Systèmes de sauvegarde : L'art de la conservation

Aujourd'hui, le matériel de stockage de base se compose soit d'un Zip (modèle 250 Mo), soit d'un CD-ROM amovible avec graveur, soit d'un double disque dur (mirroring ou Raid) au sein d'une même machine, soit d'un partage des données sur deux à trois serveurs (« système de clusters » ou de serveurs en grappes).

« Le système Raid ne met pas à l'abri des pannes d'ordinateur, ce que fait le système de clusters qui, lui, est plus difficile à paramétrer et demande une intervention extérieure », commente Alexandre Karpov (Everys). Le coût des systèmes Raid et clusters est élevé : 5 à 6 000 euros la configuration, serveurs inclus. « Attention au faux mirroring, moins cher mais peu sûr ! », avertit Jean-Yves Baranger (ASP Line): il s'agit d'un montage de disque supplémentaire sur des PC qui ne sont pas des serveurs, au sein desquels ce n'est pas la machine mais un logiciel qui gère le mirroring.

Chez Everys par exemple, la sauvegarde interne est permanente sur plusieurs postes grâce au système Non-Stop Serveur qui est intégré à la configuration de base Winpharma.

Pour Alain Malot (Caduciel), le système le plus fiable reste le disque dur amovible associé à un système Raid. « Les pharmaciens ont aussi des impératifs de rapidité », constate Jean-Yves Baranger. La sauvegarde disque à disque est donc plus demandée aujourd'hui que la sauvegarde sur DAT (bandes), limitée en taille, avec des temps de recharge système assez longs. « Au niveau sécurisation, il existe aussi aujourd'hui des logiciels qui, avant d'effectuer la gravure sur CD-ROM, font le contrôle de l'intégrité des données. Ceci pour un coût très abordable : 380 eurosEuro(s)le graveur plus le logiciel. »

La sauvegarde externe permettant de transporter les données hors de l'officine (sur disque dur amovible, CD ou Zip réinscriptibles) est aléatoire (oubli du pharmacien, dégradation des supports, effacement par contact avec un champ magnétique, multiplication des Zip si le volume des données est supérieur à 250 mégaoctets...). Il est recommandé d'effectuer une sauvegarde tous les deux jours avec alternance des supports pour les jours pairs et impairs. La meilleure solution aujourd'hui, selon Alexandre Karpov, est la mémoire Flash USB ou Pen Disc, de la taille d'un petit stylo (7 cm x 1,5 cm), moins fragile qu'un disque car sans éléments mécaniques, antichocs et réinscriptible.

Externaliser les données : le plus sûr mais le moins répandu.

Thierry Ponnelle, directeur commercial de Pharmagest Interactive, tient à préciser que Pharmagest ne propose pas pour l'instant à ses clients d'externalisation des données : « C'est une question de maturité du marché : les pharmaciens ne sont pas psychologiquement prêts à sauvegarder leurs données sur un serveur distant, bien que cela soit techniquement possible, de même que l'externalisation du logiciel. Beaucoup de gens ont ainsi pensé que le LGPI autorisait une exploitation des données des officines. Il n'en est rien. Notre système ne fait que rendre possible la transmission éventuelle des données vers un organisme (groupement, société de traitement statistique, syndicat, laboratoire). Nous ne disposons des données du pharmacien que s'il nous autorise à le faire. »

Autre obstacle, pratique cette fois : la trop faible couverture du territoire par l'Internet à haut débit.Charles Baranès, qui a acheté un espace disque important chez un provider pour offrir au pharmacien la possibilité d'une sauvegarde externe, confirme l'absence de demande en la matière, bien que cette solution demeure la plus fiable en cas d'incendie, de vol, d'inondation, compte tenu de l'assurance souvent médiocre des officines en matière de perte d'exploitation... On estime chez ASP Line que moins de 1 % des pharmaciens externalisent leurs données aujourd'hui.

« Lorsque la sauvegarde électronique sera à l'ordre du jour, elle nécessitera la signature d'un contrat de confidentialité et une déclaration à la CNIL », rappelle Alexandre Karpov.

Récupérer les données envers et contre tout.

Si, malgré tous vos efforts, vos données sont gravement endommagées, ne baissez pas les bras. La société Ibas France propose de récupérer les données quel que soit l'état de l'installation, suite à des problèmes matériels, pannes franches ou aléatoires sur disque dur ou bande magnétiques (50 % des demandes), ou suite des problèmes logiciels consécutifs à une intervention humaine (effacement de données accidentelles ou provoquées, bugs, virus). « Nous sommes les pompiers de l'informatique. Nous intervenons quand la SSII a déclaré forfait, à l'aide d'outils experts indépendants des systèmes d'exploitation, développés en interne », commente Arnaud Servole. Coût moyen de la prestation : de 800 à 4 000 euros HT.