BILAN 2003 KPMG DE LA PHARMACIE : Un taux de marge préservé - Le Moniteur des Pharmacies n° 2544 du 10/07/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2544 du 10/07/2004
 

ÉCONOMIE

Entreprise

Hausse du chiffre d'affaires et stabilisation du taux de marge en 2003. Derrière des résultats relativement satisfaisants, la situation de la pharmacie d'officine reste néanmoins précaire et les mesures annoncées, en ayant une incidence directe sur les remises et marges arrière, risquent de remettre en cause ce fragile équilibre.

Jusqu'ici, les bilans successifs ont fait régulièrement ressortir une double tendance : une hausse de l'activité, variable selon les catégories de pharmacies concernées, et un tassement de la marge commerciale en pourcentage plus ou moins important également selon la typologie de l'officine. A en juger par les résultats des statistiques établies par KPMG Entreprise à partir des comptes de résultat de 671 pharmacies clientes ayant clôturé leur exercice au cours de l'année 2003, cette dernière ne s'inscrit pas dans cette logique que l'on croyait immuable. En effet, 2003 se caractérise globalement par une augmentation de l'activité et contrairement aux années précédentes, un taux de marge qui reste inchangé, à 28,49% comme en 2002. La lente érosion du taux de marge que l'on constate chaque année a donc été momentanément stoppée au cours de l'exercice 2003 grâce aux effets salvateurs des ventes de génériques.

« Le taux de marge a bénéficié des contrats de coopération commerciale avec les génériqueurs et notamment des surremises ou autres marges arrière », indique Jérôme Sirot, expert-comptable et responsable national du réseau pharmacie de KPMG. « Mais jusqu'à quand ? », se demande-t-il. Selon une étude du cabinet Smart Pharma Consulting, sous l'effet des surremises et/ou des marges arrière sur les génériques, le taux de marge sur cette catégorie de médicaments remboursables s'élève à 52,6 % (par rapport au prix public HT) et la part contributive du générique dans la marge totale de l'officine est de 10,7 %.

Les officines de plus de 1 500 kEuro(s) de CA s'en sortent mieux. Quoi qu'il advienne, « la hausse du CA moyen des pharmacies conjuguée au maintien du taux de marge a engendré une évolution de la marge en valeur de 13 kEuro(s) en 2003 », souligne Jérôme Sirot. Exprimée en pourcentage, cette progression de la marge a été en moyenne de 4,61 %, sachant que les officines de plus de 1 500 kEuro(s) de CA ont mieux tiré leur épingle du jeu (+ 5,15 %) que celles de moins de 1 500 kEuro(s) (+ 4,41 %).

Dans cet échantillon, où plus de la moitié est représentative de pharmacies situées en zone urbaine, la progression du chiffre d'affaires (CA hors taxes), même si elle n'a pas été aussi forte qu'en 2001 et 2000, a été légèrement supérieure à 2002, avec un taux de progression de 4,42 % pour l'exercice 2003. Ainsi, le CA moyen des officines dans l'étude KPMG s'est élevé à 1 122 kEuro(s)contre 1 033 kEuro(s) en 2002. Parmi elles, 22 % ont réalisé moins de 800 kEuro(s) de CA, 25 % plus de 1 500 kEuro(s) tandis que 53 % ont enregistré un CA compris entre 800 et 1 500 kEuro(s).

On constate des disparités en fonction de la taille des officines, les pharmacies de plus de 1 500 kEuro(s) ayant une progression de CA plus importante (+ 4,77 % en moyenne) que celles de moins de 1 500 kEuro(s) (+ 4,17 %). Par ailleurs, toutes pharmacies confondues, 25 % de l'échantillon KPMG a connu une progression de CA inférieure à 0,94 %, tandis qu'un autre quart a progressé de 7,98 % et plus.

