Eduquez-vous vos patients ? - Le Moniteur des Pharmacies n° 2432 du 16/02/2002 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2432 du 16/02/2002
 

Actualité

L'événement

Les pharmaciens sont-ils des éducateurs de santé sans le savoir ? Pour le déterminer, le CFES et la CNAM, en collaboration avec des officinaux, débutent une série d'études. A la clé, une rémunération spécifique pourrait voir le jour. Avant-première.

Pharmaciens et étudiants de 6e année vont observer la nature des échanges entre officinaux et clients. PHILIPPE LESAGE

Le pharmacien en tant qu'éducateur de santé pourra-t-il prétendre à une rémunération spécifique ? « L'Assurance maladie n'y est pas opposée si les pharmaciens réussissent à démontrer la réalité de leur activité d'éducation pour la santé », déclare Jean-François Collin, pharmacien et maître de conférences en santé publique à Nancy, chargé de mission au CFES (Comité français d'éducation pour la santé) sur le programme « Education du patient et pharmacien ». Un travail entamé depuis quelque temps déjà avec la parution du premier « Baromètre pharmaciens » du CFES en 1998-1999. Depuis, lors d'un colloque en novembre 2000, le CFES avait rassemblé des pharmaciens de tous horizons pour recenser les pratiques officinales en matière d'éducation du patient. « C'est ainsi qu'est née l'idée d'analyser et de recueillir des informations pour définir la nature des échanges entre le pharmacien et le patient », se rappelle Jean-François Collin.

« Nous cherchons à démontrer la réalité de l'activité d'éducation pour la santé du pharmacien. » Jean-François Collin, chargé de mission au CFES

Une étude préliminaire menée en Lorraine a permis de décrire des exemples d'informations ou de conseils prodigués, mais peu d'éléments autour de l'éducation proprement dite. L'axe prioritaire, dans un premier temps, consiste donc en l'analyse des pratiques.

« Il n'est pas question de juger de la compétence mais d'avoir un témoignage objectif sur ce qui est de l'ordre de l'information, du conseil ou de l'éducation », explique Robert Pujol, membre du groupe de pilotage de cette étude et pharmacien à Saint-Béat (31). Le pharmacien fournit tous les jours informations (à quoi sert le médicament ? ...) et conseils (plan de prise et opinion par rapport au cas du patient...), mais beaucoup moins souvent de l'éducation. « Cette dernière action correspond à une mise en situation et à l'explication au client de ce qu'il devra faire dans tel ou tel cas. Cela demande du temps et ne s'applique en général qu'aux pathologies chroniques et lourdes », détaille Robert Pujol. Seul ce rôle éducatif du pharmacien pourrait justifier une rémunération.

« Dans la perspective de mieux connaître cette activité éducative - revendiquée à juste titre par les pharmaciens d'officine - et de la valoriser, nous proposons qu'une observation des échanges entre pharmaciens et clients soit mise en place dans des officines volontaires », écrit le groupe de pilotage de cette opération financée par le CFES et la CNAMTS. Des pharmaciens et des étudiants en stage officinal de sixième année sont donc mis à contribution dans plusieurs facultés (Angers, Nancy, Toulouse, Paris...) pour remplir une grille d'observation. Le CESSPF, les associations de maîtres de stage et quelques universitaires se sont impliqués dans cette opération qui devrait se poursuivre jusqu'à l'été prochain et qui permettre de recueillir plus d'un millier d'observations. Les premiers résultats seront dévoilés à l'automne. « En plus d'exemples concrets et d'actions éducatives, [ces résultats] nous donneront un aperçu des pratiques et des besoins en supports pédagogiques validés », ajoute Jean-François Collin.

Réunir des preuves pour négocier une rémunération

Dans la même optique, un programme de recherche en éducation pour la santé est mené dans six sites rassemblant médecins généralistes et officinaux. L'idée du CFES et de la CNAMTS est de déterminer comment s'adresser à des populations définies. Premières réflexions sur les adolescents, les femmes enceintes et les personnes âgées. Que leur proposer en matière de prévention et d'accompagnement, aussi bien au cabinet médical qu'à la pharmacie ? « Nous en sommes à la phase de mise en place puis nous ferons une expérimentation avec une centaine de patients par site pendant neuf mois », décrit Jean-François Collin. La réalisation de scénarios concrets d'éducation du patient et l'évaluation de leur faisabilité courront jusqu'en 2003. Ce qui devrait aboutir à des recommandations pour généraliser la mise en place de ces démarches éducatives et proposer les outils pédagogiques nécessaires.

Une fois les preuves et les outils réunis, il restera à la profession à négocier les modalités de financement de cette activité par la CNAM.

Une information inaccessible ?

Selon le « Baromètre pharmaciens » 98/99, la moitié des pharmaciens parle souvent de vaccination à sa clientèle.

Le CFES s'est donc repenché sur la question :

- De quelles informations disposent les pharmaciens ?

- Qui fait la démarche pour dialoguer autour de la vaccination (le pharmacien, le patient) ?

Conclusion : les pharmaciens n'ont pas l'impression de disposer d'une information validée et actualisée, ce qui les gêne dans leurs recommandations. Pourtant l'information existe. Les patients ne semblent pas très demandeurs auprès des pharmaciens car les vaccins sont délivrés sur prescription médicale.

Le CFES planche donc sur les moyens d'information utilisés par les professionnels de santé et compte en tirer une analyse qualitative d'ici la fin de l'année.

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