Du sursis pour la pharmacie - Le Moniteur des Pharmacies n° 2483 du 29/03/2003 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2483 du 29/03/2003
 

TARIF FORFAITAIRE DE RESPONSABILITÉ

Actualité

L'événement

Si le tarif forfaitaire de responsabilité (TFR) ne sera pas généralisé à l'ensemble des groupes génériques, il n'est pas abandonné pour autant. Le risque demeure.

J'ai fait le choix d'une application partielle des forfaits car je crois au rôle des génériques et j'entends faire un usage prudent de ce nouvel outil. » Avec cette petite phrase, prononcée dimanche à Pharmagora par son conseiller Jacques de Tournemire, Jean-François Mattei soulage la profession. Mais si la généralisation est abandonnée, pour le moment, l'utilisation du TFR reste d'actualité. « Les forfaits s'appliqueront chaque fois qu'il sera jugé possible et nécessaire d'accélérer la réalisation des économies rendues possibles par la tombée du brevet, a-t-il déclaré. Une première étape sera mise en oeuvre - comme je l'ai toujours annoncé - en juillet sur la base des chiffres d'avril. » Le mois qui vient sera donc crucial pour la profession. Mais quel sera le seuil de déclenchement du TFR ? Le ministre n'en n'a pas dit un mot, mais beaucoup évoquent déjà des taux de substitution situés entre 40 et 50 % (lire encadrés). Le taux définitif devrait être connu sous quinze jours.

Concernant les futurs groupes génériques cette fois, Jean-François Mattei a choisi de « prendre le temps de l'observation ». La fixation des règles pour ces groupes sont reportées « à la fin de l'année voire au début de l'année prochaine ». Qu'en sera-t-il pour les « anciens groupes » qui à cette date auraient échappé au TFR ? Mystère, là aussi. Jean-François Mattei ne dit pas s'il leur appliquera un TFR, ce qui reviendrait à le généraliser, mais, habile, fait une proposition aux officinaux : « Le maintien hors forfait pour les groupes génériques ayant atteint les objectifs de pénétration ne pourra se faire qu'à condition d'une redéfinition des règles du partage des gains financiers. » Les remises commerciales consenties aux pharmaciens par les génériqueurs au-delà des plafonds de remises légales sont ici directement visées par le ministre, qui évoque désormais le sujet à chaque rencontre avec les représentants officinaux.

Examen de passage dans neuf mois.

« Finalement nous n'avons pas appris grand-chose du discours de Jacques de Tournemire, a estimé Jean-Marc Yzerman, chargé du dossier économique à la FSPF. Le ministère nous a juste donné la garantie que le TFR ne serait pas élargi à l'ensemble des groupes, ce qui semble le minimum acceptable. Reste à savoir à quel niveau seront mis les curseurs. » Dimanche, les syndicats représentatifs déclaraient en tout cas toujours leur hostilité au TFR, estimant qu'on assisterait tôt ou tard « à des reports de prescription vers d'autres classes ». Mais ils semblent cependant soulagés du répit donné aux génériques et indirectement à la profession. « On a frôlé le péril, on est plutôt maintenant dans le pari », remarquait Claude Japhet, président de l'UNPF, sous-entendant que l'officine avait évité de peu la correctionnelle dans la mesure où la généralisation du TFR était un projet bien avancé dans les jours précédents. « Mais ne croyez pas que l'on va s'en tirer uniquement en achetant en avril, a tempéré Jean-Marc Yzerman. Le premier cap, nous devrions le passer. Mais il y a un deuxième cap dans neuf mois. »

La mobilisation est désormais de rigueur. « A ceux qui substituent, je dis "sauvez le générique pour vous sauver", a lancé Claude Japhet. Aux autres, je dis : "vous ne savez pas ce que vous avez perdu en ne substituant pas". » Les officinaux ont désormais neuf mois pour maîtriser leur destin. Car les pouvoirs publics s'intéressent de plus en plus près à l'officine et notamment au réseau (voir encadré), autre source d'économies selon le ministre.

Les groupes cibles

C'est sur les groupes suivants, qui sont à ce jour à la limite du seuil probable où s'appliquera le tarif de responsabilité, que les pharmaciens devront concentrer leurs efforts et leurs achats au mois d'avril. Les statistiques Gers, qui servent de référence aux pouvoirs publics, sont basées sur les achats des officines. Bien sûr, tous les groupes en deçà de ces taux sont aussi dans le collimateur

- Profénid LP 200 mg : 49,6 % ; Diamicron 80 mg : 49,3 % ; Cordarone 200 mg : 48,7 % ; Prozac 20 mg : 48,7 % ; Keforal : 500 mg cp : 48 % ; Oracéfal 500 mg gél. : 47,3 % ; Captolane 50 mg : 47,2 % ; Topalgic 50 mg : 47,2 % ; Rocéphine 1 g/3,5 ml : 46,6 % ; Sectral 400 mg : 45,9 % ; Captolane 25 mg : 45,8 % ; Sectral 200 mg : 45,1 % ; Langoran LP 40 mg : 44,9 % ; Nolvadex 10 mg : 44,5 % ; Imovane 7,5 mg : 44,4 % ; Xanax 0,25 mg : 44,2 % ; Duspatalin 100 mg : 43,2 % ; Aldactone 75 mg : 42,9 % ; Feldène 10 mg : 42 % ; Surgam 100 mg : 41,7 % ; Xanax 0,50 mg : 41,4 % ; Parlodel 2,5 mg : 40,9 % ; Aldactone 50 mg : 40,2 % ; Nalcron 100 mg : 39 % ; Profénid 100 mg cp : 37,5 % ; Ditropan : 36,6 % ; Dogmatil 50 mg : 36,2 %.

L'appel du Gemme à substituer

Le temps de la discussion est terminé et celui de l'action sans délai est venu », exhortent Pascal Brière et Philippe Ranty, respectivement vice-président et secrétaire général du Gemme (Générique même médicament), association regroupant les principaux génériqueurs. « Les pharmaciens d'officine ont encore en main les manettes qui régissent leurs marges et doivent se mobiliser massivement pour éviter qu'une fraction importante du Répertoire bascule dans le tarif forfaitaire de responsabilité. » Selon le Gemme, les taux de substitution retenus fin avril pour la mise en place du TFR au 1er juillet seraient compris entre 40 et 50 %. Une « photo intermédiaire » du marché est prévue en décembre avec la mise en place d'un taux envisagé de 60 %. « Il en va donc avant tout de l'intérêt des pharmaciens de substituer massivement durant ce mois d'avril : après, ce sera trop tard ! », précisent Pascal Brière et Philippe Ranty, expliquant que c'est 25 % de marge (pour le princeps et le générique) qui disparaît à chaque fois qu'une molécule tombe dans le champ du TFR. « Au global, si 50 % du Répertoire est touché par cette mesure, c'est plus de un point de marge totale de l'officine qui s'envole. Et contrairement aux idées reçues, ce sont les pharmaciens qui font le moins de génériques qui seront les plus affectés par cette perte de marge et non les gros "substitueurs". Tout le monde doit donc s'impliquer. »

L'officine est donc à la croisée des chemins, ou bien elle s'engage dans la voie de la substitution active en se mobilisant activement en avril, ou bien elle accepte de voir réduire irréversiblement sa marge nette. - François Pouzaud

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