Aphrodisiaques : Désir sans ordonnance - Le Moniteur des Pharmacies n° 2547 du 04/09/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2547 du 04/09/2004
 

MARCHÉ

Entreprise

L'avènement de la « pilule bleue » et la médiatisation des problèmes de couple profitent au marché des aphrodisiaques vendus sans ordonnance. Pour peu que le pharmacien joue le jeu de l'exposition, leurs ventes progressent. Au grand plaisir de la clientèle.

La sexualité est importante aux yeux de 72 % des Français. Et, à en croire les résultats de la dernière enquête sur leurs comportements sexuels (Ipsos/Lilly-ICOS en novembre 2003), 58 % désirent améliorer leur vie sexuelle. Si les patients présentant des troubles de l'érection vont désormais demander une aide médicamenteuse à leur médecin, les personnes souffrant de fatigue sexuelle adoptent de plus en plus les solutions phytothérapiques proposées en pharmacie.

« La mise sur le marché du Viagra a fait tomber de nombreux tabous et nous profitons certainement de ce changement des mentalités », analyse Paul Morant, directeur marketing chez Forté Pharma. Avec Tigra Pill, premier tonique sexuel vendu, le laboratoire surfe donc sur la vague du Viagra, en jouant l'équivoque au niveau des consonances. A noter également que le produit a été lancé au même moment que le célèbre médicament. Ce n'est pas un hasard. « Cependant, je trouve regrettable que les pharmaciens restent frileux dans leur référencement car les ventes de Tigra, comme toutes celles des produits sans AMM de la sphère génito-urinaire, augmentent de 30 % en valeur », rapporte Paul Morant. On retrouve cette progression à deux chiffres pour l'offre des 3 Chênes (second acteur sur le segment des aphrodisiaques) : l'Ampoule du Désir et le patch Puissance X qui se colle au niveau de l'aine pour des nuits plus câlines. « Dans les officines où nos produits sont implantés, ils récoltent les fruits d'une réelle fidélisation et leurs rotations se révèlent identiques au reste de notre gamme », confie Thierry Péanne, P-DG du laboratoire.

Dans le sillon des compléments alimentaires.

Force est de constater que le marché des toniques sexuels, réalisant un chiffre d'affaires de 500 000 euros par an (cumul annuel mobile à mars 2004, source fabricant), est considéré comme une niche promue à un bel avenir. Les stimulants du désir profitent aussi du succès croissant des compléments alimentaires, les Français recherchant de plus de plus des alternatives aux médicaments. « Nos produits ont l'avantage d'être naturels et ne présentent pas de contre-indications », précise Thierry Péanne.

« La phytothérapie a toute sa légitimité sur le marché de la vitalité sexuelle, qui s'affiche via des produits spécifiques mais existe aussi depuis longtemps à travers le ginseng », estime Stéphane Chareyre, directeur marketing chez Arkopharma. Pour lui, pas de doute, les Arkogélules Ginseng doivent en partie leur succès (150 000 boîtes vendues par an) à leurs promesses cachées mais bien connues des consommateurs en quête de meilleures performances sexuelles. A lui seul, le marché du ginseng en pharmacie représente près de 9,4 millions d'euros par an.

Nul doute, l'achat des aphrodisiaques « purs et durs » est encore limité par la peur du qu'en-dira-t-on. « Pourtant, les produits s'adressent à monsieur et madame Tout-le-monde désirant simplement maintenir leurs performances », informe Thierry Péanne. « Nous nous positionnons dans le cadre de l'asthénie sexuelle et passagère et non dans celui de l'impuissance », insiste Stéphane Chareyre. Reste que les ventes se conjuguent plutôt au masculin. Logique, puisque nombre de produits s'adressent directement à eux. Arkopharma vient même de relooker Ginseng Forte aux codes couleurs (dominante de bleu) des préservatifs.

L'offre se féminise.

Mais la baisse de la libido n'étant pas uniquement l'apanage des hommes, l'offre cible désormais leurs conjointes. Avec Phytofluide Passion, dernier-né de la gamme Phytofluide, le laboratoire Arkopharma a pris le pari de parler aux femmes. « Sur le packaging, nous avons mis une photo de couple évocatrice mais loin d'être torride », explique Stéphane Chareyre. Le message autour du produit est avant tout axé sur la vitalité du couple. L'occasion de se démarquer des promesses très hard caractérisant les produits douteux vendus par correspondance (bois bandé...). Il faut cependant reconnaître que les consommateurs ignorent souvent que les pharmacies commercialisent des stimulants sexuels.

« L'exposition de ce type de produits est capitale pour ouvrir le dialogue et donner aux clients le prédiv d'en parler, ne serait-ce que sur le ton de la plaisanterie », affirme Thierry Péanne. Objectif : dédramatiser l'acte d'achat. Et les acteurs interrogés de constater une hausse des ventes lorsque les produits sont placés à proximité des préservatifs et des gels lubrifiants.

Si l'exposition des tonifiants sexuels est un premier pas vers le consommateur et la consommatrice, elle doit s'accompagner d'une communication afin de les replacer dans un condiv de santé. « Aujourd'hui, il y a peu de communication et c'est une erreur. En pharmacie, il faudrait parler d'énergie sexuelle et intégrer les produits au sein d'un univers "forme et vitalité" », analyse Paul Morant, qui prépare pour 2005 un relancement de Tigra.

Pas de corne de rhinocéros ni de sperme de cerf en pharmacie, l'offre ne promet pas de miracles, elle répond à un réel besoin qui, en France, commence à s'exprimer. A vous de lui donner les moyens de s'affirmer.

Réaction : BÉNÉDICTE TASSART Titulaire à Lyon (Pharmacie de l'Opéra)

Les produits aphrodisiaques se trouvent juste sous les préservatifs, en libre-service. Je les considère comme un complément naturel répondant à un besoin de plus en plus marqué. Il est évident que les clients n'entrent pas dans l'officine spécialement pour acheter ces produits, mais les exposer suscite des questions. Nous n'hésitons pas à avoir une approche décontractée et à mettre les clients à l'aise. Il faut normaliser ce type d'achat, comme celui des préservatifs. C'est notre philosophie. Nous mettons en avant le côté naturel, l'absence d'effets secondaires et le prix abordable des compléments alimentaires. Nous avons une clientèle de passage, ce qui favorise l'achat anonyme. Les consommateurs sont principalement des hommes autour de la quarantaine.

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