. Ce qui ne l'empêche pas de continuer, parallèlement, à s'intéresser activement aux médias et au cinéma.

Thierry collabore à plusieurs encyclopédies comme pigiste : Chronique du cinéma, le Catalogue des restaurations de la Cinémathèque française, etc. En 1987, il passe sa maîtrise d'études cinématographiques et d'audiovisuel et, en 1988, obtient un DEA en cinéma-télévision à Paris-I. « Durant quatre ans, j'ai été conférencier au musée du Cinéma. Les conférences s'adressaient aussi bien à des enfants scolarisés qu'à des enseignants du secondaire », précise-t-il. Thierry est aussi chargé de cours à l'UFR Cinéma de Paris-III. Sa spécialité : l'histoire du cinéma, de la radio et des médias. En 1996, il obtient un doctorat d'études cinématographiques et d'audiovisuel.

Histoire des médias, critique de l'information.

« J'ai postulé, à tout hasard, pour devenir maître de conférences à Paris-VII. J'ai obtenu le poste. Avec cette nomination, j'ai été contraint de démissionner de mon poste à l'hôpital. Avec quelques regrets puisque j'aurais aimé pouvoir conserver une ou deux vacations. Le cumul étant impossible, il fallait faire un choix », confie Thierry. Sa carrière hospitalière s'achève en 1997 avec le titre d'« attaché en premier ». Ce qui ne l'empêche pas de collaborer régulièrement avec la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie, en participant à des rapports collectifs.

A Paris-VII, Thierry enseigne l'histoire des médias, axant une partie de ses cours sur la critique de l'information contemporaine. Il s'occupe en outre d'un DESS formant les scientifiques à l'écriture. L'objectif est de permettre aux titulaires d'une maîtrise, d'un DEA ou d'un doctorat (y compris les pharmaciens et les médecins) d'accéder au journalisme scientifique ou à des emplois de médiation dans des organismes publics (musées, etc.).

Thierry s'est par ailleurs toujours intéressé au thermalisme. Depuis deux ans, il a entrepris un travail de longue haleine : étudier avec sa compagne, pharmacienne en officine, l'évolution du thermalisme en France tout en effectuant des recherches sur le terrain. « Depuis le milieu du XIXe siècle, plus d'un millier de communes françaises ont exploité une ou plusieurs sources. Cela concerne tout aussi bien les établissements de bains, de boissons, les usines d'embouteillages, etc. Aujourd'hui, des centaines sont à l'état de friche. Mon travail consiste à aller voir ce qu'il en subsiste, retrouver les traces, comprendre le déclin de certains établissements jadis prestigieux. Je fais ce que l'on pourrait appeler de l'ethnologie industrielle », explique-t-il.

Malgré un emploi du temps très chargé, Thierry Lefebvre n'a pas totalement abandonné la pharmacie. « Je collabore à la Revue d'histoire de la pharmacie depuis 1987 et la dirige depuis bientôt huit ans. J'ai une prédilection pour les personnages originaux, leur évolution, les anecdotes qui ponctuent leur parcours. »

Le septième art a trouvé son pharmacien de première classe.

Le parcours de Thierry

- 1960 : naissance à Paris.

- 1986 : doctorat de pharmacie à Paris-V.

- 1988 : DEA en cinéma-télévision (Paris-I).

- 1993 : chargé de cours à Paris-III (UFR Cinéma).

- 1996 : doctorat d'études cinématographiques et d'audiovisuel (Paris-III).

- 1997 : nommé maître de conférences en sciences de l'information et de la communication à Paris-VII.

- 2004 : parution de ses deux derniers ouvrages : La chair et le Celluloïd (J. Doyen éditeur) et, en octobre, un ouvrage codirigé, Sur les pas de Marey (L'Harmattan).

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