Réforme du 3ᵉ cycle : le ministère cafouille, le flou persiste

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Réforme du 3ᵉ cycle : le ministère cafouille, le flou persiste

Publié le 17 avril 2025
Par Christelle Pangrazzi
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Attendue de longue date, la réforme du 3e cycle des études de pharmacie connaît un nouveau coup d’arrêt.

Prévue mercredi 16 avril 2025, une réunion décisive avec la direction générale de l’Offre de soins (DGOS) a été annulée in extremis pour cause de vacances scolaires. Pendant ce temps, les incertitudes s’accumulent, notamment sur le statut des étudiants et les conditions de leur rémunération en officine. Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), alerte sur les incohérences du projet.

Une réforme sans pilote

« Apparemment, le ministère vient de découvrir qu’il y avait des vacances scolaires aujourd’hui », déplore Pierre-Olivier Variot. Alors qu’une rencontre avec la DGOS devait acter les avancées de la réforme du 3e cycle (R3C), celle-ci a été reportée au dernier moment. Malgré cette défection institutionnelle, les parties prenantes — étudiants, conférence des doyens, Ordre national des pharmaciens et syndicats — ont tout de même tenu une réunion. « Très objectivement, cette réforme ne sera pas prête pour le mois de septembre », tranche le président de l’USPO.

Un statut public, une rémunération privée : l’équation impossible

Parmi les principaux points de blocage figure la question du statut juridique de l’étudiant. « L’État veut que l’étudiant ait un statut de droit public, mais il demande en même temps que ce soit l’officine qui établisse la feuille de paie et rémunère l’étudiant. Je ne vois pas comment une structure privée peut assumer la rémunération d’un agent public. Ça ne va pas tout simplement être possible », affirme Pierre-Olivier Variot.

Des contraintes légales en contradiction avec le terrain

Autre incohérence soulevée : les règles encadrant les périodes de stage. « La loi interdit plus de six mois de stage dans une même officine pour un même cycle, et impose un délai de deux mois entre deux stages. Tout cela ne va pas dans le bon sens du point de vue des droits du travail. » Le président de l’USPO alerte sur le risque de requalification, avec à la clé des charges supplémentaires pour les officines : « Je ne veux pas emmener les pharmaciens dans un système qui pourrait se retourner contre eux. »

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Rémunération : toujours aucune visibilité

La question de la rémunération demeure elle aussi sans réponse. Aucun texte, aucun cadrage, aucune estimation des coûts n’ont été rendus publics. « Aujourd’hui, je ne peux pas vous en dire plus. Malheureusement, j’aurais bien aimé pouvoir annoncer des avancées concrètes, mais ce n’est pas possible », regrette Pierre-Olivier Variot.

Un calendrier irréaliste et une méthode défaillante

À cinq mois de la rentrée, la réforme est en panne. Les acteurs de terrain pointent l’incohérence du calendrier et l’impréparation de l’État. « Je ne veux pas que les pharmaciens se retrouvent embarqués dans un dispositif bancal, mal cadré et juridiquement fragile », insiste le président de l’USPO.

L’Association nationale des étudiants en pharmacie souhaite toutefois tempérer le propos estimant que le dossier, certes compliqué, avance. Selon son estimation, une application de la réforme pourrait avoir lieu d’ici la rentrée prochaine.