Suppression du quorum, ventes de médicaments sur Internet, chaînes de pharmacie, brèches dans le monopole du médicament... L'Europe de la pharmacie est à l'heure de la déréglementation. Une fois élu, quelle sera votre attitude face à ce phénomène ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 2432 du 16/02/2002 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2432 du 16/02/2002
 

LA QUESTION DU « MONITEUR »

Actualité

Enquête

RPR : « Le réseau officinal constitue un réseau remarquable de maillage médical du territoire, notamment dans ses missions de santé publique et d'action de proximité. Il importe de le protéger, la suppression du quorum ne pourrait que le fragiliser. Le RPR est très préoccupé par la démographie de l'ensemble des professions de santé, notamment des pharmaciens dont la pénurie actuelle et future aura une incidence sur ce précieux maillage. Sécurisation des ventes, traçabilité, démarche de qualité nous semblent des maîtres mots que seul le pharmacien est en mesure d'assurer. Nous sommes attachés aux principes de responsabilité individuelle, tout particulièrement dans le domaine de l'officine, et serons très attentifs à ce que les chaînes de pharmacie se rattachent au principe de liberté individuelle d'entreprendre. »

PS : « L'organisation actuelle du réseau officinal est globalement satisfaisante. La loi du 27 juillet 1999 sur la répartition démographique des officines a été bénéfique. En facilitant les regroupements et les transferts aux dépens des créations, cette loi a été bien reçue par votre profession. Au moment où se pose le problème d'une régulation d'installation des médecins libéraux sur le territoire, il serait contradictoire d'autoriser la liberté d'installation de pharmaciens d'officine là où ils le souhaitent. Le pharmacien doit conserver le monopole de la distribution des médicaments. Il est un professionnel de santé essentiel à la chaîne du soin par son rôle dans l'éducation sanitaire, la prévention, le conseil et la délivrance du médicament. Il n'est pas question que la pharmacie devienne un enjeu capitalistique. Le service sanitaire rendu par l'officine est majeur dans notre pays. Il n'est pas question de le fragiliser mais au contraire de l'améliorer encore. »

Jean-Pierre Chevènement : « Il faut maintenir une certaine limitation et surtout encourager les jeunes diplômés à s'installer dans les régions les moins riches, dans les quartiers défavorisés et dans les zones rurales. Des primes préférentielles à l'installation, des facilités de crédit doivent donc être mises sur pied. Cela implique aussi la lutte à tous les niveaux contre la délinquance dont vos confrères sont de plus en plus victimes. La santé ne peut pas être un domaine marchand comme les autres. Elle fait partie du domaine des services publics, ce qui n'est pas contradictoire avec l'exercice libéral. La France doit préserver le domaine de la santé de la marchandisation, maintenir des règles protectrices et promouvoir des coopérations renforcées à l'échelle européenne. »

Jean-Marie Le Pen : « En principe, nous sommes adeptes de la libre installation et de la prise de risque. Le numerus clausus imposé aux pharmaciens ne doit continuer de l'être que si l'ensemble de la profession en est satisfaite. Le principe de liberté et de responsabilité nous porte à admettre de nouvelles formes commerciales de distribution. Par contre, opposés aux accords de Schengen sur la libre circulation inconsidérée des personnes et des biens, nous sommes pour une réglementation nationale et internationale qui ne fasse pas la part belle à des non-professionnels, à l'origine de dérives comme cela se voit dans l'agroalimentaire ou l'alimentaire. »

Robert Hue : « Tout système a besoin d'évoluer. Mais l'idée de liberté d'installation pourrait vite s'avérer une fausse bonne idée. Ne voit-on pas aujourd'hui les limites de la liberté d'installation pour les médecins ? Ne faut-il pas craindre que derrière cette première liberté se cachent d'autres formes de libéralisation régulièrement demandées par les grandes surfaces ? Je pense qu'un débat réunissant l'ensemble des acteurs de la profession ainsi que les usagers et les élus locaux serait utile. Je pense que l'idée de déréglementation, pas seulement à l'échelon européen, doit être vigoureusement combattue. Tout simplement parce que le médicament n'est pas et ne doit pas devenir une marchandise comme une autre. »

Noël Mamère : « L'heure des choix pour les officinaux a sonné ! Soit ils veulent devenir des commerçants de médicaments et de matériels médicaux - et dans ce cas pourquoi devraient-ils être protégés par des réglementations leur assurant des rentes et des monopoles, et pourquoi conserver le quorum ? -, soit ils se réinvestissent dans la santé où ils ont une place centrale dans les soins primaires aux côtés du médecin généraliste et de l'infirmière. Les pharmaciens peuvent être des acteurs de santé formidables à l'heure des réseaux de santé, du développement du maintien à domicile, comme certains ont pu le démontrer dans la prise en charge du sida, du diabète ou des toxicomanes. Mais qu'ils prennent garde, car en matière de commerce, ils n'ont pas été formés, et la compétition avec des anciens d'HEC comme à travers Internet risque d'être catastrophique pour eux ! Les Verts proposent, comme pour les médecins, la définition d'un nouveau contrat sanitaire dans lequel statuts et rémunérations ne soient pas incompatibles avec qualité du service rendu à la population. »

Alain Madelin : « Il me semble que le réseau officinal est plus que performant. Je ne crois pas qu'il faille bouleverser son organisation. Il n'en reste pas moins que certains pharmaciens font face à des difficultés, notamment parce qu'ils réalisent des chiffres d'affaires trop modestes pour faire face à leurs charges et rentabiliser leur investissement. Dans certains cas, il faut peut-être imaginer des regroupements d'officines pour moderniser l'activité officinale et atteindre une certaine masse critique. Au fond, j'ai surtout tendance à penser que c'est aux pharmaciens de dire comment ils veulent faire évoluer leur métier. Je ne crois pas à la vente de médicaments via Internet, je pense que les patients n'en veulent pas et qu'ils continueront de privilégier le rapport humain avec leur pharmacien. Concernant la notion de chaîne, il faut voir que les pharmaciens qui ont intégré des chaînes dans les pays où ces organisations se développent - comme aux Etats-Unis - ne regrettent pas leurs choix : ils ont plus de temps libre, moins de stress, gagnent mieux leur vie et quand, ils partent à la retraite, disposent d'un capital enviable au regard de ce que peuvent espérer aujourd'hui les officinaux français. Enfin, les pharmaciens qui participent à des chaînes conservent un certain contrôle sur leur outil de travail car ils sont actionnaires du groupe qui les emploie. Il me semble que les officinaux disposent d'outils et d'organisations - les groupements par exemple - pour prévoir de telles évolutions et s'y préparer efficacement. »

François Bayrou : « Je ne suis pas favorable à une modification du quorum. A quoi sert de vouloir détruire systématiquement ce qui est en place ? Pourquoi toujours faire du "bougisme" ? Pourquoi casser le lien social ? Oui, il faut défendre la pharmacie et le service rendu de proximité ainsi que le conseil ! Le maintien d'un maillage médical est important tant en banlieues qu'en zones rurales. »

* Au moment du bouclage de notre enquête, Jacques Chirac et Lionel Jospin n'étaient pas officiellement candidats. C'est donc le porte-parole santé de leur parti qui s'exprime.

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