Un marché sous haute tension - Le Moniteur des Pharmacies n° 2483 du 29/03/2003 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2483 du 29/03/2003
 

Actualité

Enquête

La dernière enquête d'Interfimo sur les prix des officines « vendables » montre une augmentation sensible des prix en 2002 (+ 3 points). En volume,le marché demeure stable. Ce dynamisme, qui dure depuis trois ans, ne doit pas masquer les problèmes, en particulier démographiques,qui pèsent sur l'avenir. D'ici 2011, un tiers de la profession doit être renouvelée. Qui rachètera ? En sus, les pharmacies de moins de 400 kEuro(s) trouvent peu de repreneurs.

Avec 88 % du chiffre d'affaires TTC en 2002, le prix moyen de cession des officines retrouve son niveau du milieu des années 1990.

Comme en immobilier, l'évolution de la capacité de remboursement des acquéreurs influence directement les prix de cession. A une baisse des taux d'intérêts correspond une hausse de prix. Ce qui pourrait expliquer que 2002 ait été marquée par un nouveau tassement des taux d'intérêts qui étaient déjà à un niveau faible. Dans le même temps, le prix de cession moyen des officines a progressé de trois points, à 88 % du CA TTC.

Le nombre de mutations est stable par rapport à 2001, mais on note une augmentation en nombre et en pourcentage des cessions de parts (plus de 28 % des mutations).

La tendance à la reprise sur les prix se confirme : en 2000, la chute, régulière depuis une dizaine d'années, s'est enrayée pour atteindre 85 % du CA TTC (+ 2 points) ; ce taux perdurera en 2001. « L'embellie économique sur la période 1999-2001 a eu raison de l'attentisme des vendeurs », explique Serge Gilodi, directeur de la formation chez Interfimo. Le condiv de cette reprise est néanmoins particulier, le marché n'a pas obéi à la loi de l'offre et de la demande. « Ce sont les vendeurs qui ont décidé des hausses de prix, alors qu'habituellement les prix grimpent sous la pression de la demande. » Consultant au département des études financières d'Interfimo, Benoît Fouilland ajoute que « la baisse des droits d'enregistrement sur l'achat d'un fonds participe aussi à l'augmentation des prix de cession ».

Ainsi, l'effet conjugué de la progression du CA et de la hausse en pourcentage des prix de cession a induit une évolution des prix des fonds en valeur de + 25 % sur trois ans. Une augmentation très supérieure à la croissance des CA sur la même période. « On comprend que les titulaires aient envie de vendre », commente-t-il.

Stabilité en 2003, déclin en 2004 ?

Pour Michel Watrelos, expert-comptable chez Conseils #amp; Auditeurs Associés, 2002 bénéficie des bons résultats obtenus sur 2000 et 2001 : progression de CA de l'ordre de 5,5 % à 6 % en moyenne, érosion de marges limitée. « Il y a toujours un décalage de un an à un an et demi entre l'évolution de l'économie des officines et celle des prix de cession. En 2002, les prix se sont fondés sur les comptes de résultat de 2001. D'autant que nombre de transactions sont souvent à cheval sur deux années civiles, le compromis est signé en fin d'année et la publication de la vente n'intervient qu'au début de l'année suivante. » « La remontée des prix a commencé dès le dernier trimestre de l'année 2001 et s'est répercutée sur l'ensemble de l'année 2002 », complète Benoît Fouilland. Mais si le constat de Michel Watrelos se vérifie à nouveau, et si les taux d'intérêts ne descendent pas davantage, les prix ne devraient plus grimper en 2003. Quant à un réel déclin des prix, ce ne serait pas, selon lui, avant 2004.

L'autre fait marquant est la dispersion accentuée des prix autour de la moyenne nationale. Les écarts se creusent entre les régions. Les quatre les plus au sud renouent avec des prix équivalents (en %) à ceux de 1993. Comme toujours, ce sont les plus chères. Cependant, « à l'exception de la Franche-Comté, nous avons enregistré des cessions à plus de 100 % dans toutes les régions », signale Serge Gilodi.

Hormis la région parisienne qui est sérieusement « décrochée », les moyennes régionales se répartissent en trois groupes homogènes autour de trois « cours pivots » : 82 %, 90 % et 98 %. « La carte des prix de cession de 2002 met en lumière trois lots de prix en dehors desquels aucune moyenne régionale ne s'inscrit », poursuit Serge Gilodi.

600 kEuro(s) : la taille critique.

Mais ces moyennes perdent de leur signification en fonction de la typologie des officines, de leur taille et de leurs perspectives d'évolution. En particulier, le niveau de CA est un critère déterminant du prix de cession. Les pharmacies qui se vendent à un coefficient moindre sont celles dont le CA est inférieur à 600 KEuro(s). A l'inverse, Interfimo constate une forte appréciation des officines qui réalisent plus de 1 200 KEuro(s) de CA. Quant à la décote ponctuelle observée en 2001 sur les officines de plus de 1 500 KEuro(s), elle n'est plus d'actualité. D'après Serge Gilodi, les bonnes affaires continueront à se vendre à prix d'or et à contribuer au dynamisme du marché. « En revanche, il n'y a plus vraiment de marché pour les officines de moins de 400 KEuro(s), relève-t-il. Même en baissant leur prix, les vendeurs ne trouvent que très difficilement des repreneurs. »

Au-delà de ce seuil fatidique, de 400 KEuro(s) à 600 KEuro(s), « il convient de distinguer, à taille égale, pharmacie rurale et pharmacie urbaine. En milieu rural, l'exploitation reste viable si le titulaire dispose d'un logement de fonction au-dessus de la pharmacie et ouvre seulement 40 à 45 heures par semaine. Si vous prenez maintenant le même CA dans un grand pôle urbain, réalisé par une pharmacie ouverte 60 heures, avec par conséquent des frais de personnel élevés, ajoutez à cela un loyer important et un coût de la vie supérieur, ces conditions seront financièrement insupportables pour le titulaire »

On constate une forte appréciation des officines qui réalisent plus de 1 200 kEuro(s) de chiffre d'affaires. La décote ponctuelle observée en 2001 sur les officines de plus de 1 500 kEuro(s) n'est plus d'actualité.

