Un pharmacien exemplaire - Le Moniteur des Pharmacies n° 2546 du 28/08/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2546 du 28/08/2004
 

Actualité

Enquête

A trente et un ans, en ce début d'été 1914, André Cusset coulait une paisible vie de pharmacien de province. Au coeur du vieux Saint-Etienne, derrière le comptoir de la pharmacie de la place Neuve qu'il tenait depuis six ans, il dispensait délivrances et bons conseils d'apothicaires aux côtés de son épouse Marie. A l'étage, le modeste appartement qu'ils occupaient avec leurs trois premiers enfants leur imposait cependant une disponibilité permanente.

Le 18 juillet, toute la famille avait fêté le premier anniversaire du petit dernier. Sans imaginer un seul instant que l'assassinat d'un archiduc à Sarajevo, héritier du trône d'Autriche, allait provoquer l'embrasement de l'Europe deux semaines plus tard.

« A fait preuve d'un dévouement constant ».

Mobilisé, le jeune lieutenant de réserve André Cusset partit à la guerre comme des millions de ses contemporains, persuadé qu'elle ne durerait pas plus de quelques mois. Il ne retrouvera son officine et les siens qu'en novembre 1918. Entre-temps, il aura obtenu une permission exceptionnelle de quelques jours, début 1918, pour enterrer sa fille aînée emportée par une diphtérie à l'âge de dix ans.

De la Champagne au pied des Vosges, avant de revenir à Reims pour y connaître les terribles offensives allemandes du printemps et de l'été 1918, le pharmacien-lieutenant, puis capitaine Cusset, vécut quatre années d'ambulance en ambulance, au milieu de milliers de blessés et de morts.

« Mon père parlait très peu de ce qu'il avait connu pendant la guerre », témoigne son dernier fils Paul. René, l'avant-dernier, complète : « Il évoquait surtout ses souvenirs avec d'autres anciens combattants, amis et clients de la pharmacie. Catholique pratiquant, il avait été très marqué, notamment par l'incendie de la cathédrale de Reims, pilonnée par les obus allemands. »

Gazé en avril 1918 à l'ypérite - le terrible « gaz moutarde » - aux portes de Reims alors qu'il assurait la mise à l'abri de blessés dans des caves à champagne, André Cusset fut cité le 27 juillet 1918 à l'ordre de la 134e division d'infanterie en ces termes : « Pharmacien aide-major de 1re classe à l'Ambulance 223, fait preuve d'un dévouement constant. Intoxiqué sérieusement par gaz vésicants en portant secours aux hommes de l'ambulance atteints sous un violent bombardement, a refusé de se laisser évacuer en avril dernier ; a donné récemment un bel exemple en prenant la direction de l'embarquement de nombreux blessés sous un bombardement continu. »

Remobilisé en 1939.

Devenu spécialiste des gaz de combat, « mon père donna ensuite des conférences sur le sujet à des officiers de réserve durant les années 20 et 30 à travers toute la France », rapporte son fils René. Mobilisé une nouvelle fois en 1939 à cinquante-six ans, il revêtira l'uniforme quelques mois encore jusqu'à l'été 1940, comme pharmacien-commandant à l'hôpital de Vichy. « Certains Allemands ayant du respect pour les anciens de 1914, raconte encore René Cusset, ils ne le firent pas prisonnier et lui permirent de rentrer à Saint-Etienne pour s'occuper de sa pharmacie. » Une officine qu'il aura tenue durant quarante années, comme ses deux prédécesseurs, jusqu'en 1954, deux ans avant de mourir à l'âge de 72 ans.

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