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Pénuries de médicaments : « A partir du moment où il y a un monopole, il n’y a pas de solution de rechange »
Le cabinet Verdier & Associés s’occupe, entre autres, de dossiers concernant les accidents médicaux ou médicamenteux. Suite à son intervention dans l’émission Complément d’enquête, intitulée « Pénuries de médicaments : à quoi jouent les labos ? » et diffusée sur France 2 le 9 septembre dernier, maître Martine Verdier, avocate revient sur le phénomène des ruptures de médicaments, qui suscite des inquiétudes grandissantes. Touché au même titre que d’autres professionnels de santé, le pharmacien a, selon elle, un rôle à jouer dans la transmission de l’information sur les conséquences liées aux pénuries de médicaments.
Pourquoi avez-vous été sollicitée pour vous exprimer dans l’émission « Pénuries de médicaments : à quoi jouent les labos ? » diffusée la semaine dernière sur France 2 ?
Martine Verdier : Sur la problématique des ruptures d’approvisionnement en médicaments, je suis actuellement en charge desdits « dossiers de Nantes ». Ce sont trois dossiers de 2016, où Melphalan, en pénurie, a été remplacé par Endoxan (cyclophosphamide), avec des conséquences graves. C’est dans ce cadre que je suis intervenue dans l’émission.
Pensez-vous que ce type de plaintes va se multiplier dans les mois ou années à venir ?
C’est sûr ! La pénurie des stocks sera le sujet de l’Agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM). Cette pénurie est une problématique de gestion de l’autorité de santé, qui a décidé de laisser la main au lobbying pharmaceutique. A partir du moment où il y a un monopole, il n’y a pas de solution de rechange. Pour Melphalan, il y avait un seul partenaire et il a fallu une crise de neuf mois pour que l’ANSM se décide à contracter avec un autre partenaire ! Le deuxième problème est celui de la politique du prix d’un médicament. Quand un laboratoire menace de plus le délivrer, cela crée inévitablement des tensions sur les prix.
Quelle est la solution pour remédier à ces pénuries ?
L’industrie pharmaceutique fonctionne avec des antennes étrangères et cela participe à la désorganisation de la chaîne. La problématique du dysfonctionnement – en Asie ou en Inde principalement – ne tient pas uniquement au fait qu’on fabrique à l’extérieur, mais aussi à l’éthique des dirigeants. On ne peut plus considérer que l’industrie pharmaceutique est un marché comme les autres. La solution serait d’éviter le monopole sur les produits de santé ! C’est un défi à mener d’abord à l’échelle européenne, puis mondiale.
Quels sont les leviers d’action d’un pharmacien quand des effets indésirables surgissent sur des médicaments équivalents à ceux en rupture ?
Aujourd’hui, les pénuries de médicament atteignent toutes les strates. A l’hôpital comme en ville. Nous savons que le système actuel de pharmacovigilance ne fonctionne pas. Notre agence de contrôle a conservé de vieilles habitudes. Il faudrait rénover complètement le système en place. D’ailleurs, j’invite tous les soignants et patients à signaler tout événement indésirable en lien avec des pénuries de médicaments sur le site signalement-sante.gouv.fr.
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