La science propose, le virus dispose - Le Moniteur des Pharmacies n° 2523 du 14/02/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2523 du 14/02/2004
 

GRIPPE AVIAIRE

Actualité

L'événement

Nom de code : A/H5N1. Origine : Asie. Signe particulier : peut se transmettre à l'homme. Le virus de la grippe aviaire inquiète la communauté scientifique. Le point sur ce qui pourrait devenir un nouveau fléau.

Dix pays touchés, quatorze décès, des millions de poulets éliminés... et la crainte d'une véritable pandémie si le virus H5N1 devient transmissible d'un homme à l'autre. Car tous les scénarios sont permis, les mutations virales échappant malheureusement à la maîtrise de la science.

Voici, en huit questions, les risques que nous courons si le virus venait à muter.

Comment se transmet la grippe aviaire à l'homme ?

Chez les poulets, le virus de la grippe (influenza) envahit les cellules de la trachée et des intestins. La transmission se fait lors de contacts étroits, prolongés ou répétés avec les sécrétions respiratoires ou les déjections d'animaux infectés. Les symptômes chez l'homme sont ceux d'une grippe sévère avec des troubles respiratoires.

Pourquoi s'inquiéter ?

« Nous savons depuis longtemps que les oiseaux sont porteurs de virus grippaux mais, habituellement, les souches aviaires sont peu adaptées à l'homme. Dans le cas qui nous préoccupe, il s'agit d'un virus grippal appartenant à un sous-type H5 particulièrement dévastateur et qui se diffuse rapidement chez les volailles, d'où un risque de contamination humaine accru, précise Anna-Maria Burguière, directrice adjointe au Comité national de référence de la grippe (France Nord) à l'Institut Pasteur. Des cas de transmission à l'homme d'un autre virus (A/H7N7) ont été observés au printemps dernier aux Pays-Bas, mais les symptômes chez l'homme étaient bénins et la diffusion du virus limité. »

Comment une transmission interhumaine est-elle possible ?

D'après Anna-Maria Burguière, ce scénario s'avère tout à fait possible dans la mesure où une même personne est coïnfectée par le virus humain de type A et le virus de la grippe aviaire. Un échange de segments génomiques pourrait se produire et donner naissance, du jour au lendemain, à des virions issus de ce réassortiment génétique. Autre hypothèse : l'adaptation progressive du virus aviaire à l'homme par une accumulation de mutations ponctuelle.

Quelle est la probabilité d'un tel événement ?

Nul ne le sait. Tout dépend des capacités d'adaptation du virus chez l'homme. On peut seulement affirmer que seules certaines combinaisons peuvent créer une souche hautement pathogène, c'est-à-dire adaptée à l'homme tout en possédant des caractéristiques aviaires non reconnues par son système immunitaire.

La vaccination actuelle protège-t-elle contre le virus aviaire ?

« Non, le vaccin dont nous disposons n'a aucune action contre le virus aviaire puisque sa composition est basée sur les souches circulant dans les mois précédents. Aujourd'hui, l'OMS décortique la souche aviaire et étudie les virus isolés sur les cas humains. Après cette identification, il faut savoir que l'élaboration d'un vaccin adapté demande de toute façon plusieurs mois », explique Anna-Maria Burguière.

Pour autant, la vaccination actuelle permet d'éviter aux personnes exposées au virus H5N1 une coïnfection avec le virus humain, condition nécessaire à la recombinaison génétique des deux souches.

Quel type de prévention existe en France ?

Il est désormais interdit d'importer des volailles et des oiseaux de compagnie provenant des dix pays touchés. A savoir le Vietnam, la Thaïlande, la Corée du sud, le Japon, Taïwan, le Cambodge, l'Indonésie, le Laos, le Pakistan et la Chine (y compris Hongkong). Egalement, l'importation de viande de volailles en provenance de Thaïlande (seule zone concernée importatrice) est interrompue. En revanche, aucun contrôle ne concerne les plumes et les duvets car ces matières premières subissent un traitement adapté et se montrent donc dénuées de risques.

Peut-on consommer du poulet et des oeufs sans danger ?

Absolument ! Le virus influenza aviaire est détruit à la cuisson (60 °C pendant cinq minutes). Quant aux oeufs, le risque n'existe pas car la France n'en importe pas.

Les voyages dans les pays touchés sont-ils déconseillés ?

Non, mais bien que des mesures d'abattage massifs aient été appliquées (déjà plus de 20 millions de poulets tués), il est conseillé d'éviter le contact rapproché avec les volailles et les oiseaux (marchés, élevages), de manger des oeufs bien cuits et de se laver régulièrement les mains.

Des stratégies de lutte limitées

- Le vaccin : outre le délai incompressible nécessaire à son élaboration, les chercheurs se heurtent à la toxicité directe du virus sur l'embryon de poulet (servant de support à la fabrication).

- La chimiothérapie : des études in vitro laissent présager de l'efficacité de l'antiviral oseltamivir (Tamiflu) contre le virus aviaire. L'Organisation mondiale de la santé conseille donc ce traitement aux personnes travaillant dans les fermes et les abattoirs d'Asie chez lesquelles on suspecte la maladie. Mais en cas de réelle pandémie, la production de stocks suffisants demanderait plusieurs mois. En France, la Direction générale de la santé dispose d'un stock de réserve de 130 000 boîtes.

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