Les politiques passent l'oral - Le Moniteur des Pharmacies n° 2440 du 13/04/2002 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2440 du 13/04/2002
 

Actualité

L'événement

Le médicament n'a fait que de timides apparitions dans la campagne électorale. Invités mardi par la revue « Pharmaceutiques » et le SNIP à s'exprimer sur la politique du médicament, les représentants de sept partis ont rappelé les grandes lignes de leur programme.

Sans faire injure aux représentants des autres partis, les interventions des porte-parole santé des deux leaders susceptibles d'être aux affaires dans trois semaines étaient évidemment les plus attendues mardi 9 avril.

Claude Pigement, pour le Parti socialiste, fustigeant les ordonnances Juppé - « quintessence de l'étatisation » - et la privatisation chère au Medef, vante la voie d'un contrat pluriannuel avec les professionnels dont le socle est le cadre conventionnel à trois étages récemment adopté. Il concède que « l'on ne peut plus calquer la hausse des dépenses sur le PIB ». Quant au prix du médicament, il rejette implicitement l'idée d'un « dépôt de prix » formulée par l'industrie (voir encadré) mais imagine volontiers une baisse de prix programmée des « médicaments amortis » et une dégressivité programmée pour les produits innovants : un prix attractif pendant quatre ans suivi d'une baisse fixée à l'avance. Il propose de rééquilibrer la promotion entre visite médicale et information publique et d'éduquer le patient « pour en finir avec la pression du patient sur les prescripteurs ». Sur les autres questions, extrême prudence du représentant socialiste mais l'idée d'un panier de soins ne semble guère plaire. Sur la réforme de la commission de la transparence et de la taxe sur la promotion, l'un des dadas de l'industrie, pas de réponse claire. « Quant à la taxation des industriels, elle sera d'autant moins forte que la politique conventionnelle marchera », précise-t-il. A bon entendeur... sachant que le SNIP menace de ne pas renouveler l'accord-cadre Etat-Industrie arrivant à échéance en décembre.

Jean-Michel Dubernard, pour le RPR, a commencé par faire acte de repentance. « Il n'y aura plus de sanctions collectives, plus de lettres clés flottantes », a-t-il assuré en référence aux ordonnances Juppé. Arrivé au pouvoir, le RPR - qui aura créé un « vrai ministère de la Santé et de l'Assurance maladie » et des « agences régionales de santé autonomes » - lancera une grande concertation avec l'ensemble des acteurs du monde de la santé et notamment avec l'industrie pharmaceutique sur la base des quinze propositions du SNIP (voir encadré) « satisfaisantes » et pouvant conduire à une « contractualisation ». Le candidat Chirac s'engage par ailleurs à une revalorisation des actes des professionnels de santé ainsi qu'à un renforcement de leur sécurité. « Si les Français souhaitent que les dépenses de santé augmentent, pourquoi pas, si l'argent n'est pas gaspillé, a estimé Jean-Michel Dubernard. L'ONDAM [objectif national des dépenses d'assurance maladie] doit être réaliste et voté en deux temps : un débat sur les besoins de santé au printemps et un budget à l'automne. » Par ailleurs, le RPR mise beaucoup sur la prévention en proposant une politique de dépistage à tous les âges de la vie en créant des consultations spécifiques de prévention. Enfin, pour que les classes défavorisées, non couvertes par la CMU, accèdent à une complémentaire santé, le RPR leur proposera un crédit d'impôt.

Côté majorité plurielle, Joëlle Greder, pour le PC, propose d'adapter l'enveloppe des dépenses aux besoins et non l'inverse. Avec quelles recettes ? En taxant les revenus financiers et en modulant les cotisations patronales (en faveur des entreprises créatrices d'emplois...), « une mesure que Jospin avait promise... ». A noter la proposition de taxer les industriels en fonction de leurs efforts dans la recherche... Et Joëlle Greder de remettre en cause la façon « antidémocratique » dont est votée la loi de financement de la Sécurité sociale, « jamais votée par le PC ». PC qui n'a jamais non plus voté contre...

Pour Elie Arié, représentant du MDC, le PS n'a pas de politique de santé et les propositions des communistes « de dépenses illimitées tout en baissant les prélèvements » sont irréalistes. « Nous sommes dans un condiv où tout le monde triche, [...] Etat et laboratoires, assène-t-il, et si la collectivité est prête à des surcoûts inhérents à la qualité, elle n'est plus disposée à payer pour l'inutilité. Il faut faire des choix publiquement, sinon ce sont les lobbies qui choisissent ». Mais Elie Arié stigmatise ce que les socialistes pensent tout bas : pas question de libéraliser la communication sur le médicament. Et l'industrie doit accepter « les principes de la concurrence fondés sur la transparence d'une information objective : son extraordinaire capacité d'innovation lui en donne les moyens, et elle aurait tout intérêt à perdre cette déplorable image sur ses procédés commerciaux qu'elle ne partage qu'avec l'industrie de l'armement ».

