Le soleil ne suffit pas - Le Moniteur des Pharmacies n° 2506 du 18/10/2003 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2506 du 18/10/2003
 

L'EMPLOI DANS LES BOUCHES-DU-RHÔNE

Carrières

Les Bouches-du-Rhône attirent les acquéreurs mais pas les salariés. Et les titulaires doivent y jongler avec la pénurie de personnel, au détriment de leur vie personnelle et d'une pression sur les salaires.

La Provence affiche 763 officines (+ 6 mutualistes et 2 minières) pour 1,8 million d'habitants. Une surdensité chronique à Marseille, Arles ou Aix.

Jusqu'alors à la traîne en matière économique, la Provence s'est réveillée derrière un Marseille ragaillardi par l'arrivée du TGV, l'énorme chantier de rénovation urbaine Euroméditerranée et la possibilité d'organiser la Coupe de l'America. A 25 kilomètres, Aix-en-Provence, première de la classe pour les créations d'entreprises, représente 30 % du potentiel microélectronique français. Le revers de la médaille ? Une flambée du prix des logements, freinant sa croissance.

Soleil et pénurie.

Malgré ce réveil, la Provence reste touchée par un chômage supérieur à la moyenne nationale. Mais elle attire toujours autant, et notamment les pharmaciens candidats à une installation. Surmédicalisée, la Provence affiche 763 officines (+ 6 mutualistes et 2 minières) pour 1,8 million d'habitants, une surdensité chronique à Marseille, Arles ou Aix.

En matière de recrutements, il n'y a pas d'exception, chacun est à la même enseigne. « Nous souffrons du manque de collaborateurs et d'une surenchère sur les salaires et conditions de travail », explique Alain Jayne, président du syndicat des pharmaciens. La source officielle est signée ANPE. En juillet, elle comptait 127 pharmaciens demandeurs d'emploi. 62 % sont inscrits à l'Assedic depuis plus de 6 mois, 39,7 % sont âgés de 40 à 49 ans et pour 80,1 % d'entre eux, ce sont des femmes. Côté préparateurs, on compte 234 chômeurs dont 65 % inscrits depuis plus de six mois, 36,3 % sont âgés de 30 à 39 ans et 93,8 % sont des femmes.

En face, l'ANPE annonce 60 offres de pharmaciens (débutants : 63 %) pour cinq départements (13, 84, 83, 04 et 05) et 103 offres de préparateurs (débutants : 72,3 %). Selon Michèle, la permanente du syndicat des pharmaciens, « les employeurs veulent des jeunes alors que, dans mon fichier, j'ai des demandeurs des promotions 1972-1975 ».

Sylvie Moreau, de l'agence d'intérim Arcane, analyse : « Je ne parlerais pas de pénurie (sauf pour les nouveaux diplômés) mais de mauvaise adéquation entre offre et demande. Les candidats existent mais ont des exigences impossibles à satisfaire. » « On me demande le coefficient 500 et tous les week-ends, signale la titulaire d'une pharmacie de centre commercial. Comment faire quand on ouvre six jours sur sept, de 8 h 30 à 21 h 00 ? » Idem pour Régis Groc, à Aix-en-Provence, qui aurait voulu recruter sa remplaçante de l'été. « Elle ne voulait pas faire les fermetures, ni travailler le samedi. » « A l'inverse, remarque Sylvie Moreau, les titulaires proposent parfois un emploi à temps partiel, le samedi. »

Au CFA (216 diplômés en 2002), Robert Bichaud enregistre en permanence 40 propositions. « Normal, remarque Jacques Coronel (Bourely Répartition), celui qui a un apprenti le garde. » Ce qui s'explique : les bacheliers sont peu nombreux à vouloir intégrer les CFA. En outre, les pharmaciens hésitent à prendre un BP 1re année, « qui coûte cher ».

Marseille capte les stagiaires.

Pour Alain Jayne, les raisons des tensions sur l'emploi sont connues. Et de citer les 35 heures, la féminisation de la profession, obligeant à recruter deux salariés pour un poste, et le numerus clausus insuffisant. « Un numerus clausus à 147 pour 4,8 millions d'habitants (PACA + Corse), c'est un scandale ! Nous sommes la région la plus défavorisée », assène Patrice Vanelle, doyen de la faculté de Marseille. Il a fait ses comptes : « En tenant compte de la population, nous devrions former 196 pharmaciens ! »

Vincent Ramon, titulaire à Saint-Martin-de-Crau, accuse Marseille de capter 90 % des stagiaires de 6e année : « Dans le pays d'Arles, il y a un stagiaire pour 50 officines, or les jeunes assistants sont recrutés chez les stagiaires. » « On devrait inciter les étudiants non domiciliés à Marseille à faire leur stage ailleurs, propose Guy Jean, installé à Mollégès. Etre stagiaire dans une pharmacie rurale, c'est formateur. »

Autre explication de la pénurie selon Alain Jayne, les prix de cession : « Un assistant, c'est un CDD qui se forme avant de s'installer. Ici les fonds sont trop élevés. Ils quittent le comptoir pour l'industrie où les salaires sont plus motivants, mais peut-on faire autrement quand nos marges s'érodent ? »

La crise atteint des records chez les préparateurs. La réforme des études a fait diminuer le nombre d'apprentis (- 248 en dix ans). Cette pénurie est une aubaine pour les étudiants qui sont assaillis de demandes au moment où cela coince. Pour Mathieu Tollenaere, président de l'association des étudiants A2P : « La moitié des étudiants travaille mais, en dehors de Marseille, on n'arrive pas à fournir. »

Horaires adaptés.

Même à Marseille, certains titulaires ont le moral plutôt bas. Comme Danièle Jourdan et Catherine Brival : « Nous avons cherché une préparatrice pendant un an et demi et recruté une assistante avec peu d'expérience, déclarent-elles. Les congés, c'est de l'histoire ancienne et nous ne comptons pas nos heures... Nous vivons dans l'angoisse d'un accident. » En revanche, il leur paraît vital de conserver les collaborateurs « en aménageant les horaires et en donnant des responsabilités ».

A Luynes, Christine Donnat et Véronique Dacquet sont obligées de « fractionner leurs congés » et de travailler plus qu'elles n'avaient prévu. « Les 35 heures ont aggravé la pénurie, d'autant que l'équipe, très féminine, prend des congés maternité, des mi-temps et des congé parentaux. » Chez elles, les salariées sont fidèles parce que les horaires sont adaptés à une vie de mère de famille, que les coefficients sont supérieurs à la convention collective et que les primes sont intéressantes.

Ailleurs, dans les quartiers nord, ce titulaire qui n'arrive pas à recruter songe à automatiser. En attendant, « les délais d'attente des clients augmentent ». Sophie Cambon, installée aux Saintes-Maries-de-la-Mer, conclut : « Quand nous recrutons, nous n'avons pas le choix du candidat et sommes obligés d'accepter les conditions demandées. »

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