Des chercheurs proches du terrain - Le Moniteur des Pharmacies n° 2440 du 13/04/2002 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2440 du 13/04/2002
 

FACULTÉS

Carrières

Que les esprits chagrins se rassurent, être chercheur en faculté n'est pas la voie monacale que l'on pourrait imaginer. Ouverture sur l'hôpital, collaboration avec le monde de l'industrie..., la recherche est loin de se faire en vase clos.

La recherche en faculté de pharmacie est en pleine mutation. Loin de l'image du chercheur sans moyen, isolé dans son laboratoire et pour qui ne pèse guère la contrainte de résultats. Pour que la recherche reste proche des réalités de terrain, les facultés multiplient les collaborations et les contrats avec des partenaires aussi divers que les industriels, les grands organismes de recherche publics et les tutelles régionales, sources de financements bien sûr mais aussi d'échanges fructueux. Et si les salaires sont moindres que dans l'industrie pharmaceutique par exemple, la recherche en faculté offre néanmoins l'avantage de pouvoir mener son projet sur le thème que l'on souhaite avec une grande liberté quant à la réalisation des objectifs...

Mais pour contenir une bonne part de vérité, cette allégation est loin de refléter la réalité, plus complexe. Les profils de chercheurs à la faculté sont en effet quasiment aussi divers que les sujets de recherche... De plus, la loi de décembre 2001 de mise en place du CHU pharmaceutique pourrait bien bouleverser à terme le profil des candidats à la recherche en faculté. « La loi de décembre pousse vers l'accroissement du nombre de chercheurs appartenant à la fois à la faculté et à l'hôpital. Avec les départs à la retraite, on peut évaluer à environ 400 le nombre de postes de "biappartenants" qui seront disponibles dans les années à venir, soit deux fois plus qu'actuellement. Le Conseil national des universités va s'adapter à ces changements, et si l'on maintient ses trois sections en l'état, elles seront désormais gérées par un collège mixte comprenant à la fois des enseignants-chercheurs de la faculté et des enseignants-chercheurs ayant un poste de praticien hospitalier », explique le Pr José Sanpol, président de la 41e section du Conseil national des universités.

L'augmentation du nombre de postes de chercheurs « biappartenants » est sans aucun doute une aubaine pour ceux qui ont choisi la recherche en faculté : outre le double salaire (en tant qu'enseignant à la faculté mais aussi praticien hospitalier), l'hôpital leur offre en effet la possibilité d'approcher la recherche clinique, une ouverture directe sur d'éventuelles applications et la possibilité de confronter leur point de vue à celui des praticiens de terrain, en particulier des médecins. « Le scientifique qui reste collé à son sujet perd quelque chose, affirme le Pr Marc-André Fliniaux, vice-président du conseil scientifique de la faculté d'Amiens et directeur d'un laboratoire de recherche. L'équipe de philosophes qui travaille au sein de l'université sur l'épistémologie et l'histoire des sciences biologiques et médicales nous offre un regard critique et nous permet d'inclure une dimension éthique dans nos travaux de recherche. » C'est aussi dans cet esprit d'échange que la faculté d'Amiens, comme bien d'autres, offre ses compétences au secteur privé pour multiplier les échanges et les partenariats. « Nous avons actuellement un projet de contrat avec Sanofi dans le domaine de la biotechnologie végétale, nous travaillons également beaucoup sur de grands projets régionaux », explique le Pr Marc-André Fliniaux.

Ces accords permettent aussi aux laboratoires des facultés de boucler leur budget. Là encore, les financements et les besoins sont très variables d'un laboratoire à un autre en fonction, non seulement du domaine de recherche, mais aussi de la notoriété du laboratoire, notamment de sa reconnaissance soit auprès d'un EPST (établissement public, scientifique et technologique, tels l'INSERM, le CNRS, l'Ifremer...), soit de l'université. Cette dernière passe en effet un contrat, tous les quatre ans, avec le ministère qui lui permet d'inscrire dans son budget les laboratoires « labélisés », et donc de leur allouer un budget.

Les quatre premières années, un laboratoire doit donc trouver ses propres financements, comme ce fut le cas pour le laboratoire de recherche « santé publique et environnement » du Pr Yves Lévy (Châtenay-Malabry) créé en 1997. Il vient d'être labélisé comme équipe d'accueil pour des doctorants. « Quand on intègre un laboratoire qui démarre, chacun doit s'impliquer dans la recherche de financement, mais c'est aussi une expérience très enrichissante pour le jeune chercheur qui peut lui apporter des contacts importants pour l'avenir de son sujet de recherche », explique le professeur Lévy, qui a notamment travaillé dans des laboratoires de recherche privés, à la Générale des eaux puis à la Lyonnaise des eaux.

La faculté alloue très peu de moyens (programme d'aide aux nouvelles équipes). « Lorsque nous avons débuté, 80 % de notre budget hors salaires provenaient de financements externes », précise Yves Lévy. Mais « peu de moyens aiguise le souhait d'exceller », semblent répondre, unanimes, les chercheurs interrogés. « La recherche à la faculté offre moins de moyens techniques, des salaires moindres, mais une liberté intellectuelle à nulle autre égale, c'est aussi l'intelligence du chercheur qui doit faire la différence », note Yves Lévy. « Le diplôme de pharmacien est un grand avantage dans la recherche et la faculté lui permet d'exprimer pleinement ce potentiel. Les chercheurs des universités ont désormais la possibilité de monter des start-up, j'espère que ce type de démarche se multipliera à l'avenir car c'est aussi valorisant pour le chercheur que pour l'université dont il dépend », prône José Sanpol, lui-même à l'origine de Biocytex, société de recherche et développement créée il y a dix ans, spécialisée dans la création et la production d'anticorps monoclonaux de souris et de rat.

Quelques chiffres

- Les chercheurs à la faculté sont tous enseignants-chercheurs et doivent donc s'acquitter de 128 heures de cours magistraux ou 192 heures de travaux dirigés par an. On compte environ 2 000 chercheurs au total dans les 24 facultés de pharmacie de France (682 professeurs et 1 154 maîtres de conférence).

- Environ 400 chercheurs sont également praticiens hospitaliers (un tiers en pharmacie et deux tiers en biologie). Les salaires auxquels peuvent prétendre les universitaires tournent autour de 1 675 euros net pour un maître de conférence en début de carrière et 3 811 euros net pour un professeur en fin de carrière. Un DEA et une thèse sont un passage obligé. Une mesure peu connue pour ceux qui se destine à la recherche : le passage d'un DEA en 6e année valide la 6e année sans qu'il soit nécessaire non plus de faire un stage en officine. Cette mesure permet donc de gagner une année.

- Côté financement, notamment en thèse, on peut passer par la filière pharmacie spécialisée de l'internat qui permet de s'assurer un salaire durant ses études. La qualification par le Conseil national des universités permet ensuite de concourir sur les postes d'enseignants-chercheurs, dont une cinquantaine sont accessibles aux pharmaciens chaque année.

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