Bernard Jomier, représentant les Verts, a estimé que le système de santé ne devait plus fonctionner sur des critères financiers mais « sur des objectifs clairs de santé ». Il préconise une régionalisation dans le cadre d'un paritarisme rénové, accueillant les associations d'usagers. « Le système conventionnel sera conservé, mais les unions régionales de caisses d'assurance maladie seront remplacées par des unions régionales de professions de santé et l'ordre des médecins supprimé », a-t-il indiqué. Si la préoccupation principale des Verts reste la santé environnementale, corriger les inégalités sociales de santé est également un objectif. « Si l'industrie a vocation à développer ses parts de marché, l'Etat doit retrouver un rôle de régulateur fort, considère Bernard Jomier. Je m'étonne qu'un psychotrope soit utilisé pour lutter contre le tabagisme alors que d'autres formules fonctionnent parfaitement. »

Jean-Luc Préel, représentant l'UDF, a plaidé pour un changement complet de l'organisation du système de santé. « Les besoins des Français ne sont pas pris en compte, on n'écoute pas les professionnels de santé et l'ONDAM est fixé au pifomètre », fustige-t-il. L'UDF souhaite donner plus de pouvoir aux conseils régionaux de la santé, véritables « Parlements de la santé » dont les membres seraient élus par collège. Annuellement, ils détermineraient un budget, composant ainsi un ONDAM « réaliste et proche des réalités du terrain ». Le ministre de la Santé, à la tête « d'un vrai ministère », sera responsable de sa politique devant le Parlement. « Aujourd'hui, une fois l'ONDAM voté, il distribue seul, sans contrôle, des enveloppes non fongibles, ce n'est plus possible. » Jean-Luc Préel a souhaité que le service médical rendu soit régulièrement revu en prenant en compte les pathologies parce que « certains médicaments non remboursés, dits de confort pour les uns, sont des nécessités absolues pour les autres. » Enfin, il a proposé l'unicité des prix des médicaments en Europe.

Démocratie libérale n'a pas fait dans la demi-mesure. « Le système de santé est englué dans une maîtrise comptable et fondé sur l'irresponsabilité des acteurs », fulminait Philippe Austruy. « Nous mettrons fin au Gosplan de la santé, ajoutait Laurent Alexandre. On ne peut plus gérer 60 millions d'assurés depuis l'Avenue de Ségur. » Le programme de DL peut se résumer en trois points : rétablir la confiance, c'est-à-dire « ne pas faire de l'industrie un bouc émissaire permanent », responsabiliser le patient par l'éducation et la prévention pour l'amener à prendre en charge sa santé et, surtout, mettre en concurrence les régimes d'assurance maladie. « Ce n'est pas une privatisation mais une mise en concurrence, au niveau régional, des caisses existantes avec les mutuelles et les assurances privées, assure Laurent Alexandre. Tout le monde sera assuré au premier franc et en fonction de ses facteurs de risque. »

Politique du médicament : quinze propositions industrielles

A la veille des élections, l'industrie entame son lobbying en menaçant notamment de ne pas renouveler l'accord-cadre avec l'industrie qui se termine fin 2002. Parmi les 15 propositions des industriels, depuis l'établissement d'un panier de soins (avec possibilité de communication grand public en dehors du panier) à l'engagement auprès des pays du tiers-monde en passant par la réforme de la commission de la transparence, la plus spectaculaire est l'idée d'une procédure de « dépôt de prix » pour réduire les délais entre AMM et accès aux patients : les produits d'ASMR 1 à 3 pourraient être immédiatement mis sur le marché à un prix « de niveau européen » fixé par l'entreprise et sur lequel les pouvoirs publics pourraient revenir en motivant leur décision. Concernant l'officine, les industriels notent à propos de l'automédication que « concernant les prix, l'affichage n'était toujours pas la règle dans l'officine française ». Quant au générique, en faisant reposer son développement « sur le droit de substitution [...] on a modifié les rapports médecin-pharmacien, déstabilisant ainsi le patient ». Aussi montrées du doigt, « les incitations économiques et fiscales à l'utilisation des génériques par les pharmaciens » provoquant « une guerre commerciale qui épuise les génériqueurs ». A noter que pour le SNIP « l'informatisation des officines, leur mise en réseau avec les caisses et les professionnels de santé, l'ouverture du capital et ses conséquences potentielles (chaînes, portage, différenciation par les services et les prix), leur montée en puissance avec les hôpitaux [...] au sein des réseaux de soins, peuvent aider à optimiser le service au patient ».

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