L'ANPE remet les cadres sur les rails

Quel est le rôle de l'Espace Cadre* de l'Agence nationale pour l'emploi ?

Nous avons un rôle d'intermédiaire actif entre l'offre et la demande d'emploi. Nos services vont de l'étude du poste à la sélection des candidats grâce à un logiciel exclusif, à l'organisation de rencontres et de forums, au « coaching » individuel des demandeurs à qui nous proposons des stages d'accès à l'entreprise ou des aides à l'orientation. Pour favoriser la décision d'embauche, nous étudions au cas par cas les possibilités d'aides à l'emploi.

Pourquoi avoir lancé un plan d'action vers les pharmaciens ?

Nous avons été sollicités pour le recrutement massif d'une cinquantaine de postes de pharmacien en parapharmacie, ce qui nous a conduits à consulter le fichier de toutes les agences ANPE d'Ile-de-France. Sur les 650 pharmaciens inscrits, après avoir sélectionné les quatre catégories qui nous intéressaient, officine, pharmaciens-conseils, production et contrôle, 290 d'entre eux se sont avérés « disponibles » [voir tableau p. 58]. Ce constat nous a paru inhabituel à ce niveau d'études. Nous avons alors lancé une campagne d'information et de recrutement. Devant l'ampleur des CV reçus (150 les quinze premiers jours...) et de l'intérêt manifeste des demandeurs, notre prospection s'est élargie vers d'autres employeurs potentiels. Puisqu'on nous réclamait des postes en production et dans la répartition, nous avons démarché les entreprises susceptibles d'y répondre. Nous avons ainsi décroché l'intérêt de plusieurs employeurs qui utilisaient d'autres moyens pour leur recrutement et qui se tournent maintenant vers notre Espace Cadre. Pour une offre exigeant une compétence spécifique notre sélection sort cinq à six CV.

Quels sont les profils des pharmaciens inscrits à l'ANPE ?

Il n'y a pas de profil type. D'après nos dossiers de juin 2003, 45 % des nouveaux inscrits trouvent un emploi en moins de six mois, mais ils nous reviennent et c'est d'autant plus préoccupant lorsqu'il s'agit d'une personne de plus de 40 ans, soit 60 % des inscrits. Malgré la pénurie dont la profession fait état, on constate toujours une forte résistance à recruter des « seniors ». Pour notre part le problème est ailleurs. Nous allons organiser le 10 octobre, à la Cité des Sciences et des Métiers, un forum « Cadres-Seniors » pour promouvoir ce que nous appelons des « cadres-experts ». L'Espace Cadre proposera également rapidement des ateliers d'aide à la rédaction de CV et de lettres de motivation ainsi qu'un soutien pour mieux passer les entretiens. Mais les rencontres avec ces pharmaciens nous montrent combien ils sont déçus par les conditions de travail et le manque de considération, surtout en officine. Nous pouvons donc aussi les informer sur la création d'entreprise ou sur de nouvelles formes d'activité comme le « temps partagé », une autre spécificité de l'Espace Cadre.

Quels sont pour vous les domaines qui offrent le plus de postes de carrière ?

A l'évidence, les pharmaciens qui s'orientent vers la parapharmacie sont rapidement sélectionnés. La répartition recherche constamment des pharmaciens commerciaux en offrant des conditions attractives (voiture, téléphone, ordinateur, 13e mois...). Le marché est très tendu sur tous les secteurs, particulièrement pour l'industrie pharmaceutique où le recrutement est très rapide quels que soient l'âge ou l'expérience.

Comment se positionne l'officine ?

Nous avons très peu d'offres et souvent les mêmes. Les officinaux recrutent par d'autres voies. Sur ce secteur nos clients sont les agences d'intérim pour qui nous organisons des « rencontres-recrutement » dans nos locaux. Notre fichier les intéresse ! Mais l'enthousiasme ne s'affiche vraiment pas pour des postes dont l'amplitude horaire est large, la coupure du midi trop longue et la carrière inexistante. Les jeunes diplômés réclament en moyenne une rémunération supérieure à celle de leurs aînés et les titulaires embauchent peu un adjoint plus âgé qu'eux en CDI. Enfin, il y a un problème réel avec les femmes qui désirent des temps partiels avec des heures précises dans une activité qui ne s'y prête pas.

Avez vous l'ambition de devenir un pôle de recherche spécialisé pour les pharmaciens, tous secteurs confondus ?

Pour y parvenir, l'ANPE doit faire connaître ses services de qualité qui sont de surcroît gratuits. L'Espace Cadre doit prouver aux entreprises son efficacité en leur fournissant un recrutement « fin » grâce à ses moyens, à sa banque de CV et un fichier de compétences réactualisé tous les trois à quatre mois. Ce qui nous incite à pérenniser notre action au niveau national en développant une spécificité pour les cadres de santé et notamment les pharmaciens.