Forte poussée des SEL en 2002.

Le nombre total de mutations (ventes de fonds + cessions de parts sociales) a peu varié par rapport à 2001. Selon les données de Pharmétudes, on note une légère progression (1 539 mutations en 2002 contre 1 503 en 2001). Le nombre de ventes de fonds est stable (1 105) mais sa part relative diminue du fait de l'augmentation du nombre des cessions de parts (434, soit plus de 28 % des mutations).

En 2002, le mode d'exercice en société a encore pris de l'ampleur. Globalement, 50 % des cessions sont réalisées au profit d'exploitants en société, contre 40 % en 1997. Le nombre de cessions effectuées à des pharmaciens exploitant en SNC se maintient alors que l'on constate une nette diminution des cessions au profit des EURL et des SARL.

Enfin, le nombre de cessions réalisées au profit de SELARL a doublé en un an et la part des SELARL sur le nombre des mutations a quadruplé en six ans. Plus de 16 % des cessions sont faites au profit de cette forme juridique, contre seulement 4 % de 1997 à 2000.

Malgré la stabilité du nombre des transactions, le taux de rotation des officines est très différent d'une région à une autre. Onze régions dont la Picardie, PACA, la Bretagne, la Basse-Normandie et la Lorraine atteignent ou dépassent 50 cessions pour 1 000 officines. Avec 38 cessions pour 1 000 officines, Aquitaine et Alsace ont été les régions les moins animées en 2002.

800 à 900 départs à la retraite chaque année.

Autre constat récurrent ces dernières années, les adjoints ont de moins en moins les moyens d'accéder à la titularisation. « Il y a un risque de dépérissement de la profession et même de perte de valeur des officines si celles-ci ne peuvent plus être cédées », alerte depuis plus de un an Hubert Mathieu, consultant au cabinet Tabellion #amp; Partners et pour le réseau Pharmétudes. Serge Gilodi rappelle que la progression du nombre des mutations de ces dernières années est le fait des réinstallations. Il n'empêche, « les premières installations représentent les deux tiers du marché et ce sont les quelque 800 à 900 départs en retraite chaque année - ce chiffre est stable depuis 1994 - qui permettent d'intégrer les jeunes diplômés en qualité de titulaire ».

Cependant, cela ne sera pas suffisant dans quelques années pour permettre aux titulaires les plus âgés de prendre leur retraite. « Chaque année, le problème devient un peu plus préoccupant, souligne Serge Gilodi. Sur la période 2001 à 2011, un tiers de la profession doit se renouveler par le biais de rachats ou... de fermetures. Pour l'instant, les fermetures d'officines, faute de repreneurs, restent très marginales. » Mais demain ? Dernièrement encore, au Médec, l'ordre des pharmaciens a tiré la sonnette d'alarme sur les problèmes de démographie de la profession à l'horizon 2010. A cette occasion, le président Jean Parrot a annoncé « une brutale augmentation du nombre des cessations d'activité des pharmaciens inscrits à l'Ordre, de 1 700, en 2011. Elle se poursuivra ensuite régulièrement pour atteindre son apogée en 2019, à 2 700 ».

D'ici 2011, Interfimo évalue à 9 000 le nombre de jeunes qui devront s'installer pour compenser les départs à la retraite.

Les prévisions d'Interfimo ne sont guère plus optimistes. Constatant que la profession vieillit, elle souligne que 63 % des officinaux sont âgés de 41 à 55 ans. En partant sur une hypothèse de progression des effectifs de seulement 3 % (contre 7,2 % sur la précédente décennie), elle évalue à environ 9 000 le nombre de jeunes qui devront s'installer pour compenser les départs en retraite. Cela va arriver plus vite qu'on ne le pense. Le rythme de ces départs en retraite s'accélérerait dès 2005 pour franchir un nouveau palier à partir de 2011.

Un tiers des adjoints susceptibles de devenir titulaires.

La féminisation de la profession est également à prendre en compte. Selon Serge Gilodi, « environ 80 % des pharmaciens adjoints sont des femmes et la propension à devenir titulaire est actuellement de une femme sur quatre. Sur les 20 % restants de pharmaciens adjoints de sexe masculin, neuf sur dix seront susceptibles de s'installer. Autrement dit, sur 100 postes de pharmaciens adjoints nouvellement créés chaque année, seulement 38 (20 + 18) d'entre eux sont susceptibles de devenir un jour titulaire ».

La solution que préconise de plus en plus d'observateurs pour régler ce problème de renouvellement de la profession est d'ouvrir le capital des officines aux pharmaciens adjoints et de favoriser leur titularisation par des participations au capital de la pharmacie. Seront-ils entendus ?

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