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[VIDÉO] Déprescription : moins de boîtes, plus de doutes

Publié le 25 avril 2025
Par Laurent Lefort
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Réduction des volumes prescrits, montée en charge du rôle clinique du pharmacien, injonction à la sobriété thérapeutique : la stratégie pilotée par l’Assurance maladie bouleverse les équilibres du système de soins.

Sous l’effet d’une pression budgétaire croissante, elle déploie une politique de déprescription à grande échelle, mobilisant aussi bien les médecins que les pharmaciens.
Prescriptions évitables, rationalisation des délivrances, optimisation des bilans médicamenteux, la nouvelle doctrine repose sur un mot d’ordre : moins de boîtes, pour plus d’efficience. Ce nouveau tournant n’est en soi pas contestable, ne serait-ce qu’au nom du bon usage du médicament et de l’impact environnemental des traitements. Pourtant, il place les pharmaciens face à un paradoxe. Comment s’inscrire dans cette dynamique sans refonte du cadre économique qui structure leur activité ?
L’Assurance maladie veut prescrire moins, très bien. Mais elle oublie pour l’instant de préciser comment elle va faire pour rémunérer autrement. Or, sur ce point, le consensus de la profession est clair : le pharmacien doit être rémunéré pour ce qu’il fait, pas uniquement pour ce qu’il délivre. Et puis le bon usage, ce n’est pas forcément tout le temps moins. C’est aussi savoir quand prescrire davantage. À charge pour le système de santé de donner les moyens d’évaluer, ajuster et suivre cette pertinence dans la durée. Bref, derrière les objectifs budgétaires et sanitaires, se dessine une réalité, celle d’un modèle économique officinal sommé de se réinventer. Sans garantie ferme de viabilité.

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