Management : Regroupement familial - Le Moniteur des Pharmacies n° 2502 du 20/09/2003 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2502 du 20/09/2003
 

ÉQUIPE

Entreprise

En officine, c'est tout l'un ou tout l'autre. La cohabitation entre générations est facile ou quasiment impossible. Le management familial, ici comme ailleurs, se doit d'échapper à l'émotionnel pour être efficace.

Nombreux sont les pharmaciens qui ont transmis la vocation à leur enfant et se retrouvent associés avec lui, parfois même avec leur bru ou leur gendre. Le management d'une officine en famille. Il se doit d'échapper au sentimentalisme et au paternalisme au profit d'une rationalité exemplaire dans la définition des postes, la distribution des tâches, et d'une gestion participative dans les décisions. Un modèle qui devrait sans doute être appliqué en dehors de tout condiv familial.

Mais le management en famille peut également constituer un remarquable contre-exemple lorsqu'il ne fonctionne pas. Un titulaire francilien se souvient avoir travaillé comme assistant dans une officine « familiale » : « C'était très difficile à vivre car le personnel était le témoin des dissensions familiales et était parfois amené, contre sa volonté, à prendre implicitement parti pour l'un ou pour l'autre ou à jouer les arbitres. Les associés nous délivraient des messages contradictoires, sans s'en rendre toujours compte. Difficile dans ces conditions de trouver sa place en tant que salarié. »

Garder ses distances.

Jean-Marie Gobillard, installé à Poix-Terron (Ardennes), a su échapper à cet écueil en adoptant un principe de management à distance inédit. A la tête de sa propre officine et d'un cabinet de prestation de services, GMG Consultants, il contribue au pilotage des officines respectives de sa fille Valérie, installée à Vrigne-au-Bois (08), de son gendre Christophe Cury, installé à Charleville-Mézières (08), et d'une titulaire gérante à Attigny (08), Catherine Puglisi. « Depuis 1996, nous travaillons ensemble à la réussite de ce que j'appelle - improprement - "la holding". Chaque gérant ou titulaire d'une des officines contribue à la validation des décisions de gestion prises pour tous et de façon collégiale au sein de GMG Consultants, à partir des données remontées mensuellement par chacune des officines qui fonctionnent en réseau intranet. Les relations père-fille n'ont pas toujours été planes. En cas de vrai problème, j'envoie un courrier et j'en attends une réponse écrite. Aujourd'hui les tâches de chacun sont bien définies : nous nous sommes partagé par exemple la gestion des laboratoires. Tout acte de gestion (politique de prix, promotions, marketing, merchandising, commandes, circulation des documents, tableaux de bord...) relève d'une procédure à laquelle chacun se plie mais qui peut être à tout moment modifiée par décision collective. Le travail en famille incite à plus d'écoute, plus de remise en question, plus de rigueur, plus d'analyse, plus de recul dans le traitement des problèmes. La confrontation et la volonté de comprendre sont des facteurs de progrès. La solidarité familiale peut permettre à des jeunes de passer le cap difficile des premières années d'installation : Valérie aura atteint son autonomie financière en quatre ans. Et puis nous bénéficions tous, en ces temps de pénurie, des avantages du prêt de personnel. »

De son côté, Valérie Gobillard-Cury, qui affirme avoir la vocation depuis l'âge de quatorze ans, est objective sur les avantages qu'elle trouve à travailler avec son père. Elle a « appris le métier » en effectuant un stage à Attigny puis a décidé très tôt de s'installer tout en bénéficiant de la structure de GMG Consultants : « Mon père a fait les preuves de son efficacité et de ses compétences. C'est un homme qui a réussi et qui est de bon conseil, même s'il est plus exigent et moins tolérant avec moi ! Le langage est plus direct, plus cru entre personnes ayant un lien de parenté. Mais il y a incontestablement un condiv de confiance. »

Aujourd'hui, la famille Gobillard attend la loi MURCEF pour envisager l'acquisition d'une cinquième officine.

La technique du relais.

Entre 1972 et 2000, Yves Mathis, titulaire à Sélestat (Bas-Rhin), a géré seul son officine. Depuis trois ans, il est secondé par son fils et s'en félicite : « L'important pour intégrer l'un de ses enfants est de ne pas faire de traitement de faveur. Mon fils aurait même plutôt un traitement de "défaveur", car, contrairement aux autres, il fait plus de 35 heures à salaire égal et je lui ai délégué les tâches que les autres ne voulaient pas faire... Chacun a donc conservé ses responsabilités et ses domaines d'activité. Quant à moi, j'ai incontestablement moins de travail qu'auparavant et mon fils a su développer un mode de communication plus souple vis-à-vis du personnel. Indépendamment du condiv de parenté, je pense qu'il peut être utile d'avoir des générations différentes au sein des associations. »

D'assistant salarié, Jean-Julien Mathis passera au statut d'associé à parts égales avec son père à partir de 2004 : un plan de carrière qui s'est construit naturellement. Après avoir travaillé dans deux officines strasbourgeoises, il a décidé de venir chez son père : « Les modalités de travail, les responsabilités et les motivations sont forcément différentes quand on travaille en famille. Nous sommes parvenus à faire la part des choses entre le professionnel et l'affectif, et je pense avoir apporté une vision différente et des idées nouvelles en matière d'organisation, de stratégie de commande, de précision dans le référencement. »

Même fusion réussie pour la famille Soullam père et fils. Bruno Soullam, adhérent de Plus Pharmacie installé à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), travaille avec son père depuis 1995. Après quelques années de recherche en biologie moléculaire aux Etats-Unis, il « essaye» l'officine et y reste. Salarié jusqu'en 2000 au sein d'une équipe de 14 personnes, il s'associe alors à 50 % avec son père : « Mon père est resté le patron pour tout ce qui relève de la gestion administrative et du personnel. Je m'occupe de la vente, de la surface de vente, des nouveaux marchés et de la prospection .J'ai développé notamment l'activité "matériel médical" et "maison de retraite". Le grand avantage d'une association familiale est l'absence de rivalité : il est appréciable de savoir que les énergies se mobilisent dans le sens de l'intérêt commun. »

L'inconvénient serait sans doute le niveau d'exigence important du père vis-à-vis du fils...

A retenir

- Bien définir les postes et missions de chacun et ne pas empiéter sur le travail de l'autre.

- Miser sur la concertation, la tolérance et l'écoute.

- Etre capable d'accepter de nouvelles idées et de nouvelles façon de procéder.

- Savoir séparer l'affectif du professionnel.

- Ne pas impliquer le personnel dans d'éventuels conflits familiaux.

- Cultiver la confiance et reconnaître les compétences de l'autre.

- Montrer une unité décisionnelle dans le cadre d'une association.

- Maintenir un système de délégation vis-à-vis du reste de personnel.

Vous sentez-vous régulièrement en insécurité dans vos officines ?


Décryptage

NOS FORMATIONS

1Healthformation propose un catalogue de formations en e-learning sur une quinzaine de thématiques liées à la pratique officinale. Certains modules permettent de valider l'obligation de DPC.

Les médicaments à délivrance particulière

Pour délivrer en toute sécurité

Le Pack

Moniteur Expert

Vous avez des questions ?
Des experts vous répondent !