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[VIDÉO] Nouvelles missions officinales : « On ne veut pas créer des pharmacies à deux vitesses »
Les taux d’appropriation des missions par les pharmaciens restent partiels. Pour autant, l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) accélère la cadence. Lors d’un récent échange avec le conseiller santé du Premier ministre, les représentants syndicaux ont été invités à formuler des propositions concrètes de nouvelles missions pour « simplifier le parcours de soins », à l’image de celles déjà en place pour l’angine ou la cystite.
« Ce qui nous a surpris, c’est que la demande est venue de l’État lui-même. C’est généralement nous qui sollicitons les pouvoirs publics », rapporte Pierre-Olivier Variot. Résultat : une liste fournie, construite à partir de retours terrain et de protocoles déjà expérimentés localement.
Douleur dentaire, conjonctivite, herpès : des actes de premier recours à structurer
En tête de liste : la gestion de la douleur dentaire. « Aujourd’hui, certains protocoles existent à l’échelle locale. Ils doivent être harmonisés nationalement. Cela permettrait d’éviter qu’un patient reporte un rendez-vous ou multiplie les consultations, faute de solution immédiate. »
Le syndicat propose également de mieux encadrer les situations où la contraception d’urgence est utilisée de manière répétée. « Lorsqu’une femme vient chercher une pilule du lendemain et qu’elle l’a déjà utilisée comme moyen contraceptif, nous voulons pouvoir lui proposer une contraception orale de relais sur quelques mois, en attendant qu’elle consulte un médecin. »
Autres pathologies ciblées : les infections oculaires d’origine allergique ou bactérienne, l’herpès labial, ou encore la prise en charge post-piqûre de tique. « Dans certaines zones forestières, les tiques sont porteuses de la maladie de Lyme. Un protocole permettrait de retirer la tique et de mettre sous antibioprophylaxie si nécessaire. »
Enfin, les plaies et petits traumatismes bénins (entorses, écorchures, coupures) pourraient eux aussi faire l’objet d’un protocole officinal structuré, à l’image de celui testé dans le cadre du projet OSYS en Bretagne. « Aujourd’hui, on panse, on rassure, on oriente parfois vers SOS Mains. Mais ce rôle pourrait être reconnu, organisé et rémunéré. »
Nouvelles missions : de la prévention à la recherche en vie réelle
Au-delà de ces actes immédiats, l’USPO élargit sa vision stratégique. Le syndicat plaide pour que les officines participent au dépistage du cancer du col de l’utérus, sur le modèle de la distribution des kits de dépistage du cancer colorectal.
Autre chantier : les études en vie réelle. « Certains médicaments sont très coûteux et pas toujours bien utilisés. Nous pourrions participer à l’évaluation de leur efficacité dans la vraie vie, pour éclairer la décision publique. »
Enfin, le dépistage de l’hémoglobine glyquée chez les patients diabétiques, dans le cadre du renouvellement trimestriel, pourrait s’inscrire dans cette logique de prévention active. « Cela a du sens, d’autant plus dans les zones où le suivi médical est discontinu. »
Substitution nicotinique : des textes manquants
Autre mission attendue : la substitution des traitements nicotiniques. « Nous avons obtenu le principe, mais la mise en œuvre patine, car nous avons trois lois de financement de la Sécurité sociale de retard. L’expérimentation est prête, mais le cadre juridique n’est pas encore suffisamment défini. Il faudra sans doute un nouveau vecteur législatif. »
Selon Pierre-Olivier Variot, ce chantier est pourtant une « absolue nécessité ». « Le parcours de sevrage est connu, balisé, mais il faut que les pharmaciens soient autorisés à prescrire et à suivre ces traitements dans un cadre sécurisé. »
Des missions pour tous, mais adaptées aux réalités locales
Faut-il territorialiser les missions ? Pour le président de l’USPO, la réponse est nuancée. « Mon mandat, c’est que toutes les pharmacies puissent bénéficier des mêmes outils. Je donne une lame au couteau suisse à chacun. Libre à lui de s’en servir selon ses moyens, ses besoins, son territoire. »
Dans certains territoires, les priorités sont différentes. « Dans l’Allier, un titulaire m’a expliqué qu’il avait surtout besoin de mettre ses patients en relation avec un médecin, toujours le même, via la téléconsultation. Mais chaque consultation lui prend 30 minutes pour 1 euro de gain. Ce n’est pas soutenable économiquement. »
D’autres officines auront besoin de solutions mobiles pour la dispensation à domicile. « Ce ne sont pas des missions différentes. Ce sont les mêmes outils, mais déployés différemment selon les besoins. »
Rémunérations différenciées : pas via la convention
Quant à la possibilité de moduler les rémunérations selon les territoires, l’USPO n’y est pas opposée… à condition que cela n’entre pas dans le champ conventionnel. « Peut-être que des fonds des agences régionales de santé (ARS) pourraient venir compléter certaines actions locales. Mais la convention, elle, doit rester nationale. »
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