ETABLISSEMENT FRANÇAIS DU SANG
Des pharmaciens au service de la qualité
Carrières
Qui dit transfusion sanguine se réfère depuis le 1er janvier 2000 à l'Etablissement français du sang (EFS). Directement sous la tutelle du ministère de la Santé, l'EFS emploie actuellement 8 500 personnes, dont une cinquantaine de pharmaciens.
Les cent cinquante (environ) centres de transfusion sanguine (CTS), structures hétéroclites et indépendantes les unes des autres, ont désormais laissé place aux dix-huit établissements régionaux (quatorze en métropole et quatre dans les départements outre-mer) de l'EFS. Leur rôle ? Gérer chaque année près de 3 millions de dons sanguins en provenance directe des 213 sites transfusionnels, du prélèvement jusqu'à la distribution aux établissements de santé. Sans oublier le maillon essentiel de la chaîne transfusionnelle : les quatorze plateaux techniques (un par région) permettant de séparer, de contrôler et de qualifier les produits sanguins. C'est essentiellement à cette étape ou bien au sein du siège parisien de l'EFS que les pharmaciens peuvent mettre à profit leurs connaissances. Rencontres avec trois d'entre eux.
Véronique Piroux, 31 ans, pharmacienne-biologiste à l'EFS Lorraine-Champagne (Nancy), a de l'énergie à revendre et c'est tant mieux ! A la tête de dix-huit personnes, il lui faut assurer la qualité biologique de 150 000 dons annuels. A commencer par le contrôle immunohématologique destiné à déterminer les groupes sanguins, à rechercher les agglutinines érythrocytaires (exemple : les anticorps anti-D) et à établir les numérations de formule sanguine (NFS). « Le but de ces analyses étant de sécuriser le receveur et d'informer le donneur », précise-t-elle. En cas de problème particulier comme l'existence d'une anomalie dans la NFS ou la présence d'un groupe sanguin particulier, les techniciens de laboratoire se réfèrent à l'avis de Véronique qui se charge de demander des examens complémentaires. Biologiste « multifonction », elle s'occupe aussi de la gestion des réactifs immunohématologiques de tous les laboratoires concernés de l'EFS Lorraine-Champagne : appels d'offres des réactifs, cahier des charges pour l'achat de nouveaux automates...
Sa mission ne s'arrête pas là puisqu'elle assure aussi le suivi des dons de greffe de moelle osseuse, via le laboratoire de cytométrie de flux. A l'évidence, toutes les bases de biochimie, d'enzymologie et bien sûr d'immunologie acquises au cours des années d'internat ne se sont pas avérées inutiles. Le DEA de biologie et pharmacologie de l'hémostase et des vaisseaux non plus ! Mais outre la rigueur, ce poste demande aussi des qualités de management et d'adaptation. « Il ne faut pas avoir peur de bousculer les habitudes et de s'intéresser au fonctionnement des sites extérieurs ainsi qu'aux autres services du plateau technique », assure notre biologiste polyvalente qui n'a qu'un seul souci : optimiser les démarches d'assurance qualité.
Françoise Donnadieu, ancienne interne des hôpitaux de Marseille, pharmacienne responsable du contrôle qualité à l'EFS Alpes-Méditerranée (Marseille), travaille dans le secteur de la transfusion depuis une dizaine d'années. Un exercice professionnel qui s'inscrit dans une optique « santé publique ». « J'apprécie le fait de travailler grâce à des personnes bénévoles, pour améliorer l'état de santé de la population », explique-t-elle. Son poste, concernant le contrôle de la qualité des produits sanguins labiles (PSL), est comparable à n'importe quel autre poste « contrôle qualité » de l'industrie pharmaceutique. Enfin... presque ! En effet, le principe actif (à dix mille lieues des formules chimiques) n'est autre que l'hémoglobine et la matière première n'est pas mélangée pour en faire une production. Chaque unité (chaque don de sang) personnalisée peut donc être considérée comme un lot ! En pratique, un échantillonnage est effectué de manière aléatoire sur une année et doit correspondre aux critères de qualité spécifiques aux PSL. Les contrôles ne s'arrêtent pas au don lui-même, ils concernent aussi l'environnement (endroits où les produits sont fabriqués) et les poches. « C'est un métier très enrichissant car nous contribuons à la recherche et au développement des produits de transfusion », confie Françoise Donnadieu avec enthousiasme. Elle s'occupe parallèlement du suivi des donneurs, l'objectif étant de s'assurer que le don ne nuit pas à la personne. « Nous avons là un rôle important de santé publique à jouer, précise-t-elle. Nous dépistons souvent des personnes venant donner leur sang alors qu'elles sont elles-mêmes en anémie pouvant s'avérer très profonde ! » Forte de son expérience et notamment de son diplôme d'hygiène et d'épidémiologie hospitalière (dispensé par le CTS), Françoise Donnadieu donne aussi des cours dans le cadre de la formation continue du personnel travaillant dans le domaine de la transfusion.
Françoise Chevrolle, pharmacienne au siège de l'EFS (Paris), mi-conseillère médicotechnique, mi-conseillère « bonnes pratiques », assure le suivi des inspections menées par l'Afssaps sur tous les sites transfusionnels. « En relation directe avec les responsables qualité des centres, je les aide à préparer l'inspection. Si nécessaire, je n'hésite pas à me déplacer, explique-t-elle. Je reçois aussi tous les rapports d'inspection de façon à pouvoir trouver des solutions aux problèmes rencontrés. » Le plus souvent, il s'agit de locaux ou d'installations non conformes aux bonnes pratiques. Pour devancer certains dysfonctionnements, Françoise Chevrolle travaille aussi en amont en établissant des audits avant le passage des inspecteurs. « Sur place, les responsables qualité peuvent alors instaurer des mesures palliatives, telle la présence de lingettes dans les bureaux des médecins au lieu de l'existence d'un point d'eau dictée par les bonnes pratiques. » Le challenge étant d'obtenir une cohésion nationale avec des mesures correctives communes.
Disposant d'une solide expérience hospitalière et industrielle, cette pharmacienne au riche parcours n'occupe pas ses fonctions actuelles par hasard. Egalement ancienne pharmacienne inspectrice à la Direction de la pharmacie et du médicament, elle a rejoint le secteur transfusionnel en 1993 pour s'occuper du projet « Bonnes pratiques ». Une démarche qualité qui lui colle à la peau ! « Mais plutôt que de rester dans une perspective d'inspection pure, j'ai fait le choix de privilégier le contact avec les acteurs de terrain », confie-t-elle. La preuve : elle anime un groupe de travail « métrologie » (science de la mesure) chargé d'élaborer un guide de référence pour l'accréditation des laboratoires.
Du côté des formations
Indispensable pour exercer toute fonction à l'EFS en rapport avec la biologie des produits sanguins labiles : le DU de transfusion sanguine (250 heures sur une année) délivré par Paris-VI et organisé par l'Institut national de transfusion sanguine (INTS). La formation se déroule sur une année universitaire et est délivrée conjointement aux médecins et pharmaciens-biologistes.
- Les responsables d'assurance qualité doivent justifier du diplôme universitaire « Qualité et sécurité des produits sanguins » (Paris-V) ou d'une formation spécifique délivrée par l'INTS.
Renseignements : service formation de l'Institut national de transfusion sanguine au 01 44 49 30 23.
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