Petits arrangements avec la VPC - Le Moniteur des Pharmacies n° 2542 du 26/06/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2542 du 26/06/2004
 

Actualité

Enquête

DocMorris aura beaucoup de mal à s'implanter chez les Helvètes. Car depuis la disparition en 2003 de MedicaDirect, leur principal concurrent, Mediservice et la Pharmacie de la Rose ont occupé le terrain de la VPC. Estimé à 56,25 MEuro(s), le volume d'affaires de ces deux opérateurs reste limité au regard de l'ensemble du marché du médicament suisse. Trois ans après l'ouverture du marché, la VPC en représente 3 %, soit 79,57 MEuro(s). Son expansion se heurte à plusieurs obstacles structurels : chaque habitant se trouve, à de rares exceptions près, à moins de quinze minutes d'une officine et les « médecins dispensants » achèvent de mailler le territoire.

Alliances avec les caisses.

Helsana, l'une des caisses d'assurance maladie suisses, est actionnaire de Mediservice. Si ce marché s'étend, il le doit avant tout à l'appui des caisses : la VPC leur fait faire jusqu'à 15 % d'économies en renonçant aux deux taxes (par patient et par ligne prescrite) et en leur faisant un rabais de 7 %. Les officinaux, qui prélèvent les deux taxes, ne leur concèdent qu'un rabais de 2,7 %. Néanmoins, l'extension de la VPC semble peu à craindre car, pour libéral qu'il soit, le législateur n'en est pas moins strict. Deux conditions régissent ce marché : les produits doivent être prescrits par un médecin et une ordonnance originale doit être produite. En cas de transmission directe par le prescripteur, l'ordonnance électronique suffit grâce à un traçage (600 médecins sur 14 408 ont recours à ce procédé à la Pharmacie de la Rose).

Mediservice, le premier à avoir fait de la VPC en Suisse, a été rejoint en 2001 par la Pharmacie de la Rose, grossiste créé en 1993 avec pour vocation première l'approvisionnement des « médecins dispensants » (marché dont elle détient 30 %). C'est donc sur cette base que la Pharmacie de la Rose (193 MEuro(s) de CA, dont 31 MEuro(s) en VPC qui a doublé entre 2002 et 2003), également actionnaire à 50 % du fabricant de génériques Helvepharm, a développé une activité officinale. « C'est une officine tout à fait normale. Dotée d'un système électronique unique dans ce secteur en Europe, la Rose contrôle les interactions, passe au crible le contenu de chaque envoi », explique Kurt Eberle, qui s'enorgueillit de pouvoir garantir une « traçabilité quasi absolue » (lire ci-contre). La Pharmacie de la Rose assure un délai de livraison à J + 1 dans toute la Suisse. Elle devrait bientôt rejoindre sur le sol allemand son concurrent Mediservice, qui n'a pas attendu la libéralisation de ce marché, en janvier dernier, pour y poser ses valises.

« Il est naturel que nous dédommagions les médecins »

Kurt Eberle, président de la Pharmacie de la Rose (Apotheke zur Rose)*, tient les officines pour superflues. Il est détesté par les pharmaciens mais s'en moque. Il faut dire que la Pharmacie de la Rose a un atout de taille : 1 700 médecins en sont actionnaires.

« Le Moniteur » : On vous suspecte d'être à la limite de la légalité...

Kurt Eberle : Je sais que nos pratiques sont suivies de très près par les avocats de certains pharmaciens. Mais, fin 2003, suite à une plainte déposée par des officinaux, Swissmedic, l'autorité compétente pour la loi sur le médicament, a déclaré qu'il n'y avait rien d'illégal dans nos activités. D'ailleurs plus de la moitié des caisses d'assurance nous recommandent à leurs assurés...

Vous incitez les médecins à passer commande chez vous moyennant un dédommagement de 3,12 Euro(s) par ligne...

Je ne vois pas où est le problème. Ces ordonnances électroniques, qui représentent 60 % de nos commandes, nous évitent de faire des erreurs et de perdre du temps en déchiffrage, donc de l'argent. Il est naturel que nous dédommagions les médecins pour leur investissement.

Outre ces 3,12 Euro(s) par ligne, vous mettez à leur disposition un logiciel, vous renoncez aux deux taxes et vous accordez un rabais de 7 % aux caisses ou dans certains cas aux patients. Comment pouvez-vous, dans ces conditions, assurer votre rentabilité ?

Avec nos marges, de telles conditions contractuelles sont possibles sans problèmes ! En fait, chez nous, tout est question de productivité, d'ordre de grandeur et, surtout, notre grand secret, c'est que nous restons focalisés sur un seul secteur : celui des médecins prescripteurs, des médecins dispensants et des patients.

Il n'est pas question que nous nous adressions à d'autres canaux de distribution comme les pharmacies ou les drogueries. Pas davantage, nous imaginons mettre nos installations et notre savoir-faire à la disposition d'un autre produit que le médicament.

Propos recueillis par Marie Luginsland

* La Pharmacie de la Rose compte deux cent salariés, pour un chiffre d'affaires. de 193,15 MEuro(s).

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