Un livre enquête sur la gestion accablante de la crise du Covid-19

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Un livre enquête sur la gestion accablante de la crise du Covid-19

Publié le 23 janvier 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Un livre choc "Les Juges et l'assassin", signé par Gérard Davet et Fabrice Lhomme, revient sur les manquements de l'État dans la gestion de la crise sanitaire du Covid-19, avec un accent particulier sur la gestion des masques.

Cinq ans après l’apparition du virus, l’ouvrage dénonce une série de failles profondes, notamment dans la gestion des stocks de masques et l’absence de réactivité des autorités.

Révélations sur les masques

Les deux journalistes d’investigation exposent, de manière détaillée, comment l’État a fait face à une pénurie de masques, bien avant la pandémie. Dès 2018, des rapports ont alerté les autorités françaises sur l’insuffisance des stocks de masques FFP2 et chirurgicaux, aussi bien pour la population que pour les soignants. Cependant, aucune mesure n’a été prise pour reconstituer ces stocks, malgré les avertissements répétés. Le livre souligne aussi l’incapacité des gouvernements successifs, à commencer par celui d’Édouard Philippe, de prendre les mesures nécessaires pour anticiper une crise sanitaire majeure.

Au début de l’épidémie, une minimisation du rôle crucial des masques a été opérée par des responsables politiques comme Sibeth Ndiaye, alors porte-parole du gouvernement. Cette attitude contrastait avec les documents en leur possession qui montraient clairement leur importance dans la lutte contre le virus. Les auteurs révèlent que, malgré des preuves évidentes, ces informations ont été ignorées, créant un chaos dans la gestion de la crise.

Le rôle des pharmaciens dans la gestion des masques

Cette gestion chaotique a eu un impact direct sur les pharmaciens, qui se sont retrouvés en première ligne pour distribuer des masques à la population. Le manque de réactivité des autorités sanitaires et la mauvaise organisation de la distribution des équipements de protection individuelle (EPI), notamment des masques, ont mis les pharmaciens dans une situation difficile. Non seulement ils étaient confrontés à une pénurie de masques, mais ils ont aussi dû faire face à une gestion bureaucratique désastreuse, sans informations claires sur la disponibilité des stocks.

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Des manquements à tous les niveaux

Les enquêtes menées par la Cour de Justice de la République (CJR) sur la gestion de la crise ont ciblé plusieurs ministres, dont Agnès Buzyn et Olivier Véran. Malgré les témoignages et les rapports sur les erreurs commises, aucun ministre n’a été mis en examen à ce jour. Le livre met également en lumière la manière dont le manque de préparation, couplé à une gestion budgétaire désastreuse et une sous-estimation de l’urgence sanitaire, a conduit à une pénurie de masques et à une crise de la santé publique sans précédent. L’Agence Santé publique France, pourtant responsable de la gestion de cette crise, est pointée du doigt pour son inefficacité à mettre en œuvre les recommandations des rapports existants, malgré des alertes répétées.

Les auteurs montrent aussi comment la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a tenté de tirer la sonnette d’alarme en vain, notamment en demandant l’annulation des élections municipales prévues en mars 2020, au moment où le virus commençait à se propager. Elle a également échangé des SMS avec Jérôme Salomon, le directeur général de la Santé, dans lesquels elle reconnaît sa méconnaissance des enjeux de la crise et demande des informations pour mieux se préparer à affronter la situation.

Une crise sanitaire exacerbée par la mauvaise gestion politique

L’enquête dévoile que des préoccupations politiques, comme la réforme des retraites ou les manifestations des « gilets jaunes », ont pris le dessus sur les alertes sanitaires. 

Au cœur de la crise, le manque de coordination entre les différents acteurs (ministères, administrations sanitaires, et gouvernements locaux) a également amplifié la pénurie de masques et la confusion générale. Cette situation a été exacerbée par une culture administrative de l’inaction, où les rapports et plans d’action pour prévenir une pandémie ont été ignorés, même après que les premiers signes de l’épidémie aient été identifiés.