Tiers payant contre biosimilaires : c’est pour bientôt ?

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Tiers payant contre biosimilaires : c’est pour bientôt ?

Publié le 18 juin 2025
Par Sana Guessous
Réserver le tiers payant aux seuls assurés acceptant la substitution d’un bioréférent par un biosimilaire : c’est le chantier auquel les syndicats officinaux veulent rapidement s’atteler. Un dossier qui comporte son lot de défis.

Le taux de pénétration des biosimilaires atteint 90 % à l’hôpital mais seulement 30 % en ville. « Ce chiffre augmenterait significativement grâce à la mise en place d’un tiers payant contre biosimilaires, une mesure que nous entendons défendre auprès de l’Assurance maladie », assure Julien Chauvin, président de la commission Études et stratégie économiques à la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) souhaite également voir aboutir cette mesure. « Nous en avons parlé au ministre de la Santé Yannick Neuder pour qui c’est une idée intéressante. Ça peut aller très vite. Nous pensons que ce dispositif pourrait figurer dans le prochain PLFSS », affirme Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO.

Aucune discussion n’a été engagée pour l’instant avec la Cnam. « Pour qu’un tel dispositif soit efficace, il faut y aller progressivement, s’assurer que le marché soit assez mature. Je rappelle que le tiers payant contre générique a été instauré en 2012 alors que le générique avait douze ou treize ans d’existence », explique Julien Chauvin.

Un gain potentiel immédiat pour les officinaux et de futures économies pour la Cnam

Le tiers payant contre biosimilaires, tout le monde y gagne, « à commencer par les pharmaciens, grâce aux conditions commerciales qui nous permettront de dégager davantage de marge sur ces médicaments », estime le pharmacien. Pour l’Assurance maladie, c’est un « pari pour l’avenir, car de très nombreux brevets de biosimilaires sont en attente d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Sur ces nouveautés, l’écart de prix entre le bioréférent et le biosimilaire est conséquent. La substitution de ces médicaments sera donc une manne financière pour la Cnam », assure le syndicaliste.

Des obstacles à lever

Mais les entraves à la mise en œuvre de ce dispositif sont nombreuses. « L’approvisionnement en biosimilaires doit être pérenne. Ce n’est pas le cas aujourd’hui pour certaines molécules en tension, ce qui impacte la continuité du traitement et peut provoquer le rejet des patients pour cette alternative », déplore Julien Chauvin. Pour Pierre-Olivier Variot, il est important que les pharmaciens disposent de plus de choix de biosimilaires : « Parfois, nous n’avons qu’un seul laboratoire pour substituer un médicament biologique de référence. Certains biosimilaires présentent aussi des volumes qui ne sont pas équivalents à ceux du bioréférent », explique le patron de l’USPO. C’est le cas du ranibizumab (Lucentis), traitement pour les pathologies de l’œil qui se présente sous forme de seringue préremplie alors que les biosimilaires sont contenus dans des flacons. « Le taux de substitution de ce traitement n’est pas bon parce que le médecin préfère prescrire le médicament de référence. Mais cela devrait changer prochainement. »

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Permettre aux pharmaciens d’acheter au prix fabricant

Pour Julien Chauvin, l’une des conditions cruciales pour le développement des biosimilaires est que les officinaux puissent commander l’ensemble des neuf molécules substituables auprès des grossistes-répartiteurs, « aux mêmes conditions que pour les génériques, c’est-à-dire au prix fabricant. C’est indispensable parce que ça a une incidence importante sur notre économie. Tout le travail qu’on fait aujourd’hui sur les biosimilaires est quasiment anéanti parce qu’on est obligés de les payer au prix grossiste, ce qui grève une grosse partie des remises. Nous avons tout cela à débroussailler bientôt. »