Un canard déchaîne les passions - Le Moniteur des Pharmacies n° 2517 du 10/01/2004 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2517 du 10/01/2004
 

PRODUITS VÉTÉRINAIRES

Actualité

L'événement

Choqués par un article paru dans un journal gratuit distribué en officine, des vétérinaires crient au scandale. L'un d'entre eux a même porté plainte auprès de son ordre professionnel. La polémique enfle.

Pour un petit bobo à la patte, une oreille qui sent mauvais, des yeux qui coulent... il n'est pas vraiment utile de conduire son animal chez le vétérinaire. N'hésitez pas à interroger votre pharmacien ou même à lui montrer ses oreilles [...], ses yeux [...], ses dents, son poil ou ses coussinets. Il a aussi été formé pour donner des conseils de santé animale. » Cet extrait d'un article paru en décembre dernier dans Bien-être et Santé (voir page 11), mensuel diffusé à 500 000 exemplaires et offert par les pharmaciens à leurs patients, a mis le feu aux poudres chez les vétérinaires.

« Je suis sorti de mes gonds ! », avoue Franck Proux, vétérinaire dans le Loiret. Il a aussitôt écrit une lettre ouverte (publiée par la Semaine vétérinaire) au ministre de l'Agriculture, à celui des Finances et de l'Industrie, avant de porter plainte auprès de l'ordre national des vétérinaires contre l'div de l'article, un pharmacien, et contre Bien-être et Santé pour « incitation à l'exercice illégal de la médecine vétérinaire et publicité mensongère quant à la compétence vétérinaire des pharmaciens ».

Les étudiants de l'école vétérinaire de Maisons-Alfort lui ont emboîté le pas en créant l'Association pour la défense de la santé animale, qui sera chargée de dénoncer les pratiques illégales de la médecine vétérinaire. Elle rassemblerait déjà, selon son président Matthieu Broussois, entre 600 et 700 étudiants, professeurs et vétérinaires en exercice.

Exercice illégale de la médecine vétérinaire ?

« C'est de l'exercice illégal de la médecine vétérinaire ou en tout cas de l'incitation, de l'abus de confiance vis-à-vis de la clientèle !, s'emporte Franck Proux. Les pharmaciens n'ont pas plus de compétence qu'un vendeur dans une animalerie. Ils sont seulement avides de chiffre d'affaires. S'il existait des médicaments pour les plantes, ils réclameraient leur monopole ! » Matthieu Broussois pointe également le manque de formation des pharmaciens en médecine vétérinaire. « A peine une dizaine d'heures dans leur cursus. On en voit les conséquences : combien de collyres avec corticoïdes sur un ulcère cornéen, avec risque de cécité pour l'animal, sont délivrés ? Combien de pyomètres ou de tumeurs mammaires à cause d'un manque de conseil sur les effets néfastes des contraceptifs ? Combien de pommades avec corticoïdes sur un épillet parce que l'animal se gratte l'oreille ? Et l'impact du chien teigneux "consulté" sur le comptoir, qui repartira avec un dermocorticoïde, efficace pour un eczéma confondu avec une teigne, mais qui aura laissé quelques spores au malade venu renouveler son ordonnance de médicaments antirejet après sa greffe... »

Susceptibilité.

Bernard Braun, directeur général adjoint de Bien-être et Santé et div de l'article, maintient ses propos. « Je ne parle que de conseil, pas de délivrance et encore moins de prescription. Cela dit, je ne souhaite pas polémiquer. Et s'il manque la référence au vétérinaire, mea-culpa. Mais ce que j'ai écrit est en phase avec ce qui s'est dit au 56e Congrès des pharmaciens de Beaune. » Les syndicats de pharmaciens se retrouvent en ligne de front. En outre, la FSPF, l'UNPF, l'UTIP et l'Association de pharmacie rurale (APR) font partie du conseil d'administration de Santécom SA, société éditrice de Bien-être et Santé, et sont à ce titre indirectement associés aux propos tenus dans le magazine.

« Les vétérinaires sont décidément très susceptibles ! Chaque fois que l'on communique c'est la même histoire, remarque Vincent Ramon, vice-président de l'APR, chargé du dossier vétérinaire. Nous respectons les prescriptions des vétérinaires. Mais comme en médecine humaine, il y a une multitude de produits vétérinaires en automédication sur lesquels nous faisons du conseil. Nous n'avons pas la vocation et nous ne voulons pas jouer les vétérinaires. Tous les jours nous conseillons d'ailleurs des visites chez le vétérinaire pour des problèmes que nous ne sommes pas capables de traiter. Les vétérinaires se trompent d'adversaire. Il y a, par exemple, des organisations, des grossistes qui proposent aux éleveurs des médicaments par correspondance sans aucun contrôle. Pourquoi restent-ils muets sur le sujet ? »

L'association mise sur pied par les étudiants, en pleine campagne d'adhésion, se dit soutenue par l'ordre des vétérinaires et le Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral (SNVEL). Elle s'apprête à contacter l'Ordre et les syndicats de pharmaciens et réfléchit à la possibilité de lancer une série de « testings » dans les officines avec plainte au civil systématique...

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