Obstruction massive des Américains - Le Moniteur des Pharmacies n° 2485 du 12/04/2003 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2485 du 12/04/2003
 

ORGANISATIONS NON GOUVERNEMENTALES EN IRAK

Actualité

L'événement

Si la guerre touche à sa fin, l'Irak n'a pas fini de panser ses plaies. Hôpitaux submergés, manque d'eau, dénutrition... L'aide humanitaire française s'organise mais va-t-elle pouvoir franchir les barrages de l'armée américano-britannique ?

Le sort de la population irakienne suscite l'inquiétude de l'OMS et des différentes ONG dans le monde. La guerre du Golfe en 1991 suivie par douze ans d'embargo a fragilisé les Irakiens, et en particulier les 12 millions d'enfants malnutris. Avant même le début de l'offensive américano-britannique, les indicateurs sanitaires clignotaient déjà. Désormais, ils virent au rouge. Les victimes civiles affluent. Nada Doumani, porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) à Genève, tire la sonnette d'alarme : « Les hôpitaux ont actuellement atteint les limites de leur capacité. A Bagdad, ils accueillent depuis peu dix blessés toutes les heures alors que plus de la moitié des blocs opératoires sont hors service. Notre priorité consiste à fournir de l'eau potable aux différentes structures. »

Le CICR est l'une des seules organisations humanitaires à pouvoir accéder aux zones de conflit. Un droit de passage autorisé par la Convention de Genève et négocié avec les forces militaires sur place. Présente sur le terrain avant la guerre, MSF a suspendu toutes ses activités à l'intérieur du pays en raison de la disparition de deux volontaires. Une situation qui n'étonne guère Serge Barbereau, vice-président de l'association ReMeD (Réseau médicaments et développement) : « Il devient de plus en plus difficile pour les ONG de travailler sur le terrain en toute sécurité. Les populations confondent le pouvoir américain, qui cherche à tout contrôler, et l'indépendance des organisations humanitaires. » Les ONG refusant fermement de négocier avec les Américains, aucune d'entre elles n'a l'autorisation (à l'heure où nous bouclons ces pages) de rentrer en Irak. Quelques membres de MSF sont positionnés dans les pays frontaliers et attendent des réfugiés... qui n'arrivent pas.

Les ONG françaises prêtes à partir.

PSF-CI tout comme Union-PSF France recherchent d'ailleurs des volontaires. « Notre rôle dans le cadre d'une telle mission est clairement défini. Nous devons gérer l'approvisionnement en médicaments (après la distribution des kits d'urgence) des autres ONG et des centres de santé. Nous évaluons également les besoins médicamenteux et nous assurons la formation des personnels, explique Ghislaine Soulier, responsable de la communication pour PSF-CI. Nous avons contacté nos fournisseurs et ils tiennent des stocks à notre disposition. Mais allons-nous pouvoir entrer en Irak et sous quelles conditions ? »

En attendant l'ouverture des frontières, des expatriés de PSF-CI sont postés en Jordanie, en Syrie et en Iran. Union-PSF France compte intervenir dès le mois de mai pour aider le pays à se reconstruire. « Nous n'avons pas les moyens d'agir actuellement. Mais nous allons nous proposer en tant que pharmaciens au service du Haut Comité aux réfugiés de l'ONU et de la Croix-Rouge pour aider à installer des pharmacies », rapporte Marie-Agnès Cros, directrice générale. Et d'estimer que l'urgence n'est pas à la livraison de médicaments. Serge Barbereau, quant à lui, évoque l'existence de stocks accumulés par les hôpitaux (« au cas où ») depuis le programme « Pétrole contre nourriture et médicaments ». La résolution 986 des Nations unies mise en place en 1997 avait prévu l'apport en nourriture et en médicaments en échange de barils de pétrole. « Dans les faits, raconte Marina Bénédik, directrice de mission à PSF-CI et présente en Irak jusqu'en 1997, l'OMS ne gérait que la région Nord alors que le gouvernement irakien supervisait l'approvisionnent dans le centre et le sud du pays. Seuls 30 % des médicaments arrivaient à bon port. »

Epuisement des stocks.

Suspendu dès le début du conflit, le programme vient d'être remis en place, l'ONU demandant le contrôle total du circuit des médicaments (via l'OMS). Les cargos de livraison du Programme alimentaire mondial, de nouveau en marche, devraient éviter le pire.

Côté matériel médical, les réserves s'épuisent de jour en jour. « Nous avons reçu une liste du gouvernement Nord-Irak faisant état des produits manquants », rapporte Marina Bénédik. Avec en premier lieu des antibiotiques, des anesthésiques, des antalgiques et du matériel pour chirurgie. « Les hôpitaux ne sont pas équipés pour soigner les brûlés », souligne Serge Barbereau. Même si l'OMS dispose d'un chargement de matériel médical et chirurgical en Jordanie, le climat d'insécurité sur le terrain ne lui permet pas de franchir la frontière. En combien de temps sera-t-il acheminé jusqu'à Bagdad ?

Les jours passent et la température extérieure monte. « Les risques de dysenteries vont augmenter, d'autant plus que l'hygiène fait déjà défaut », rappelle Marina Bénédik, se demandant si le contenu des camions retenus aux frontières pourra faire face aux pathologies qui vont émerger. Pour l'heure, les Américains comptent prendre en charge la reconstruction de l'Irak et le champ d'action des ONG indépendantes paraît limité. Au détriment de la santé du peuple irakien.

Dons de médicaments : attention danger !

Les besoins en médicaments pour aider la population irakienne sont réels. Mais PSF-CI fait appel à la responsabilité des pharmaciens et les met en garde contre des dons de médicaments inappropriés. Un point de vue que partage entièrement Marie-Agnès Cros, d'Union-PSF France. « Les dons doivent être supervisés par des organisations humanitaires respectueuses des principes directeurs de l'OMS », insiste Ghislaine Soulier (PSF-CI). Et d'évoquer l'exemple de la Bosnie en 1994, où des tonnes de médicaments inadaptés ont perturbé le bon fonctionnement des structures sanitaires locales. Un incinérateur a dû être construit pour détruire les médicaments non seulement inutiles mais représentant également une menace pour la santé de la population. Coût de l'opération: 34 millions de dollars.

En Irak, la situation oblige plus que jamais les officinaux à ne pas cautionner l'envoi sauvage de médicaments.

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