Ce mouvement semble se poursuivre puisque, selon les premières estimations de KPMG, l'activité aurait déjà progressé entre 3 % et 4 % sur le début de l'année 2004. Cependant, ces estimations ne reflètent pas la baisse de marge des grossistes-répartiteurs arrêtée par les pouvoirs publics en février dernier et celle des remises qu'ils consentent aux officinaux, qui n'ont fait sentir leurs effets qu'à partir du second trimestre 2004.

Concernant les frais de personnel, on peut dire que ce poste est désormais bien maîtrisé par les pharmaciens. « Les 35 heures sont maintenant bien absorbées », relève Jérôme Sirot. En dépit de la pénurie de personnel, facteur possible de surenchérissement des salaires, les frais de personnel ont représenté un pourcentage moindre du CA en 2003 (9,67 % contre 9,74 % en 2002). Le niveau du poste « autres achats et charges externes » a baissé très légèrement (4,11 % du CA contre 4,22 % en 2002), celui des cotisations sociales de l'exploitant a évolué également très faiblement, mais à la hausse (représentant 2,91 % du CA), et l'autonomie financière des pharmaciens s'est un peu accrue, ce qui traduit une poursuite du désendettement des officines.

Une gestion plus rigoureuse des titulaires. Autre paramètre important : la performance commerciale de gestion, un ratio similaire à l'excédent brut d'exploitation (EBE), mais qui, à la différence de ce dernier, ne tient pas compte des cotisations sociales et de la CSG déductible du titulaire. Dans le droit fil de l'évolution du précédent ratio, la performance commerciale de gestion s'est améliorée, passant de 14,76 % en 2002 à 15,16 % en 2003, retrouvant par là même son niveau de 2000. « La rentabilité intrinsèque des pharmacies est meilleure », conclut Jérôme Sirot.

L'ensemble de ces éléments 2003 influence positivement la rentabilité des officines qui s'en trouve forcément revigorée : le taux de résultat net est remonté de 9,33 % du CA en 2002 à 9,53 % en 2003. Ce sont encore une fois les officines de plus de 1 500 kEuro(s) de CA qui ont obtenu les meilleurs ratios (9,79 % du CA contre 9,44 % pour les officines de CA inférieur à cette tranche), même si l'écart s'est stabilisé depuis trois ans entre ces deux catégories (0,3 à 0,4 point de différence).

A propos, enfin, des paramètres conditionnant la trésorerie de l'officine, « la rotation des stocks en 2003 s'est située à environ 38 jours comme les années précédentes, observe Jérôme Sirot. Le crédit client a eu tendance à diminuer puisqu'il a été proche de 9 jours en 2003, alors que le crédit fournisseur a été stable, à 38 jours ». Dès lors, le besoin en fonds de roulement s'est maintenu entre 2002 et 2003 et s'est situé à 10 339 kEuro(s) pour l'exercice considéré. « Ceci témoigne d'une gestion plus rigoureuse de la trésorerie par le titulaire », commente-t-il.

Jérôme Sirot s'attend à retrouver ces principaux ratios de l'officine plutôt bien orientés pour 2004, sans toutefois être supérieurs aux valeurs de 2003. « Le mot d'ordre du gouvernement étant la maîtrise des dépenses de santé, il ne faut pas espérer gagner des points de rentabilité, même si l'effet générique se fera encore sentir sur l'ensemble de l'exercice 2004 », estime-t-il. Cet expert-comptable pense, par ailleurs, que la progression de CA ne devrait pas dépasser les 4 %. Et d'ajouter : « 2005 risque d'être un tournant pour les officines car le niveau des remises et marges arrière sur les génériques ne durera pas éternellement. » En revanche, selon lui, la sortie massive de médicaments de la réserve hospitalière pourrait constituer un nouveau ballon d'oxygène appréciable.

à retenir

Une année 2003 plutôt positive avec une hausse du chiffre d'affaires conjuguée à une stabilisation du taux de marge (28,49).

Un gain en rentabilité avec un taux de résultat net de 9,53 % en 2003.

Prévisions 2004 : une année de répit et de consolidation, avant d'amorcer un virage en 2005.

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