J'irai revoir ma pharmacie - Le Moniteur des Pharmacies n° 2540 du 12/06/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2540 du 12/06/2004
 

QUITTER L'INDUSTRIE POUR L'OFFICINE

Carrières

Ils étaient pharmaciens responsables, directeurs de production ou en charge de la qualité. Devenus titulaires ou adjoints, les anciens industriels ont souvent un mode d'exercice atypique. Témoignages.

Nous avons de nombreux appels téléphoniques de pharmaciens travaillant dans l'industrie qui souhaitent se tourner vers l'officine. Tous ne choisissent pas forcément de passer par une formation comme la nôtre, explique Geneviève Chamba, professeur à la faculté de Lyon et responsable de la formation « Actualisation de connaissances pour la pratique officinale » (lire ci-dessous). Certains sont très pressés car ils ont une opportunité pour acheter une officine dans les mois à venir, d'autres mûrissent leur projet depuis plusieurs années. Ils se tournent vers l'officine parce qu'ils sentent que leur situation et celle du laboratoire pour lequel ils travaillent n'évolueront pas ou parce qu'ils ne supportent plus la pression hiérarchique. D'autres encore, nourris par leur expérience de l'entreprise, ont tout simplement envie de gérer leur propre affaire. »

« Etre seul maître à bord. »

Qui sont ces « dissidents » de l'industrie qui ont bravé la conjoncture pour revenir vers leurs premières amours ? Frédéric Sabran a démissionné en 1995 de son poste de directeur commercial marketing zone Asie chez Mérieux pour s'installer à Irigny, dans le Rhône. « Passé la quarantaine, j'avais envie d'être seul maître à bord. Cinq années ont été nécessaires pour aboutir dans mes projets de création. Mais cela m'a permis de le faire dans les meilleures conditions, raconte Frédéric Sabran. Sinon, je pense que je n'aurais peut-être pas pris le risque de racheter une affaire existante, s'endetter d'un million d'euros est trop aléatoire dans les conditions économiques actuelles. »

Aucun regret, donc, et après neuf années d'exercice Frédéric Sabran tire un bilan très positif de son aventure vers l'officine : « Le plus difficile a sans doute été d'attendre que se concrétise le dossier de création. J'ai commencé par travailler trois mois chez des confrères et amis avant de m'installer. La pratique au comptoir est venue assez vite et en six mois j'étais totalement efficace. Côté gestion, j'avais, je le pense, un net avantage par rapport à mes jeunes confrères qui sortent de la filière officine. Mon expérience en matière de gestion du personnel par exemple m'a beaucoup aidé. Cela a parfois choqué mes confrères. Je me souviens avoir essuyé des remarques réprobatrices de la part de certains lorsque j'ai choisi d'associer le nom de ma préparatrice sur l'annonce de ma création ! »

« Profiter un peu plus de ma famille. »

Les négociations commerciales avec les laboratoires furent aussi largement simplifiées par son expérience passée. « Les représentants sentent tout de suite que l'on vient de l'industrie », note Frédéric Sabran. Le néo-titulaire met pourtant en garde les candidats.

« Lorsqu'il s'agit d'une création, il n'y a pas à hésiter, mais ce cas de figure reste très rare. En ce qui concerne le rachat d'une officine, même si les pharmaciens venant de l'industrie sont en général bien placés pour déceler les éventuels risques financiers à la lecture du bilan, il faut veiller à racheter une affaire saine qui puisse offrir de réels développements. Le capital investi doit rester raisonnable. Je pense d'ailleurs que l'association est la solution la plus sécurisante pour y parvenir. Enfin, je recommanderais à ceux qui sont tentés par l'expérience de passer voir des confrères qui ont déjà sauté le pas et qui pourront les aider à mener à bien leur projet », conclut Frédéric Sabran.

Jean-Claude Bejuy a quitté son poste de directeur d'un site de production chez BioMérieux après vingt-cinq ans de bons et loyaux services. Son objectif : devenir pharmacien adjoint pour pouvoir revenir dans sa région et profiter un peu plus de sa famille. « A cinquante-cinq ans, je ne souhaitais pas devenir titulaire car je ne suis pas certain que l'avenir des officines soit très rose. »

Jean-Claude Bejuy porte un regard très lucide sur le monde de l'industrie mais aussi sur celui de l'officine. Chacun ayant ses avantages et ses inconvénients : « L'industrie est un monde exigeant mais très intéressant. J'ai commencé par travailler au contrôle qualité puis j'ai terminé ma carrière en manageant plus de cinq cents personnes. Je me suis vraiment épanoui durant toute cette époque et j'ai pu jouir d'une véritable autonomie. L'industrie offre des opportunités de carrière variées et enrichissantes. Cet univers de haute technologie est à mille lieues de ce que peut apporter l'officine. Mais cette dernière offre le contact avec la clientèle et le relationnel au sein de petites équipes a des charmes inconnus dans l'industrie. »

De vraies relations humaines.

Car l'industrie, c'est aussi beaucoup de stress. Les visions industrielles des grands laboratoires se font de plus en plus à court terme et la culture du résultat est très forte. Jean-Claude Bejuy a pu ainsi trouver à l'officine des relations humaines que l'industrie ignore : « A l'officine, la personnalité du titulaire et son management sont importants pour souder et intéresser son équipe. Cela rejaillit forcément sur le chiffre d'affaires et l'ambiance. Cette compétence se répercute également sur la clientèle et tout le monde y trouve son compte. »

Cette double expérience, entreprise et officine, donne finalement une façon d'exercer originale à ceux qui l'ont acquise. Entre désir d'apprendre un nouveau métier et savoir-faire à partager, c'est l'officine qui est gagnante. Reste à trouver la création de ses rêves ou l'équipe idéale.

- LES FORMATIONS POUR REJOINDRE L'OFFICINE

La faculté de pharmacie de Lyon (comme celle de Paris-I) propose une formation spécifiquement dédiée aux pharmaciens souhaitant reprendre une activité officinale après plusieurs années d'interruption.

Au programme, plusieurs modules sont effectués avec les cinquième année. La principale, « Dispensation des médicaments », se déroule sur 110 heures du 1er octobre au 10 mars. « Cette formation comprend trente heures de cours magistraux assurés par des médecins et des pharmaciens. L'objectif est de pouvoir prendre en charge un patient avec une pathologie donnée. Nous insistons beaucoup sur le suivi thérapeutique », explique Geneviève Chamba, responsable de la formation.

Cinq autres modules sont proposés : « Approche du conseil à l'officine », « Organisation de pratique officinale », « Maintien à domicile », « Nutrition » et « Informatique à l'officine ». L'inscription a lieu jusqu'en septembre.

Pour tout renseignement complémentaire , s'adresser au Pr Geneviève Chamba,

tél. : 04 78 77 71 66.

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1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

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