Un beau coup de filet - Le Moniteur des Pharmacies n° 2546 du 28/08/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2546 du 28/08/2004
 

LABORATOIRES BIOMARINS

Carrières

Les laboratoires spécialisés dans la conception de brevets et de produits à base de composés marins font appel à des pharmaciens. Si vous avez la fibre marine, plongez ! La mer est pleine de ressources...

C 'était il y a trois ou quatre ans, les algologues de la faculté des sciences de Luminy, à Marseille, m'ont montré un spectre d'extraits d'algues qui était exactement celui d'un filtre solaire. L'idée a été de rechercher les algues qui contenaient ces molécules servant de filtres naturels chez les animaux marins, explique Dominique Pradines, responsable recherche-développement chez Thalgo (200 salariés, 40 millions d'euros de CA). Nous en avons fait un brevet d'application, Sun'ytol, destiné à des produits cosmétiques. » Recrutée en 1983 pour ses compétences en cosmétique, cette pharmacienne a développé diverses applications pour les produits de soin mais aussi pour les produits professionnels destinés aux centres de thalassothérapie, spas, centres de bien-être... Depuis trois ans, le laboratoire a également ouvert une division nutrition qui s'occupe de développer des compléments nutritionnels (infusions, barres diététiques...) vendus en pharmacie. « Elle compte aujourd'hui sept personnes au siège, détaille Robert Sandoz, directeur de la division. Pour l'aspect réglementaire, nous faisons appel à un pharmacien conseil qui travaille en externe. »

Le boom du biomarin.

Produits solaires, crèmes de soins pour le corps ou le visage, compléments nutritionnels mais aussi sérums physiologiques..., l'utilisation des algues et, pour certaines entreprises, de l'eau de mer s'est largement diversifiée. Démarrée il y a une trentaine d'années, l'exploitation des ressources marines fait florès. « Les gens recherchent tout ce qui est naturel. La mer a cette connotation, comme le bio qui est aussi en plein développement », explique Dominique Pradines. Les découvertes des richesses marines sont loin d'être achevées : la mer est constituée de plus de 500 000 espèces aquatiques et 25 000 algues dont moins de 30 espèces sont exploitées aujourd'hui.

A quelques exceptions près, comme Thalgo située dans le Var, les entreprises siègent près de la côte bretonne, réputée pour ses algues. Citons Algotherm (du groupe Batteur) à Landerneau, Océalys à Brest, Goëmar et Phytomer à Saint-Malo, Science et Mer au Relecq-Kerhuon près de Brest... La plupart travaillent en collaboration avec des instituts de recherche (comme l'Ifremer) et les laboratoires des facultés de sciences de la région. Ainsi, chez Science et Mer (65 personnes, 6,2 millions d'euros de CA), Bénédicte Morel travaille avec le laboratoire de recherche Lebham (laboratoire d'écophysiologie et de biotechnologie des halophytes et algues marines) de la faculté des sciences de Brest. Depuis quatre ans, elle gère « les projets de recherche sur les actifs marins, le procédé pour extraire ces molécules et tous les tests sur les extraits d'algues pour la fabrication des cosmétiques ou de produits pour les centres de thalassothérapie ». Parmi les dernières découvertes, citons celle des molécules osmolytes qui protègent les algues contre la déshydratation.

Des applications en OTC, en agriculture...

Est-ce difficile d'intégrer un secteur si spécifique ? Pas pour Bénédicte Morel, dont c'est le premier poste, qui s'est appuyée sur ses connaissances, notamment en matière de cosmétique acquises lors du DESS de cosmétologie de Châtenay-Malabry. « Science et Mer cherchait une personne polyvalente et qui pouvait s'occuper de tests de A à Z », souligne-t-elle. Pas de difficultés non plus pour Sophie Jolivet, pharmacienne et responsable validation au sein des laboratoires Goëmar : « L'environnement marin est composé d'ions, d'oligoéléments, de sodium, de chlorure, de magnésium, tout ce qu'on a pu voir au cours de nos études. » Etudes qu'elle a complétées par un DESS « Qualité totale et biotechnologies ». Recrutée à la suite de son stage de fin d'études chez Goëmar, cette jeune pharmacienne s'occupe de la partie validation (équipements neufs, dont une nouvelle ligne de remplissage acétique, et méthodes de nettoyage). Elle est devenue en outre, en mai dernier, pharmacienne responsable et assure le respect des bonnes pratiques de fabrication pour l'ensemble des opérations pharmaceutiques (fabrication, retrait de lots, pharmacovigilance...).

Les laboratoires Goëmar ne créent pas et ne fabriquent pas que des produits de soins. L'essentiel de leurs activités est concentré sur l'OTC (sérums marins) et l'agriculture (vaccins pour stimuler les défenses naturelles des plantes). Les pharmaciens sont les bienvenus (Goëmar en emploie cinq : marketing, production, validation, achats et réglementaires). Un recrutement est en cours : « Nous cherchons un pharmacien confirmé aux affaires réglementaires et développement qui ait cinq à sept ans d'expérience. Le poste est à pourvoir à Saint-Malo où sont situés le siège et l'usine de production », explique Anne Beaulieu, responsable de la communication.

De son côté, Thalgo se développe : « Nous sommes un peu à l'étroit au sein du laboratoire recherche-développement. J'espère pouvoir recruter l'an prochain car nous sommes en train de construire un nouveau bâtiment de 700 à 800 mètres carrés en face de notre siège, explique Dominique Pradines. J'aimerais prendre des stagiaires pharmaciens car la cosmétique devient de plus en plus scientifique. »

Pourtant, être diplômé en pharmacie et pourvu d'un DESS n'est pas une garantie car ce secteur est aussi friand d'autres profils. Ainsi, chez Phytomer, on n'emploie pas de pharmaciens mais on préfère des chimistes et des biochimistes.

SALAIRES

- Pour son poste de responsable validation et pharmacien responsable, Bénédicte Morel annonce un salaire annuel de 32 000 euros.

- Dominique Pradines, responsable d'un laboratoire de recherche, touche 45 000 euros brut.

FORMATION

- La faculté de pharmacie de Nantes propose un DESS de cosmétologie qui comprend un module optionnel de cosmétique marine. Une orientation que le laboratoire de pharmacie industrielle et de cosmétologie explique par la localisation géographique : « En raison de la grande façade maritime de notre région, nous privilégions les cours sur la valorisation des ressources végétales d'origine marine (algues, plantes halophiles). »

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