L'Ordre sonde les assistants - Le Moniteur des Pharmacies n° 2419 du 10/11/2001 - Revues - Le Moniteur des pharmacies.fr
 
Le Moniteur des Pharmacies n° 2419 du 10/11/2001
 

Actualité

L'événement

Heureux et épanouis dans leur profession, les assistants ? Pas sûr. Mais on les entend peu, alors pour connaître leur situation, la section D de l'Ordre les a consultés via un questionnaire envoyé au printemps dernier. 1 600 y ont répondu. Les résultats sont tout chauds...

Seuls 16 % des assistants désireux de s'associer envisagent de le faire avec leur titulaire. HANNOTEAUX

Il semble que les assistants soient moroses quant à leur avenir, et il leur faudra certainement plus qu'une appellation d'« adjoint » pour se sentir mieux considérés. En effet, la notion de plan de carrière est totalement inconnue pour 96 % d'entre eux qui disent ne jamais en avoir entendu parler à l'officine. Ceci explique cela : 16 % seulement ont choisi de vivre leur métier dans l'assistanat. Si ce n'est un choix, voudraient-ils devenir titulaires pour autant ? L'avis est très partagé, un sur deux ne le désire pas. Ceux désireux de se lancer dans l'aventure opteraient pour l'association (63 %) mais seuls 16 % envisageraient de le faire avec leur titulaire actuel. Une réticence de mauvaise augure dans la perspective de l'entrée des assistants dans le capital des officines. D'autant qu'ils renoncent le plus souvent à l'installation par insuffisance de capitaux personnels (74 %) et pour 31 % par manque de « lisibilité dans l'avenir de la profession », et certains de rajouter que le salaire d'un assistant ne permet pas d'épargner en vue d'investir dans un fonds.

« Seriez-vous prêt à aller travailler dans un secteur géographique manquant d'assistants ? »

Concernant leur exercice présent en tant qu'assistant, l'enquête confirme le manque de mobilité, souvent déploré par les titulaires : en effet, 63 % des assistants ne sont ici pas prêts à changer de zone géographique pour travailler. Ainsi 75 % des répondants qui sont actuellement à temps partiels (c'est-à-dire, ici, moins de 20 heures par semaine) ne se délocalisent pas. La profession est féminine à 82 %. Or, selon les données de cette enquête, elles ne sont que 32 % pour 48 % des hommes à accepter l'idée de travailler ailleurs. Le message est clair, ils ne bougeront que si le contrat en vaut la peine.

« Tout le monde fait tout et plus personne n'est responsable »

Seulement voilà, l'étude ordinale montre aussi que 90 % des répondants n'ont pas de tâches définies par écrit dans leur contrat, 60 % en ont parlé avec leur titulaire. A noter cependant que 72 % des 1 600 assistants ayant répondu sont salariés à temps plein. Or les temps pleins ne représentent pas une telle proportion des assistants en exercice. Auraient-ils été plus enclins à répondre à ce questionnaire que leurs confrères à temps partiel ou multiemployeurs ?

Quelles sont les attributions des assistants à l'officine ? « Tout le monde fait tout et plus personne n'est responsable » refléterait bien l'impression générale s'il on ajoute les commentaires aux chiffres (voir ci-contre), avec néanmoins une plus grande implication dans des tâches précises pour les temps pleins (contrôle du personnel, stupéfiants, rayon spécifique...) et plus de responsabilités (gestion, gardes...) confiées aux hommes. Les tâches de comptoir dominent mais les gestions du stock et des commandes n'échoient respectivement qu'à 45 et 42 % des assistants. Ils s'occupent de l'administratif pour 60 % mais ne sont que 27 % à prendre en charge un rayon spécifique.

Prépare-t-on les assistants à un rôle de titulaire ou d'associé au capital ? La gestion du personnel leur est confiée à 30 %, avec une grande disparité (32 % pour les temps pleins, 8 % pour les temps partiels). Ce qui peut être logique mais difficile à gérer pour un assistant peu présent à l'officine, qui a donc fatalement moins d'autorité sur un personnel non qualifié pour délivrer seul. Et ils ne sont que 12 % responsables du contrôle des procédures qualité. Mais de telles procédures existent-elles déjà en officine ?

« Précisez les tâches que vous effectuez à l'officine ... » L'échantillon est ici réparti entre 355 hommes répondants pour 1 216 femmes.

Seuls 5 % des assistants sont assurés personnellement

Responsabilités trop diffuses, titulaires qui ne délèguent pas clairement les tâches, les assistants engagent néanmoins leur responsabilité pénale et parfois civile au comptoir. Pourtant les trois quarts ignorent s'ils sont assurés par leur titulaire et ils ne sont finalement que 5 % à s'assurer personnellement. Tous les professionnels de santé libéraux seront bientôt tenus de souscrire une assurance responsabilité civile sous peine d'amende (loi relative aux droits des malades votée en première lecture à l'Assemblée). Mais rien ne dit que la responsabilité de l'assistant ne sera pas engagée de façon croissante à l'avenir (voir notre enquête du 5 mai 2001, n°2397).

Par ailleurs, le questionnaire abordait d'autres thèmes telle l'existence des fiches de déclaration d'agression : les trois quarts en connaissent l'existence, ce qui contraste avec leur faible utilisation dans un condiv où l'on parle de plus en plus d'insécurité à l'officine.

Enfin, l'Ordre ne pouvait éviter l'épineuse question de la cotisation ordinale dont le montant est toujours unanimement jugé trop élevé (1 070 F dont 200 F pour la section D).

Cet état des lieux voulu par la section D n'aborde pas en revanche de questions économiques, mais sont-elles effectivement de son ressort ? Une certitude, beaucoup reste à faire pour établir un échange constructif avec des professionnels qui n'ont pas trop l'habitude qu'on les interroge sur leurs aspirations. Le Moniteur l'avait fait au printemps 2000 avec l'Ordre (voir n° 2353, « SOS assistants »). « Enfin !, nous avait-on dit, une petite reconnaissance de notre travail. » Un an et demi après, l'ambiance ne semble guère avoir évolué. Pourtant la mise en place de la qualité de l'acte pharmaceutique, la valorisation de la profession (opinion pharmaceutique, pharmacovigilance) passent aussi par les assistants, futurs adjoints, éventuels associés.

Quelle formation continue ?

Plus de 56 % des répondants déclarent accorder 20 à 30 heures par an à la formation continue, souvent en dehors du temps de travail, parfois autofinancées. Un regret récurrent : que les formations scientifiques, qualifiantes, leur soient souvent refusées, faute de temps à disposition, alors qu'on leur propose des formations axées sur la vente...

La loi relative aux droits des malades, votée cet automne, pose le principe d'une formation continue obligatoire pour tous. Il reste à en organiser les modalités d'accréditation, d'évaluation, de financement et savoir comment on vérifiera les connaissances et donc à en attendre les décrets... A noter cependant que la convention collective énonce déjà que le temps consacré à la formation continue est rémunéré (art. 28), et que si elle se déroule en dehors du temps de travail, elle l'est en heures supplémentaires. Les revues professionnelles sont aussi une source de formation pour les assistants... quand ils y accèdent.

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